LES BEBES ROMS NE SONT PAS UN ALIBI
témoignage de copains et copines parisien-nes
Samedi 21 août 2010, rue René Binet, à Paris 20ème, en fin de matinée, la police disperse comme d’habitude, le Marché Libre de Clignancourt, qui se tient là tous les samedis, dimanches et lundis. Une charge ( sans frapper ) de seulement 5 policiers surarmés ( Flash-ball sorti pour l’un, gants de combat renforcés aux mains pour d’autres ) fait fuire plusieurs centaines de vendeurs et clients qui courent tous ensemble dans un nuage de poussière impressionnant ; pas de contrôle, pas de prise de marchandises ; ce qui est plutôt rare ces derniers temps...
Les policiers s’éloignent, peut-être en sous-nombre... Quelques minutes plus tard, un véhicule de police arrive, et cinq nouveaux policiers en descendent, gazeuse en mains pour l’un ; il ne reste plus grand monde après le passage de leurs collègues ; ils poursuivent pourtant des vendeurs èloignés qui attendent que le marché reprenne sans rien vendre ; les vendeurs traversent les rues en courant ; les sacs s’ouvrent et se renversent sur la chaussée ; les policiers reviennent bredouilles... ils semblent chercher quelquechose ;
Quand tout à coup, ils encerclent un groupe de Roms ( plusieurs hommes, plusieurs femmes, plusieurs enfants et un bébé Rom tendrement posé dans des bras aimants, et qui sourit à la vie ) ; les Roms sont en train de déjeuner sur un banc, au frais sous les arbres plantés là pour ça ; quelques bouteilles de bière sont ouvertes et entamées, des victuailles de fortune étalées sur le banc ; l’ambiance est joyeuse jusqu’alors ; Les paroles du policier fusent : " Vous pouvez faire ce que vous voulez sur votre territoire...
Vous êtes en France... Vous dépassez les limites... "( Quelles limites ? ) ; le bébé se met à hurler ( il hurlera jusqu’au départ des policiers ) ; Contrôle d’identité pour tous... " Tu as quel âge ? "... " C’est ton fils ? "... le ton est dur ; cela dure de longues minutes ; les papiers sont rendus ; le bébé cesse enfin de pleurer ; les policiers s’éloignent quand la voix d’un enfant Rom du groupe résonne : " Au-revoir"... la voix de l’enfant est pleine d’ironie...
Bienvenue en France !!! ( Dimanche 22 août 2010, au même endroit, Rue René Binet à Paris 18ème, en fin de matinée, un policier s’est adressé à une femme Rom qui essayait d’emmener ses affaires, que la Police, elle, voulait confisquer : " Toi la Roumaine, tu laisses ça ! " )