La location d’un espace calaisien une fois (mal) médiatisée avant l’emménagement a provoqué une petite tempête médiatique. De la discussion n’émerge pas l’ouverture des frontières, ni la liberté de circulation.
Le hangar serait un hangar humanitaire. Comme d’habitude, les motivations politiques sont effacées.
Mais tout le petit monde des amis et des ennemis y pense.
« C’Sur (qui regroupe plusieurs associations dont le Secours catholique) va écouter et voir "ce que les No border ont à dire" » selon l’abbé Boutoille.
Il reproche qu’on ait loué avant eux et sans les avertir un local destiné aux vestiaires, qui pourtant selon le propriétaire n’était pas loué avant juin.
« Le problème de l’hébergement des migrants ne date pas d’hier. Une réflexion avait déjà été engagée surtout pour accueillir une population fragilisée. »
S’ajoute à cette envie d’héberger qui s’était déjà manifestée (BCMO, Bailleul, et accueil de jour du secours catholique), la peur parallèle des réactions de la maire de Calais. Le bâtiment grand froid ne serait qu’une tolérance de sa part. En fait, le bâtiment grand froid appartient au conseil régional qui n’est pas dirigé par l’UMP.
Mme Bouchart est intolérante envers les étrangers et les militants anti capitalistes. On ne va pas lui demander son avis sur l’installation de personnes dans la ville. Moi je n’ai pas envie qu’elle habite mon quartier et pourtant elle y habite. Dans une très belle maison dont le paiement provient entr’autre des sous des pauvres calaisiens.
Jean-Pierre Leclercq : « Nous avons une réunion ce vendredi soir, après le conseil des migrants. Je ne sais pas ce qu’ils attendent de nous(les No-Border), ce qu’ils proposent... Est-ce que nous avons les moyens d’aider ? On verra . »
Jean-claude lenoir : « Faire sa publicité avec de tels coups, ce n’est pas forcément ma tasse de thé », dénonce le vice-président de Salam , avant d’ajouter « Si c’est un local technique, pourquoi pas. Tout ce qui est fait pour améliorer le quotidien des migrants ne peut être que positif. Mais le sujet est suffisamment sensible et politique pour avancer à petits pas. Nous, on se limite modestement à faire ce que l’on sait faire, distribuer des repas et des vêtements, apporter une aide administrative pour les demandes d’asile... »
Les associations semblent avoir bien conscience de l’opportunité d’un lieu libre de l’emprise Bouchart et de l’Etat... Mais chut, il ne faut pas l’ébruiter.
Pierre Henry, directeur de France Terre d’Asile et son accompagnateur UMP (Etienne Pinte) qui s’est réjoui d’avoir lancé l’idée de raser la jungle, étaient présents sur Calais le 28 janvier. Ils ont visité les squats.
Ce qui a débouché cette nuit du 29 et du 30, à l’arrestation de tous les présents, dans les squats égyptiens et africains (où tout a été ramassé dans ce dernier). Nous n’avons pas encore de nouvelles pour les autres squats comme ceux de la jungle.
Pierre Henry ne veut pas du tout d’un projet sans concertation avec un Etat Sarkoziste qu’il dénonce pourtant sur son site.
« Toute action menée envers les migrants doit être menée de concert avec les autres associations et les autorités. Sinon elle est vouée à l’échec. Toute initiative d’accueil des sans-abri qui n’est pas concertée conduit inévitablement au conflit. J’avoue que je ne saisis pas le sens de cette action. »
Pierre devrait choisir un peu mieux ses interlocuteurs, pas ceux qui détruisent des abris et harcèlent des réfugiés politiques.
« Je suis choquée. Voir des gens extérieurs à Calais venir semer le trouble au coeur d’un quartier sans prendre en compte la population calaisienne est scandaleux. Nous avons construit patiemment et difficilement un dialogue avec les associations qui oeuvrent sur le terrain. Et nous avions obtenu des accords : le point repas, le plan grand froid, les douches,... C’est de la provocation d’un groupe qui ne cherche que la publicité. »
Mme Bouchart qui "offre" un abri pour les humanitaires et du vent, du froid et de la pluie pour les réfugiés.
Mme Bouchart qui s’arrange pour retirer la surveillance des douches, ce qui a amené l’incendie criminel.
Mme Bouchart qui a jeté dehors au début de l’hiver, 300 personnes, femmes et enfants compris...
On comprend que ce soit très difficile pour les associations de dialoguer avec l’initiatrice de tout ce qu’ils réprouvent.
Natacha Bouchart veut lâcher les dogs qui volent des tentes, pourchassent, matraquent, brûlent
La maire compte interpeller les services (sévices ?) de l’Etat.
« Des recherches juridiques sont en cours. Et je ne lâcherai rien. Ces gens-là marchent sur les pieds et le ventre des Calaisiens. »
Oui vous avez bien lu : nous marchons sur les pieds et le ventre des calaisiens !!!
Quelle peine risquons-nous pour marcher sur des ventres et des pieds de calaisiens ?
« Il s’agit de provocateurs qui sont là pour faire leur pub et mettre en péril le travail qui est réalisé depuis 18 mois avec les associations locales. [...] »
Rappel : depuis 18 mois, fermeture du squat Pagniez de 300 personnes, destruction complète de la jungle 800 personnes, destruction du squat du port, destruction du squat des érythréens, 4 tentatives d’expulsion collective dont deux réussies grâce au contournement de la loi.
Oui, ce travail, nous voulons le mettre en péril.
Philippe Blet, premier adjoint de Mme Bouchart, ex socialiste, ne veut surtout pas que l’on fasse de la politique. Mais sa bouche est pleine du fameux "Tous Ensemble".
Tous ensemble avec qui ? Et pourquoi ?
« [...] Il y a un conseil des migrants. On doit être tous ensemble autour d’une même table, travailler ensemble pour que le maximum de choses soient faites. Il est nécessaire de travailler en commun sur la question humanitaire. Venir faire des coups, ce n’est pas efficace. »
M. Blet trouve que nous n’avons pas des tronches de calaisiens. Il nous accuse de ne jamais être sur le terrain.
Il n’a qu’à consulter nos sites pour savoir que nous y sommes même en dehors des heures de repas, à surveiller les squats et à héberger. Tandis que lui, que fait-il ?
Il remercie les calaisiens d’être si patients avec les questions des flux migratoires.
Ah bon ? Je ne crois pas que les calaisiens apprécient que la police vole et détruise des abris en plein hiver.
Le sous-préfet Gavory, pas encore totalement modernisé, va faire appel à sa milice armée
« Il semble que le propriétaire du bâtiment, un vieux monsieur, ait été abusé. Je ne connais pas les intentions exactes de cette association mais si l’idée lui prend de vouloir héberger des migrants, l’Etat ne laissera pas faire. La ligne du gouvernement est de s’opposer à toute création de structure pérenne pour accueillir les migrants. De plus, ce local n’est pas adapté pour loger des personnes ».
Le vieux monsieur n’a pas été plus abusé que les Sea France et autres propriétaires privés qui ont été harcelés par ce sous-préfet pour accepter la destruction des abris sur des terrains qu’ils n’utilisaient pas.
La ligne du mouvement politique No Border n’est pas d’héberger mais de militer contre les frontières. Nous avons loué ce local pour en disposer comme bon nous semble.
M. Gavory a oublié simplement que nous sommes en France en 2010 et pas en 1943.
Même s’il restera dans la mémoire historique comme le sous-préfet de la chasse à l’homme et de l’expulsion massive de réfugiés.
Un représentant de cet Etat qui ne représente que la partie raciste et fasciste de notre pays, ne nous représente pas.
Les différents propos entre guillemets sont issus des journaux locaux, Nord Littoral, Voix du Nord, du 29 janvier 2010, et réalisés par les journalistes, Laurent Renaut, E. D, T. S-M
zetkin, 30 janvier 2010