Le Jeudi 29 mars et toute la semaine il y a eu une rapide escalade du harcèlement policier, du nombre d’arrestations et de brutalités contre les personnes avec et sans papiers à Calais - bien au-delà du niveau normal et au cours de ce qui semble avoir été un assaut prémédité contre les communautés de migrant-es et leurs soutiens.
Ça a coïncidé avec la visite d’un ambassadeur du Royaume-Unis à Calais pour rencontrer les autorités le vendredi 30 mars pour discuter de la sécurité du port en prévision des jeux olympiques de Londres, et semble faire partie d’une offensive en cours contre les migrant-es. La ville arrive sous les projecteurs comme un bout des jeux olympiques car des équipes sportives internationales s’entraînent dans la région du Pas-de-Calais, et les gouvernements du Royaume-Uni et de la France ont promis un effort commun pour renforcer le régime des frontières cet été.
Tôt le matin de jeudi, un grand squat où logeaient principalement des Érythréen-nes a fait l’objet d’une attaque policière et deux personnes ont été arrêtées au cours des contrôles d’identité. Cependant, la police a concentrée ses agissements lors de la soirée. De multiples contrôles d’identité ont eu lieu, une personne a décrit l’action de la police ainsi "des oiseaux de proie plongeant sur leurs victimes", en l’occurence des personnes qui venaient et repartaient du lieu de distribution du repas du soir. Un autre groupe a été arrêté par les CRS près de l’hotel de ville. Quatre personnes sans papiers ont été mises en cellule.
À peu près au même moment, deux personnes de No Borders étaient attaquées par des CRS alors qu’elles marchaient dans une rue calme, plaquées visage contre le mur, et les CRS ont exigé d’elles leurs papiers. La police en a arrêté une violemment, l’immobilisant sur le sol du car de CRS, pendant que l’autre était poussée par terre, le temps que le car ne démarre. La personne arrêtée n’a pas reçu de raison pour son arrestation, mais a été relâchée 24 heures plus tard avec une convocation au tribunal pour répondre d’une accusation d’outrage.
La vague de violente répression a continué dans la soirée quand plusieurs cars de CRS ont convergé vers l’un des parcs de la ville vers 20h et ont commencé à contôler les identités des hommes rassemblés là. La police a fait environ cinq arrestations. Un groupe d’activistes présent sur place a contesté l’action policière. Les activistes et un sans-papiers ont alors été pourchassé-es dans le parc par la police pour finalement être plaqué-es au sol et roué-es de coups de poing et de matraque. Le tabassage des cinq a continué dans le car de police, alors qu’il-les étaient menotté-es, et au commissariat, où l’une des personne a été frappée à plusieurs reprises alors qu’elle était à terre. Les personnes arrêtées ont été libérées 48 heures plus tard, avec une convocation au tribunal pour répondre d’accusations de violences contre la police. Plusieurs d’entre elles ont des blessures qui demandent un suivi médical.
Une des personnes arrêtées affirme "La police à Calais peut faire tout ce qu’elle veut. Tabasser les gens qui sont en garde-à-vue, y compris pendant les interrogatoires, c’est quelque chose qui arrive tous les jours et dans l’impunité totale".
Un petit squat où logent entre 10 et 12 Iraniens a été évacué vers 23h, mais aucune arrestation n’a eu lieu, les hommes ayant déjà quitté l’endroit. Après l’expulsion du squat principal, appelé "Africa House", beaucoup de personnes, avec et sans papiers, ont dû se trouver des squats plus petits pour se protéger et éviter de dormir dans les rues de Calais, rendues dangereuses par la police.
La veille, mercrerdi, un contrôle d’identité dans l’un des plus grand squats - la "Palestine House" - a débouché sur la détention d’un groupe d’hommes. Un autre petit immeuble squatté hébergeant environ 12 personnes a été expulsé par la police lors d’un assaut à une heure du matin. Le vendredi, le ballet incessant dans la ville des cars de CRS, de la PAF, de la police nationale et des voitures banalisées a continué, des contôles d’identité ont eu lieu le matin tôt lors de descentes dans les squats restants, et les activistes ont été suivi-es lors de leurs déplacements motorisés par des cars de CRS.
La brutale offensive va apparemment se poursuivre, le quotidien local rapportant que les autorités vont détruire la "Palestine House" dans les semaines qui viennent, soi-disant pour le re-développement de la ville. Les violences exercées contre les personnes avec et sans papiers pendant ces 24 heures visent à entretenir une atmosphère de peur pour toutes les personnes, avec ou sans papiers, qui habitent à Calais. Pour celles qui risquent une expulsion, la menace d’une arrestation par la police et d’une mise en détention est une perspective terrifiante, et les expulsions des squats ont laissé des dizaines de personnes sans abri.
La répression mise en œuvre la semaine dernière fait partie d’un système plus large, constitué des frontières et des répressions d’États afin limiter et contrôler la circulation des personnes.
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