Annoncée dans un article microscopique de la Voix du Nord daté du 17 décembre dernier, la venue de N.Sarkozy pour "une cérémonie décentralisée des voeux aux représentants des corps constitués et de la fonction publique" à Lille est désormais imminente. Le roi a été prévu dés 9h demain matin, arrivant en TGV à Lille Flandres.
Après avoir cassé les régimes spéciaux, le monarque vient donc présenter ses voeux à ceux qu’il a précarisé. Dés lors, la ville sera en état de siège, investie par les milices du royaume. Les rues bloquées sont déjà annoncées dans la presse :
Interdiction de stationner dans les voies suivantes de 00h à 15h :
- boulevard de la Liberté,
- rue Jean sans Peur,
- rue Jacquemarts Giélée,
- rue Gauthier de Châtillon,
- rue de Valmy,
- rue Léon Gambetta,
- rue Inkermann,
- rue Nicolas Leblanc
- rue Arnould de Vuez
- place Richebé
Interdiction de stationner dans les voies suivantes de 7h à 9h :
- boulevard de Leeds
Interdiction de stationner dans les voies suivantes de 7h à 14h :
- place Saint Hubert
Interdiction de stationner dans les voies suivantes de 8h à 13h :
- rue du Molinel
- place de la Gare
- place des Buisses
- rue JB Monnoyer
- rue Jeanne Mayotte
- boulevard de la Liberté
- boulevard du Docteur Calmette
- boulevard Louis XIV
- boulevard de président Hoover
- boulevard des Cités Unies
Transports en commun
La station République ne sera pas désservie et les 3 accès à la station de métro République seront fermés de 8h à 13h.
La station de métro Lille Flandres sera également fermée de 8h30 à 9h15 et de 12h à 13h15.
Aucun bus Transpole ne circulera boulevard de la Liberté de 8h00 à 13h00. Les différents arrêts de bus ne seront pas désservis. Des déviations seront mises en place. Le parking souterrain République sera également fermé aux usagers de 8h00 à 13h00.
C’est donc tout le centre ville qui sera bloqué pour accueillir ce nouveau tsar qui porte la polémique comme il porte son costard. Le contact avec le peuple, cet homme là ne connait pas. Quel est l’intérêt de venir en train si toute présence à ses abords est proscrite ? Est-ce la SNCF qui finance son escapade lilloise ? Nous aurons donc le plaisir de voir se déployer sur nos espaces publics les casques bleus de la garde mobile et les miliciens de la BAC, pour protéger le tyran de son peuple ingrat qui lui souhaite injustement du mal. Aurons-nous le droit d’apercevoir son rictus si familier sur des écrans géants ? Aura-t-il prévu de réquisitionner ses fans afin qu’ils hurlent "Sarko on t’aime" le long des avenues ? Ou aurons-nous l’impertinence d’aller en nombre nous ajouter aux badauds pour lui gueuler notre colère et gâcher ses effets médiatiques ?
Lui qui note ses ministres sur la menée à bien de mesures impopulaires, lui qui se montre partout sur nos écrans pour nous faire oublier qu’il n’est pas seul en politique, lui enfin qui détruit consciencieusement ce que l’esprit des Lumières et le peuple ont su mettre en place depuis plus d’un siècle, ce lui, ce moi omniprésent qui transforme la démocratie en dictature individualiste, ce trublion, cet insolent mysanthrope vient demain obscurcir la ville de sa présence nauséabonde. Alors on se dit que, peut-être, nous serons suffisament pour le mettre en danger, pour qu’il hésite à remettre les pieds dans ce Nord Pas-de-Calais que lui et ses amis libéraux ont livrés depuis 30 ans à la récession, au chômage et au desespoir ! On se dit que la révolte renait et qu’elle se montrera demain sous son plus beau jour, dynamique et revendicatrice. Oui, on y croit encore. On y croit, parce qu’on refuse de croire que les boniments néfastes de ce petit noeud de haine sont suffisants pour corrompre définitivement l’esprit d’un peuple et ses désirs de liberté.
Certains apolitiques convertis à la pensée unique demandent encore : "mais pourquoi tant de colère à son encontre ?"
Pourquoi...
Sans doute parce que cet homme conçoit la politique comme l’objet de son pouvoir, comme un moyen de propagande lui permettant de se faire le messie en professant le bonheur de tous par un bouleversement négatif des institutions, une couche d’ultra-libéralisme, des mesures sécuritaires, un discours colonialiste, quelques mesures démagogiques et beaucoup d’illusionisme médiatique : il prône la franchise, s’affiche comme l’homme du changement, presque comme révolutionnaire, touchant aux dossiers sensibles de la politique nationale et flattant le communautarisme sous couvert de tolérance, allant d’église en mosquée pour se dire adepte du multiculturalisme et de la liberté de la foi. On y croirait presque, si on ne savait pas qu’après la visite au grand mufti, le roi fait la liste des 25 000 métèques dont le royaume doit se débarrasser chaque année, au mépris de la dignité humaine, de la déclaration universelle des droits de l’homme, de l’article 9 de la convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant qui interdit de séparer les enfants de leurs parents...
Mais au delà des étrangers, ce sont aussi les français qui font l’objet de ses foudres : il fait preuve d’intolérance à l’égard des agents de l’Etat, de cet Etat dont il se sert comme marche-pied pour déréguler, et finalement amener cette abolition de l’Etat tant rêvée par les libéraux : réduire de moitié le nombre de fonctionnaires et surtout ne pas leur laisser la sécurité de leur emploi ! Puis il joue sur le terrain du Gaullisme en négligeant ouvertement la séparation des pouvoirs : suppression des petits tribunaux, convocation du Parlement, interventions à l’Assemblée nationale. Ca sent le "Lit de justice" qui permettait aux rois d’infléchir sur les décisions des élus, mais personne ne semble s’en offusquer davantage. Sarkozy Ier vient d’être intronisé !
Et pourtant, ça faisait longtemps qu’on disait qu’il fallait changer notre constitution "napoléonienne"...
Il fait la cour aux écologiste et finalement ne s’implique pas dans un dossier trop sensible pour lui être favorable : il préfère continuer dans le chemin tout-nucléaire, parce que là il y a un bon business à faire avec les dictateurs de la planète. Ces derniers, ils les courtise également, prônant le pragmatisme politique, le réalisme et la réconciliation, tous ces termes grandiloquents pour camoufler la réalité, c’est à dire les énormes contrats d’armement faits en sous-main. Il occupe les médias avec des affaires - des infirmières bulgares à l’Arche de Zoé - qui satisfont le voyeurisme des masses et évitent qu’on s’intéresse à toutes les tractations qu’il y a derrière entre le roi et ses amis Muammar Khadafi, Idriss Deby, et autres grands démocrates...
Il fait des discours plein d’exergue, de mépris pour ceux qui l’entourent, se fait l’apôtre de la paix civile, mais ne semble pas remarquer qu’à lui seul il sucite l’explosion des ghettos sociaux que ses aïeux colonialistes ont mis en place en périphérie de nos villes. Les banlieues d’aujourd’hui sont notre avenir à tous, la colère qui les habite et celle qui nous colonise tous...
Et comme le roi n’est pas immortel, il renforce sa milice, arme ses troupes, investit les rues des villes avec ses schtroumpfs grognons, garants de l’ordre et bientôt libre d’user à gogo les tasers, ces jouets électriques qu’il nous a rapporté de ses glauques amis d’outre-manche, malgré les nombreux cas de décès qu’ils ont provoqués. Les rues de nos villes deviennent des chemins de rondes dont les murs sont peu à peu recouverts de caméras. Par soucis de sécurité, nous avons pris l’habitude d’évoluer entre des rangées d’hommes en bleu. Notre cerveau en a été militarisé, alors qu’on ne s’étonne pas qu’un jour, à force de précarité, les jeunes d’ici prennent les armes...
Alors oui, il viendra, mais nous aussi nous viendrons ! Peut-être pas demain, ni après demain, mais avec les mois, toujours plus en colère, toujours plus disposés à troquer le peu qu’on a à perdre avec tout ce que nous avons encore à gagner...
NO PASARAN !