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Pour une éducation populaire féministe
envoyé le 11/06/17 Mots-clés  éducation   critiques des genres   luttes féministes  

Entretien avec les auteures de l’ouvrage Education populaire et féminisme (Première partie)

par Yeun l-y

Enthousiasmé par l’ouvrage Education populaire et féminisme, et avec l’envie de faire connaître ce travail, je suis allé fin 2016 rencontrer 5 des 11 auteures : Alexia M., Annaïg Mesnil, Emilie Viard, Katia Storaï et Tiffanie D. [1]. Attablé près d’une cheminée chez l’une d’entre elles, je leur ai indiqué les directions auxquelles j’avais pensé pour notre rencontre – les agressions sexuelles, l’antiféminisme de « gauche », leur approche de l’éducation populaire politique, etc. – et cela s’est très rapidement transformé en une suite d’interventions riches en détails, mêlant l’ensemble de ces thématiques. Voici le résultat, en deux parties, remanié sur la forme pour plus de lisibilité. La 1ère partie concerne surtout le récit du travail entrepris dans leur réseau d’éducation populaire. La 2ème partie apporte des compléments plus généraux mais non moins importants.

On va commencer avec la présentation du réseau, son activité et ce qui vous a amené à écrire ce livre.

- Alors le réseau La Grenaille au moment du début de l’écriture du livre c’est une chose, et aujourd’hui c’en est une autre. Au moment de l’écriture, ce sont 4 structures qui sont sous forme de Scop – statut coopératif – et qui sont dans une relation de filiation initiale avec Le Pavé (situé à Rennes). Dans la Grenaille il y a un désir partagé de se réapproprier et de réinventer des pratiques d’éducation populaire politique. Les moyens utilisés sont : la formation professionnelle, l’animation et l’accompagnement de collectifs et de syndicats, ou la diffusion de conférences gesticulées [2]. Ça représente entre 15 et 20 salarié-e-s selon les moments.

En 2014, il y a eu auto-dissolution [3] du Pavé et la refondation ensuite de 2 structures issues de cette étape : Le Contrepied et la Trouvaille. Le premier, sous le statut « Scop », a gardé la même activité qu’avant. Et La Trouvaille, comme collectif d’éducation populaire sous la forme associative, a choisi en tant que « labo » d’éducation populaire d’accompagner des groupes et des structures dans des expériences, savoirs et stratégies communes pour l’égalité.

Le Contrepied a choisi de sortir du réseau en 2015. Donc malgré ce changement, il y a toujours aujourd’hui 4 structures : La trouvaille à Rennes, L’engrenage à Tours, L’orage à Grenoble et Vent debout à Toulouse.

- Ce réseau, La Grenaille, a été formalisé en 2012. Au sein de ce réseau les structures se réunissent dans 2 « instances » distinctes. Une d’elles s’appelle Fête à conflits, c’est une instance organisationnelle qui cherche à faire vivre l’autogestion du réseau et à prendre les décisions collectivement. L’autre instance, on l’a appelée Université d’été, c’est plutôt une instance de débat de fond.

Et on peut dire que notre démarche a pris naissance lors d’une Fête à conflits, en juillet 2012, dans les Cévennes, où il y avait un enjeu de structuration du réseau.

- Lors de cette Fête à conflit de l’été 2012, on était hébergé-e-s dans une super baraque, avec un beau terrain pour y poser des tentes. Des hébergements étaient aussi prévus dans les chambres, mais « à l’arrache ». Comme le premier jour il pleuvait, plusieurs d’entre nous n’ont pas trop eu envie de se mettre en tente, et on s’est resserré-e-s dans les chambres. Il y avait quand même de la promiscuité, et aussi du désir de se retrouver, de discuter, et de se coucher tard.

- Dans la 2ème nuit, l’une de nous, Judith, est allée se coucher. En fait, elle partageait avec un des hommes salariés du réseau une sorte de mezzanine avec un seul matelas mais avec 2 couchages différents. Et en dessous au rez-de-chaussée d’autres copains et copines dormaient. Et voilà, durant cette nuit-là, Pierre a agressé sexuellement Judith. Le matin, Judith est partie de la chambre discrètement avant le réveil de tout le monde. Elle a attendu que les copains et les copines se réveillent pour aller voir rapidement l’une de ses collègues et pour lui dire ce qui était arrivé.

Il s’avère que le réseau travaille se rencontre aussi dans d’autres espaces. De sorte que 2 semaines après l’agression, les membres de la Scop où bosse Judith – elle inclue – devaient se réunir avec Pierre et ses collègues, pour fabriquer une conférence gesticulée ensemble. Et il y avait donc une urgence pour Judith de réagir. Elle en a parlé rapidement à encore une autre collègue. Pendant cette Fête à conflits, il y a eu un peu une sorte d’étouffement aussi ; tout le monde faisait comme si de rien n’était, Judith et Pierre inclus : elle continuait d’animer un groupe de discussion avec lui, avec plusieurs heures ensemble le soir pour préparer les débats du lendemain.

Judith ne souhaitait alors pas rendre publique l’agression. Et la seule chose qui a été actée à son initiative, c’est que, accompagnée d’une collègue informée, elle aille parler à Pierre pour qualifier les faits en termes d’« agression sexuelle », lui dire que c’était insupportable et qu’il devait en parler à ses collègues, parce que de toute façon le regroupement prévu pour faire une conférence gesticulée n’aurait pas lieu. Fallait qu’il assume. Ce n’était pas à Judith de s’éclipser.

Ce qui a été fait ?

- Oui Judith accompagnée d’une collègue a pu lui parler pour qualifier les faits l’avant dernier jour de la Fête à conflits, et pour lui demander d’assumer cette situation. Lui, à partir du moment où tout le monde est parti, il a rencontré ses collègues. Mais il a d’abord fui et disparu dans la nature. Ce qui a provoqué l’inquiétude de tout le monde. Ensuite, il est réapparu et a dû émettre quelques justifications sur son absence. Des justifications très euphémisantes !! Pourtant, dès le lendemain matin de l’agression, il avait envoyé des SMS à Judith où il reconnaissait le caractère d’agression sexuelle. Il le reconnaissait et avait une conscience des faits.

Après cette fête à conflit, l’information se diffuse un petit peu auprès de certain-ne-s collègues mais on peut pas dire qu’il y ait de prise en charge institutionnelle à l’échelle du réseau, si ce n’est une tentative dans la structure où Pierre travaille.

- Le 3ème jour de ce même rassemblement, on avait prévu différents groupes de travail dont un notamment sur le « projet politique » du réseau. Et ce ne sont que des femmes qui se sont retrouvées dans ce groupe. De fil en aiguille, on a parlé des conditions de travail, des enjeux ou de nos gosses. Le fait de se retrouver qu’entre femmes nous a autorisé à nous raconter des trucs sur nos conditions matérielles de travail notamment en tant que femme. Ça nous a donné du désir pour un groupe de discussion non-mixte de femmes. Et les ¾ de ces femmes présentes à cette rencontre-là n’étaient pas du tout au courant qu’il y avait eu une agression sexuelle 2 jours avant.

Et comment vous expliquez le fait qu’il n’y avait justement que des femmes dans ce groupe « projet politique » ?

- On va dire qu’il y avait d’autres groupes décisionnels importants qui étaient plus genrés masculin, par exemple « le budget ». Et puis, dans le réseau, il y avait comme des sous-groupes : les universitaires, les gestionnaires, etc.

Ce qui était « marrant » c’est que celles qui se sont retrouvées le 3ème jour dans ce groupe « projet politique » n’étaient pas forcément les filles les plus à l’aise. Il y avait là plutôt celles que certains ont qualifiées de « boulets politiques » [sourires ironiques]. On était quelques « boulets politiques » : on ne parlait pas spécialement marxisme, on n’avait pas de langage assez précis, …

- Enfin bref, à la fin de cette Fête à conflits, au moment du départ le dernier jour, juste avant le ménage, il y a eu un groupe non-mixte un peu improvisé d’une demi-heure et suggéré par les femmes du groupe de travail « projet politique ». Une petite demi-heure, assises sur un muret.

Et là, vraiment, c’est une surprise de voir que cette petite demi-heure ait pu choquer autant les collègues hommes du réseau. Ils ont crié et dénigré cette rencontre informelle : tout d’un coup il fallait coller au programme alors que pour plein d’autres choses on a toujours travaillé en ré-adaptant et en tenant compte de tout ce qui pouvait surgir. Mais bizarrement là…

Et pourtant, c’était une improvisation politique à plusieurs, une dizaine de femmes. Ça a été qualifié de « putsch » ! Avec l’idée derrière que ce n’est « pas démocratique » puisque « vous ne respectez pas le programme ». C’est devenu le fameux « putsch ».

C’est pour moi un événement fondateur. Je me suis dit : « Tiens c’est marrant, ça aurait été un groupe de syndicalistes, d’ouvriers dans une entreprise, ces collègues n’auraient jamais qualifié ce moment-là de putsch. Qu’est-ce qui fait que notre groupe est inadmissible pour eux ? ». Car en plus, c’est ce genre de modes d’organisation qu’on portait collectivement en formation, et qu’il fallait organiser…

la suite ici : http://lmsi.net/Pour-une-education-populaire


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