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Pourquoi en tant que blanche, je participe à la Marche de la dignité
envoyé le 30/10/15 Mots-clés  luttes féministes   luttes sociales  

Le 31 octobre prochain, la MAFED, collectif de femmes « racisées », [1] , organise une marche pour la dignité. Pas pour la réclamer, non : pour l’affirmer. Les racisé-es sont déjà dignes, ils n’ont pas à attendre qu’on la leur octroie. Ils, hommes et femmes, le sont, ils le disent, ils vont marcher pour l’affirmer. Ils vont marcher pour exiger l’égalité concrète et la justice. Vingt ans après la Marche pour l’égalité de 1983, 10 ans après la mort de Zyed Bena et Bouna Traore, énièmes victimes de la police, il est temps.

Je marcherai, moi aussi, le 31 octobre prochain, de Barbes à Bastille. Je marcherai, mais pas devant, pas entre deux camions sono-merguez, trois drapeaux rouges et des centaines de moustachus, pas cette fois. Je marcherai, mais derrière. Derrière les familles des victimes des crimes policiers, derrière les femmes « racisées », à l’initiative de ce mouvement, derrière les organisations issues de l’immigration, derrière celles représentant les quartiers populaires en lutte. Je marcherai, mais à ma juste place, avec la foule d’anonymes, ceux, trop nombreux, qui expérimentent, dans la douleur, les nombreux et tragiques effets du système racial en France et aussi ceux qui en reconnaissent l’existence et donc admettent la nécessité, l’urgence de le combattre.

Pourquoi vais-je marcher le 31, avec ma peau diaphane et mon patronyme de souche ? Pourquoi ai-je hâte d’aller me geler les miches de Barbès à Bastille, un samedi d’octobre ?

Parce que la parole des non-blanc(s)-hes est confisquée, étouffée [2] Qui parle d’elles et d’eux ? Qui filme les reportages sur les « jeunes de banlieue » ? Qui, d’ailleurs à inventé cette catégorie ? Qui produit les politiques racistes et discriminantes qui les répriment ? Qui débat au Parlement de l’opportunité d’exclure des jeunes filles à cause de leur voile du système scolaire ? Qui, d’ailleurs, construit les programmes, vote les lois ? Qui donne cours dans les amphis, qui est en salle des profs, dans les ministères ? Qui apparait sur les affiches publicitaires, dans les devantures des librairies, les plateaux tv, les rédactions ? Qui compose le CAC 40 ? Qui parle dans « touche pas à mon pote » ? Pas eux, non. Nous. Nous, les blancs.

"Nous sommes les blancs..."

Il est temps pour nous de cesser de froncer les sourcils lorsque nous entendons ce terme. D’arrêter de balayer d’un revers de la main les arguments visant à démontrer la pertinence de l’usage de ce mot-là, les blancs, comme groupe social. Dans un système racial discriminant, qui réprime, violente et assassine les personnes « racisées », nous devons impérativement regarder les choses en face. Nous sommes les blancs. Nous sommes la couleur des collants « chair » et celle du fond de teint « naturel ». Notre race sociale existe bel et bien, puisque ceux qui n’y appartiennent pas en souffrent, en meurent, doivent faire face à des oppressions systémiques et des difficultés d’accès à tous les domaines de la vie sociale, économique, politique, à la vie tout court même, dans le cas des victimes des crimes policiers. On parle ici aussi d’emploi, de logement décent, d’accès à la prise de parole, au pouvoir médiatique, politique, économique.

Aucun policier ne nous assassinera uniquement parce que l’on est blanc, personne ne nous refusera un emploi ou un logement uniquement sur la base de notre appartenance raciale blanche – réelle ou supposée. Nous appartenons ainsi, de fait, à ce que l’on peut appeler le groupe dominant, celui qui bénéficie de tous les privilèges, quand bien même individuellement nous nous y refuserions. Les structures sociales nous dépassent mais pour les combattre, pour les mettre à terre, il faut les comprendre et analyser notre propre position dans les rapports de domination. En attendant, concrètement, nous sommes les blancs. Nous devons nous penser enfin comme tels et agir dans ce cadre.
Globalement, se reconnaitre blanc, admettre l’existence et la permanence du système racial français, tenter d’en comprendre les origines (coloniales notamment) mais surtout les effets, relève du devoir. Devenons des traitres. Dénonçons. Refusons, par tous les moyens à notre disposition, de participer à la reproduction de ce système. Nous n’y parviendrons qu’en redonnant la parole et la place aux « racisé-es », en accordant foi et soutien à leurs témoignages, actions et expériences autonomes. Nous devons nous taire pour leur faire enfin place. Marcher derrière, pour une fois (la première d’une longue série) mais marcher avec. Proposer un soutien, pas noyauter un mouvement, pas prendre des décisions à leur place. Les mouvements autonomes « racisés » ne nous excluent pas, ils nous interpellent. Nous pouvons et nous devons y participer. A notre juste place.

Venez, les blancs, on vous attend.

[1] Le terme racisé fait débat. Ici, et dans l’attente d’un travail collectif plus dense qui sera bientôt publié sur contre-attaques, il est utilisé pour désigner à la fois l’ensemble des personnes qui sont désignées comme non-blancs, contre leur gré mais aussi comme une possible composante revendiquée de l’identité des personnes non-blanches.

[2] Il peut sembler contradictoire que je dise « taisons-nous » tout en prenant la parole sur le sujet. Il s’agit en fait d’une demande du comité de rédaction du site.

Roxane, Professeure et travailleuse sociale


envoyé le 30 octobre 2015 Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
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