Vendredi 4 mai 2007 vers 15h00, le CSP 59 ainsi que des sans papiers et de nombreux soutiens, hommes, femmes et enfants - soit environ 300 personnes - ont occupé la Faculté des Sciences Juridiques Politiques et Sociales (Université Lille 2) Place Déliot en organisant une assemblée générale dans un amphithéâtre.
Ce programme d’occupation révèle l’intention d’interpeller les citoyens français, et plus particulièrement les enseignants et étudiants de cet établissement (qui feront appliquer le droit dans les années à venir), afin qu’ils se prononcent sur les lois racistes dites lois Ceseda (code sur l’entrée et le séjour des étrangers et sur le droit d’asile) ainsi que sur les demandes de régularisation des sans papiers résidant et travaillant en France, comme a pu le faire l’Espagne pour au moins 600.000 clandestins, sans que cela ne déclenche de vagues d’immigration massive par la suite.
D’autre part, concernant l’annonce faite de la création d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale, les occupants attirent l’attention sur la question suivante : « Qui menace l’identité nationale » dans une France multiculturelle et multiraciale ?
Cette occupation est la troisième de ce type à l’université depuis les onze années de travail du CSP 59. Les années antérieures, les étudiants et la présidente de l’époque avaient pris position en faveur des revendications des sans papiers alors que cette année la doyenne de l’établissement a ordonné l’évacuation de l’amphithéâtre occupé en évoquant l’état « d’insalubrité » que produisait la présence des sans papiers au sein de son établissement, empêchant aussi la présence de journalistes sur les lieux en appliquant un filtrage systématique aux entrées de la faculté, soutenu par une présence forte de policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) et d’un contrôle total des abords de l’établissement par de nombreux CRS.
Selon l’un des portes paroles du CSP 59, le modèle capitaliste occidental est responsable de la destruction des systèmes économiques dans les pays d’origine des sans papiers et génère aussi le chômage de masse en France. Alors que dans les pays d’Afrique les populations connaissent de véritables politiques répressives, en France lorsque les citoyens sont en face des sans papiers, la première question qu’ils devraient se poser concerne l’idéologie qui sous-tend les politiques de régression sociale et entraîne les gens à quitter leur pays.
L’immigration choisie se trouve être une politique proche des méthodes esclavagistes, dans le sens où l’on sélectionnait les personnes aptes pour le travail, en organisant des zones économiques à l’occident et en contraignant les autres au dessert économique.
Après l’occupation vers 18h00 nous rencontrons Roland Fodé Diagne, porte parole du CSP 59, alors en tête du cortège des sans papiers dans une ambiance animée, le long du parc Jean Lebas en direction de la préfecture de Lille.
Cet enregistrement comporte différentes interviews : des enfants et un étudiant interrogés vers 16h00 au croisement du Boulevard d’Alsace et de la rue Fénelon, face au cordon de CRS bloquant cette rue.
Points abordés :
— Une occupation pour interpeller Mr Sarkozy sur sa campagne anti-républicaine, pour dénoncer l’exploitation des sans-papiers et occuper la maison du droit pour dire que « La France doit rester un état de droit »
— L’attitude de la doyenne de la Faculté de Lille II « Une doyenne en dessous de tout ! », employant le terme d’ « insalubrité » à l’encontre d’êtres humains
— Régressions et menaces sur le droit des sans papiers
— Les propos d’un étudiant : « une manœuvre pour peser sur l’électorat », une « prise d’otage »
— Conscience citoyenne et soutient étudiant
— « Une conception régressive du droit »
— Le droit d’asile, une valeur fondamentale et historique de la démocratie : « affirmer un droit intangible »
— « L’immigration est fondamentalement due à l’exploitation, à la dictature et à la guerre »
— « Des migrants écrasés dans une France en état de siège »
— Détermination : « Nous ne retournerons pas dans l’ombre »
— Utilisation de la peur : « Reprendre la rue avec fermeté »
— Fascisme et droite dure
— « Défendre les droits démocratiques, le code du travail, les principes et valeurs de la république »
Source : Passerellesud.org