Dans un contexte de grève de la faim de 1500 prisonnierEs "politiques" allant parfois jusqu’à se coudre la bouche pour appeler à un dialogue avec le gouvernement alors en pourparlers avec les FARC à la Havane, les situations de judiciarisation, de torture et de disparition fleurissent en Colombie. Incarcération à perpétuité de centaines d’IndienNes en lutte pour la libération des terres dans le Cauca... Assassinats de membres de mouvements sociaux, de leaders indiens, de journalistes indépendantEs... Mais aussi la sortie de prison de chefs paramilitaires ayant massacré des milliers de personnes... Tout cela pose la question de la sécurité de chacunE dans une Colombie mise à sac par les multinationales extractivistes.
Le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques dénonce la mort d’Adriana Bernal, détenue à la prison de Jamundi, alors qu’elle était soumise à des actes de torture de la part du corps pénitentiaire (INPEC).
Les faits :
1. Adriana Bernal, recluse dans le patio 1-A de haute-sécurité du complexe pénitentiaire de Jamundi (COJAM), était constamment soumise à un traitement psychiatrique sur ordonnance.
2. Le mardi 13 octobre 2015, Adriana Bernal, et deux autres prisonnières, Jenny Rojas et Xiomara Sotelo, mirent le feu à des matelas situés à côté du poste de garde afin de provoquer leur transfèrement.
Ainsi, Jenny Rojas et Xiomara Sotelo furent emmenées dans des cellules de l’unité spéciale de traitement (UTE) tandis qu’Adriana Bernal fut vue avec la cheffe des gardiens Diana Cardona traversant les édifices de la prison.
3. Aux environs de 17h, Adriana Bernal fut emmenée à l’unité spéciale de traitement (UTE).
Mais à la différence de Jenny Rojas et Xiomara Sotelo, Adriana Bernal ne fut pas enfermée dans une cellule mais dans un lieu connu sous le nom de "la cage" ou "la niche"
qui consiste, dans le style des camps de concentration en un enfermement avec des fils de barbelés à l’air libre.
Il aurait été conçu pour que les prisonnières aient une heure de soleil à l’extérieur chaque jour.
Dans la "niche", il est impossible de se protéger ni du soleil ni de la pluie.Retour ligne automatique
La "niche" est indiscutablement un lieu de torture physique et mentale utilisé à des fins de contrôle et de châtiment par la pénitentiaire contre la population carcérale.
4. Alors enfermée dans la "niche", Adriana Bernal dut supporter la non clémence du climat très dur cette nuit-là, puisqu’il y eut une pluie torrentielle durant plusieurs heures.
Le vent accompagnant la forte pluie constante fit chuter de manière drastique la température.
Vers minuit, les prisonnières de l’UTE, depuis leurs cellules se rendirent compte du danger imminent pour Adriana et l’appelèrent sans obtenir de réponse de sa part. Adriana était alors à terre en position foetale.
5. Les prisonnières de l’UTE, désespérées, firent alors du chahut pour appeler les gardiens qui, comme elle ne répondait pas non plus à leurs appels, durent vérifier son état dans la "niche". Ils revinrent avec un médecin du nom de Tafur qui acta son décès, Adriana Bernal ne donnant plus aucun signe de vie.
Après une heure environ, sept gardiens arrivèrent pour prendre des photos et enlever le corps.
6. Certaines prisonnières disent avoir entendu le médecin Tafur mentionner une hypothermie comme étant la cause probable de la mort d’Adriana Bernal, du fait d’avoir été exposée à une forte chute de température suite à une intempérie.
Pourtant, certaines des prisonnières nous ont rapporté que les gardiens parlèrent de suicide par pendaison.
C’est pourquoi la Fondation de solidarité avec les prisonnierEs politiques sollicite le procureur général pour que soit initiée une enquête pénale permettant un éclaircissement des faits, et ainsi visibiliser la situation.
7. La Fondation rappelle qu’il est nécessaire de dénoncer les traitements cruels et inhumains que la pénitentiaire (INPEC) inflige aux hommes et femmes privéEs de liberté.
On a enfermé Adriana Bernal dans la "niche" non pas pour qu’elle bénéficie d’une heure de soleil mais pour la punir plus sévèrement encore que les autres prisonnières, lui infliger des douleurs physiques et mentales, et la contrôler. Il s’agit ici de torture à l’encontre de son corps et de son psychisme comme acte de vengeance institutionnelle.
AUTRE CAS DE TORTURE
La fondation a reçu une dénonciation révélant d’autres preuves de pratiques de torture et de châtiments injustifiables commis par la garde du complexe pénitentiaire de Jamundi (COJAM) à l’encontre d’une prisonnière.
Il s’agit de Yurani Bejarano, recluse dans le patio 2A de moyenne-sécurité.
Pour obtenir des remises de peine, elle travaille en tant que gamelleuse dans son patio (elle répartit l’alimentation).
Yurani Bejarano, du fait de son travail, se doit d’être à l’heure pour effectuer ses tâches. Mais à l’heure habituelle d’ouverture des grilles, il y eut du retard.
Yurani Bejarano, fit une réflexion sur le mode humoristique à la gardienne Hasbleidy : "alors ? on était collée aux couvertures ?"... raison suffisante pour faire entrer la gardienne Hasbleidy dans une colère noire, qui décida de ne pas laisser Yurani Bejarano prendre son poste.
Elle lui aspergea le visage de gaz lacrymogène poivré et après l’avoir conduite dans les installations du rez-de-chaussée du patio, lui menotta les deux mains à 20 cm au-dessus de la tête. Yurina Bejarano dut rester dans cette position un temps indéterminé.
Pour la fondation, ce châtiment injustifiable constitue un acte de torture à des fins de vengeance.
La gardienne Hasbleidy au regard de la faute commise aurait dû recourir aux procédures ordinaires pour solliciter une enquête et non agir de la sorte soit imposer spontanément ce châtiment.
EXIGENCES
La fondation exige que la pénitentiaire (INPEC) démonte les pratiques de torture de ses centres pénitentiaires et en particulier que la direction du centre pénitentiaire de Jamundi (COJAM) détruise les dites "niches" ou "cages" de châtiment et exige différentes procédures judiciaires ou légales sur ces cas-là...
Santiago de Cali - 15 octobre 2015 (traduction du texte du Comité)
Pour plus d’infos sur la Colombie.
Pour celles et ceux qui parlent espagnol, un docu sur la prison Modelo de Bogotá.
Contact : paila@riseup.net.
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