Par Sébastien Fontenelle (source : http://www.bakchich.info/blogs/sebastien-fontenelle/les-compassions-de-bhl)
Bernard-Henri Lévy – le fameux french intellectual dont le monde nous envie les fulgurances - est parfois pris de furieuses envies de guerre (sans l’aimer).
Quand on y réfléchit trois secondes, c’est même assez fréquent : le gars ne reste jamais bien longtemps sans réclamer que des bombes soient lancées contre quelque indigénat (plus ou moins) reculé.
Bien évidemment : c’est pour la bonne cause.
Parce qu’il veut assumer – comme George W. Bush et Bernard Kouchner - sa « responsability to protect » (1).
Ces temps-ci, par exemple, ses appels à intervenir en Syrie sont dictés par de très nobles préoccupations, où se voit que nous sommes en présence d’un véritable humaniste : il s’agit, narre-t-il, de sauver une population martyrisée par un régime qui « contrevient, tous les jours, aux règles les plus élémentaires de la loi internationale » - et qui a, de surcroît, franchi « une ligne rouge » en utilisant des armes chimiques.
On lit ça, n’est-ce pas : on va pour battre des mains.
Mais d’abord : on vérifie s’il n’y aurait pas des fois, dans la proche proximité de la Syrie, d’autres populations soumises à d’insoutenables brutalités, et contre lesquelles un gouvernement affranchi des règles-les-plus-élémentaires-de-la-loi-internationale (RLPÉD2LI) userait lui aussi d’armes un peu interdites.
Et que découvre-t-on-ce, assez vitement ?
La Palestine.
Là, en trois semaines, l’armée israélienne a fait, entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009, plus de 1300 morts : essentiellement des civil(e)s – dont une considérable proportion d’enfants (1).
Par la suite, et après l’avoir nié : le gouvernement israélien – le même, qui depuis de très longues décennies s’essuie les brodequins sur les résolutions de l’ONU - a reconnu qu’il avait utilisé, dans sa courageuse offensive, des munitions au phosphore blanc.
Question : est-ce que Bernard Henri-Lévy a réagi ?
Réponse : absolument.
Mais cette fois-là : il a su dominer son offuscation.
Plutôt que de fustiger un quelconque mépris des RLPÉD2LI : il a redit qu’Israël était « la seule démocratie de la région ».
Plutôt que d’exiger l’arrêt d’« une hécatombe » : il s’est, dans un rare moment de retenue, « absten(u) de juger si les bombardements israéliens sur Gaza auraient pu être mieux ciblés, moins intenses » (2).
Et il a témoigné, pour la postérité, de ce que « Gaza-City » (où il avait pu faire une rapide incursion nocturne dans les bagages d’une « unité d’élite » de « Tsahal ») n’était « certainement pas rasée » - alors vas-y mollo sur l’empathie, siouplaît.
Les compassions de BHL continuent donc d’être d’une géométrie très variable : Tartuffe va bien, merci pour lui.
(1) N’en déplaise aux « Munichois ».
(2) Il est donc permis de supposer que si cette « opération » - comme on dit pudiquement - avait duré aussi longtemps que celles de l’armée syrienne qui fâchent si fort (et si justement) BHL, elle aurait fait plusieurs dizaines de milliers de morts : c’est beaucoup.
(3) Mais tout de même : il a très gentiment expliqué que les soldats de l’État hébreu étaient mus, au combat, par un constant souci d’« évitement » des civil(e)s.
Les commentaires sont modérés avant d’être visibles et n’apparaissent pas directement après les avoir proposés.
Les objectifs de commentaires sont :
compléter l’information donnée dans la contribution
apporter un argument ou contre-argument à la contribution
apporter une interrogation ou un questionnement par rapport au sujet de la contribution.
Tout commentaire ne répondant pas à un de ces trois objectifs, ou étant contraire aux précédents points de la charte sera supprimé définitivement du site.