Depuis le 8 aout la durée de rétention est passée à 6 mois en Italie. Depuis le 8 aout, dans plusieurs centres de rétention les sans-papiers enfermés se battent pour retrouver la liberté : tentatives d’évasions collectives, émeutes, refus de réintégrer les cellules, grèves de la faim, incendie...
A l’extérieur, la solidarité et la lutte s’organisent également : rassemblements devant les centres, occupation des gestionnaire des centres (la Croix Rouge par exemple), récolte et diffusion de témoignages...
Voici le témoignage d’un prisonnier de Ponte gallerai, centre de rétention situé à Rome et géré par la Croix Rouge.
« Quand je suis arrivé ici, ils m’ont dit que je devais rester tranquille, qu’ici j’étais libre … J’ai vu la Croix-Rouge et j’ai dit : ” Un moindre mal, au moins je ne vois pas la police autour. ” pourtant je me suis trompé, je me suis beaucoup trompé à penser comme ça …
La Croix-Rouge m’a donné une paire de pantoufles, une paire de drap en papier comme ceux utilisés dans les trains, les jetables. Il m’a ouvert une porte et … des longues grilles, des grilles, longuse de quatre mètres de haut. Que des grilles. Vous voyez les zoos, comment les animaux sont divisés ? Une cage pour les Noirs, une cage pour les Arabes, une cage pour ceux du Bangladesh, une cage pour les Indiens, une cage pour les Européens … De loin, j’ai vu les soldats, et comme ils tournent autour les moyens qu’ils utilisent là-bas en Afghanistan - armés ! Tout à coup, je me suis rendu compte qu’on m’avait menti, que moi je n’étais pas libre : une personne bloquée dans une cage de 16 mètres sur 20 ne peut pas être libre, elle ne peut être libre !
Ici, il n’y a pas de vie, on ne peut pas vivre comme ça : on nous donne seulement de la nourriture pour nous maintenir en vie. Vous savez comment nous nous sentons, vous savez comment on se sent nous ? Comme des personnes séquestrées ! C’est une chose de l’entendre - vous voyez, j’en ai la chair de poule - et une autre chose de se retrouver ne serait ce que 5 minutes dans une cage … et non, 2 mois, 3 mois, 4 mois, 5 mois, 6 mois … et autour de nous patrouillent les militaires qui reviennent d’Afghanistan. Police municipale, police nationale, gardes des finances, gendarmerie, police de la circulation, militaires … on a tous les uniformes ici. Et en plus nous avons la Croix-Rouge : pour moi, le nom de la Croix-Rouge est souillé, déshonoré !, Parce que sous les uniformes de la Croix-Rouge se cachent les ex militaires. Et cela, je peux confirmer devant tout le monde, aussi devant le Président de la République.
Ici ce n’est pas comme était Guantanamo : c’est Guantanamo. C’est le Guantanamo de Monsieur Berlusconi, de Monsieur Bossi, de Monsieur Maroni, de monsieur Fini, de Monsieur Casini, et de Monsieur Calderoli. Nous voulons que nos voix soient entendues dans le monde entier comme elles se sont faites entendre pour Guantanamo. Transmettez les et nous vous en serons très reconnaissants : nos souffrances ici ne peuvent pas être décrites. On ne peut pas décrire, on ne peut pas décrire … »
Ponte Galeria, Rome, le 30 août 2009
macerie @ Agosto 31, 2009