C’est quoi occuper un terrain ou une maison à Montreuil quand on est Rrom ?
C’est se voir refuser un accés à l’eau parce que Véolia affirme que c’est impossible. C’est ne pas pouvoir avoir une benne ou des poubelles où jeter les déchets parce que les services municipaux refusent pour mille et une mauvaises raisons. « Cela rendrait leur présence trop visible, les voisins se plaindront s’il le voit », répond un agent municipal aux occupants Rroms d’un terrain rue de Rosny. C’est se faire escorter jusqu’en Roumanie par la police. C’est ne pas avoir le droit de travailler sans promesse d’embauche préalable (qui en obtient, sinon la femme du ministre du travail ?), mais se faire traiter partout de parasites. C’est faire la manche, vendre à la sauvette et être pourchassé par la police. C’est récupérer ferrailles et autres mais être confronté comme tous les glaneurs à la suppression des encombrants sur la ville de Montreuil. La liberté de circulation pour les Rroms, c’est être chassé et expulsé de partout.
Les Rroms expulsés vendredi n’avaient pas demandé une place dans un des camps de réinsertion MOUS. Ils avaient un logement. Ils voulaient juste qu’on les laisse tranquille. Les MOUS – pour : « Maîtrise de l’œuvre urbaine et sociale »- camps de réinsertion très contraignants (vigiles à l’entrée, horaires d’ouverture et de fermeture, interdiction de visites, même du conjoint s’il n’est pas sur les listes)- ne sont pas une solution miracle. Les Rroms ne sont pas un problème à éradiquer par les expulsions ou à gérer par l’intégration forcée. Il n’y a pas un « problème Rroms », il n’y a que des histoires singulières. Plusieurs expulsés venaient de villages totalement dévastés par les inondations qui touchent la Roumanie depuis près d’un mois. L’hospitalité n’a rien à voir avec la gestion. Et c’est bien d’hospitalité dont nous avons besoin.
Cette semaine en Seine-Saint-Denis, des expulsions ont eu lieu à Montreuil, à la Courneuve, à St Denis. Rroms, gens du voyage, habitants casaniers, voisins, soutiens, c’est à nous tous de résister dans nos villes, dans nos quartiers. D’empêcher, ou au moins de rendre visible, chaque expulsion par des banderoles, des textes, des rassemblements. De chercher ensemble des maisons délaissées, des terrains en friche, des caravanes à réparer. De partager couvertures, repas et mots. 300 expulsions d’ici l’hiver, cela ne doit pas être possible.
Contact : n°d’urgence anti-expulsions 06 08 55 99 82
Rassemblement aujourd’hui 3 aout 18 heures devant la mairie de montreuil
métro mairie de montreuil