La rue Kronstad était déserte d’habitants. Les stores de plusieurs maisons baissés. Aucune voiture garée...
Tout était bien entendu bloqué. Les gens refusaient de sortir du siège. Seuls les journalistes avaient le pouvoir de franchir les lignes.
Le dilemme se posa à l’heure du repas.
Derrière les CRS, les gens ont commencé à appeler les bénévoles et militante reconnues, les invitant à venir partager ce moment humain et convivial du thé.
Les CRS ont commencé à mettre leur tenue de combat.
Quand ils ont compris que nous ne pourrions pas franchir le barrage, une échauffourée se produisit près d’un car, et tout à coup les CRS ont foncé sur les gens, les matraquant, pour certains au sol, (un blessé No Border qui a essayé d’extirper un autre copain).
Quand certains eurent trop faim, les policiers refusèrent qu’on leur passe des aliments.
Presque tout le monde partit manger à la distribution, quittant la place.
Tout le monde se plaça face aux policiers. Quelqu’un jeta au-dessus des têtes, deux bâches de plastique et deux d’entre nous la saisirent pour en faire un bouclier de poussée.
Mais une autre personne les en dissuada, sans trouver de solution de rechange. Les gens décidèrent de planifier leur retour au bercail.
Mais aussi pas de journalistes
Vers 17h, j’ai entendu un officier de police passait la consigne discrètement : "plus de journalistes". Et effectivement, personne n’eut le droit soudain d’entrer alors que l’on voyait au coin de la rue Kronstad, les policiers se mettre par paquet de 3, dans des positions cocasses de chiens de chasse, à l’arrêt. De l’extérieur, l’agitation et les courses étaient visibles mais nous ignorions ce qui se passait réellement.
Versant commissariat de police de Calais
Changeant de rue d’observation, celle donnant derrière nous sur le commissariat de Calais était gardée par des CRS dont l’un avait visiblement bu, grisé par sa soif d’en découdre en bande organisée et armée, avec des militants des droits humains.
Les camions de CRS pénétrèrent l’espace face au hangar et nous en privèrent de la vue.
Une grosse poignée de CRS entra dans la maison contigüe à notre hangar. Un homme menotté et tête basse ressortit et fut emmené par un fourgon de police du commissariat.
Violences sur militantes et journaliste tenace
Des gens du local sortaient de la rue par petits groupes. Du côté commissariat, un nombre élevé d’obéissants casqués se tenaient cachés, cornaqués par un policier parisien à la sale tronche de tueur.
A l’intérieur, les No Border s’étaient enfermés dans le hangar.
Nous avons, L. et moi tenté d’empêcher l’entrée subite de deux fourgons de ramassage de la PAF. Mais L. s’est fait éjectée brutalement par les sbires de Besson.
Un caméraman de l’autre versant d’observation arriva au moment où un paquet consistant de CRS enveloppaient les 10 No Border qui scandaient "No Border, no nation, stop deportation". Les CRS s’en prirent alors au caméraman.
Un officier de police se souvint avec un léger retard, des consignes de Besson. Il intervint pour dire : "pas de violences médiatiques !"
La violence se déroula à l’intérieur, loin des regards.
Maltraitance réservée aux militants No Border et à leur accompagnatrice du moment
D’après ceux qui l’ont vécu, les CRS n’y sont pas allés de mains mortes dans l’arrestation, s’en prenant particulièrement aux femmes. Une bénévole âgée a eu le nez cassé par un coup de coude de CRS.
Les policiers se sont présentés à la porte pour discuter mais ce fut pour la défoncer. Il n’en reste rien de cette porte vitrée.
Le long comptoir de bois a été complètement cassé par les sauvages qui en ont profité pour voler et détruire tout ce qu’ils pouvaient.
Un RG Monsieur Buzin, a refusé de dire les motifs autrement que sous le couvert d’un arrêté d’ordre public.
La PAF de Coquelles attaque les réfugiés
Avec la police sarkoziste, quand on ne peut pas arrêter devant des journalistes, on attend que ces derniers soient partis.
A l’heure de la distribution du soir, les policiers en costume montaient dans leurs voitures civiles et munies de trois fourgons de ramassage faisaient la chasse aux exilés qui avaient eu l’outrecuidance de vouloir aller boire un thé chez nous.
Il y eut plusieurs arrestations et ceux qui venaient de sortir du commissariat continuèrent leur travail d’opposition à la milice.
Nous avons tenu deux jours contre deux compagnies de CRS, la PAF de Coquelles en grande sortie et des policiers du commissariat, nous avons tenu à une vingtaine.
Besson aurait annoncé que la base arrière des No Border était anéantie.
Ah oui ? La carpette de Sarkozy, qui se protège derrière une bande armée, parle toujours un peu trop vite.
zetkin