Ce que nos petits anars de Boulogne n’ont pas l’air de savoir, c’est que la MàŠME violence des organisations syndicales officielles - financées, soutenues, médiatisées par l’État capitaliste, c’est ça que ça veut dire ! - s’exerce aussi contre les organisations révolutionnaires quand elles se mêlent d’aller dans les meetings, les AG et les manifs desdits syndicats pour y expliquer leurs positions et perspectives !

Car les perspectives de cette « action violente » contre les lampistes d’Air France - le DRH, ça n’est pas le grand patron, ni les actionnaires ! -, parfaitement préméditée par les permanents syndicaux, quelles sont-elles ? La lutte à Air France, déjà gangrenée par le localisme et le corporatisme, va-t-elle enfin s’ouvrir aux autres secteurs où il existe un mécontentement, où il y a des luttes, où la situation est intenable ? Les salariés vont-ils enfin prendre leur lutte en main ? CERTAINEMENT PAS ! Ce genre d’« action » violente syndicale n’a qu’un but : polariser la lutte sur la boîte, enfermer les grévistes dans « leur » lutte, « leur » lieu de travail, « leurs » problèmes. Les syndicats nous l’ont déjà fait mille fois !

Il n’y a rien à soutenir dans cette « action violente » qui est un piège très classique des flics syndicaux, la seule perspective d’une lutte, c’est qu’elle s’étende et que les salariés prennent leurs affaires en main, rien d’autre si on veut qu’elle ait une chance de faire reculer la bourgeoisie et son État ! Je croyais que les leçons du CPE et de la lutte contre la réforme des retraites avaient été mieux comprises : la première a gagné parce qu’elle a menacé de s’étendre aux salariés et que les syndicats n’y avaient pas leur mot à dire ; la seconde a laissé les syndicats s’occuper de tout, et malgré quelques AG combatives, elle a été un échec noir dont nous payons encore les conséquences.

Choisis ton camp, camarade !...

Si les boulonais ont choisi d’écrire "Solidarité avec les travailleurs et travailleuses d’Air France !" c’est pour souligner que leur solidarité va aux travailleurs et travailleuses et pas aux syndicats qui leur crachent dessus.

C’est utile d’avoir comme le vieux militant de la gauche communiste internationaliste des grilles de lecture. Mais le jour où les grilles deviennent épaisses au point qu’elles empêchent de comprendre ce qu’on lit, il faut commencer à se poser des questions.

« Mais le jour où les grilles deviennent épaisses au point qu’elles empêchent de comprendre ce qu’on lit, il faut commencer à se poser des questions. »

C’est probablement vrai, mais ça n’empêche que le commentaire ci-dessus ne montre aucunement où j’aurais une « grille de lecture tellement épaisse » qu’elle m’empêcherait de comprendre ce que je lis, et d’autre part il est un fait, c’est que le texte confond VOLONTAIREMENT syndicats et salariés d’Air France, ce qui est une autre « grille de lecture » que je n’ai pas : les syndicats sont des outils de maintien de l’ordre social et rien d’autre, ils n’existent que pour ça et ils sont financés et soutenus par l’État dans ce but ! Peu importe d’ailleurs ce qu’en pensent les syndiqués qui s’engageraient sincèrement dans les syndicats officiels, je parle d’une réalité basée sur un siècle de « luttes » syndicales

Du reste, concrètement, la lutte à Air France aurait avancé sur quoi ? Où est le rapport de force entre salariés et direction ? Quelles sont les perspectives ouvertes à la lutte ?

De fait, les syndicalistes n’ont rien de précis à répondre à tout ça, pour une raison simple : il n’y a aucun rapport de force à Air France, les syndicats et la direction vont négocier dans l’opacité la plus totale pour les salariés, comme d’habitude, sous le patronage de l’État-patron capitaliste, comme d’habitude, et les dindons de la farce seront les salariés !

Comme d’habitude, puisque ça fait des centaines de fois qu’on voit la même situation dès que les syndicats s’emparent d’une lutte !

Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre !