Syriens de Calais : où en est-on ?

Du site "Vibrations migratoires" : https://vibrations0migratoires.wordpress.com/2013/10/06/syriens-de-calais-ou-en-est-on/

La journée de vendredi a été fertile en événements et en échos médiatiques. Échos qui, lorsque les médias n’étaient pas présents, ont pu prendre une couleur totalement fantaisiste, à l’image des multiples rumeurs que le préfet de Calais a fait courir tout au long de cette journée.

Reprenons donc son déroulement. Le groupe d’une soixantaine d’exilés syriens termine sa deuxième nuit sur la passerelle de l’entrée piétonne du port. Des militants associatifs sont présents. La rumeur a couru la veille que la police allait intervenir pour les expulser.

Au lever du jour, les CRS se déploient effectivement. Ils se retrouvent face à une cinquantaine d’homme jeunes et vigoureux qui refusent de partir, deux Syriens montent sur le toit et menacent de sauter si la police continue à avancer. Un officier vient discuter et les CRS reculent, on passe de la confrontation à la discussion.

Les demandes des Syriens sont toujours :

  • dénoncer la manière indigne dont ils sont traités à Calais ;
  • demander aux autorités françaises de relayer leur demande d’être accueillis au Royaume-uni ;
  • rencontrer les autorités britanniques pour leur demander d’avoir accès au Royaume-uni pour y demander l’asile.

Pour la première fois depuis la fermeture du centre de Sangatte il y a plus de 10 ans, une manifestation a réussi à arrêter une expulsion et à imposer aux autorités françaises et britanniques de venir à la table de négociation. Le sous-préfet de Calais est arrivé rapidement sur les lieux, suivi par le préfet du Pas-de-Calais, qui s’est entretenu avec les exilés syriens. Suite à quoi, il a pris contact avec les autorités britanniques, et des représentants de la UK Border Force sont à leur tour venus rencontrer des délégués des exilés et des associations.

Quel a été le résultat de ces discussions ?

Par rapport à leur première demande, dénoncer la manière indigne dont les exilés sont traités à Calais, les Syriens ont été écoutés par les autorités françaises et britanniques, et ont pu s’entretenir avec de nombreux médias. De là à faire changer la situation concrète, il reste du chemin à faire.

Par rapport à la seconde demande, le préfet du Pas-de-Calais a effectivement contacté les autorités britanniques qui sont venues rencontrer les manifestants.

Concrètement, quelles ont été les propositions des autorités françaises et britanniques ? C’est là que les écarts ont été les plus grands entre les attentes des exilés et les réponses qui leur ont été faites, mais aussi entre les propositions réelles et les rumeurs que le préfet a fait courir aux médias et que certains ont repris sans aucune vérification. On a ainsi pu voir des titres sur la régularisation des Syriens par la France, et sur l’étude au cas par cas de leur demande par le Royaume-uni. On est en fait loin du compte.

Pour la France, la proposition est que les personnes qui souhaitent demander l’asile soient hébergées dès la vendredi soir et puissent enregistrer leur demande dès lundi à Arras, et que leur demande sera traitée rapidement. En fait, c’est la stricte application de la loi, qui veut que les demandeurs d’asile puissent déposer leur demande sans délais excessif et soient hébergés. L’État français ne respecte d’habitude pas la loi, il ferait une exception pour eux. Et rien n’est pour l’accompagnement de ces demandeurs d’asile, qui auront trois semaines pour rédiger leur dossier en français, langue qu’aucun ne connait, et auront à faire différentes démarches administratives pour accéder à leurs différents droits (couverture sociale, allocation temporaire d’attente).

Pour le Royaume-uni, ça a été le rappel des règles en vigueur pour le regroupement familial, dans le cadre ou non d’une demande d’asile, sachant qu’il est milité à la définition la plus stricte de la famille, époux et ascendants et descendants directs.

Sept personnes semble-t-il ont accepté la proposition d’hébergement à Arras. Nous verrons demain si elles demandent l’asile ou reviennent à Calais. Les autres ont levé l’occupation et sont allés installer des tentes à proximité du lieu aménagé pour la distribution des repas.

Des journalistes continuent à passer. Les choses semblent être revenues à la situation de départ, mais donc le problème reste entier.


publié le 6 octobre 2013

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