Aux étudiant.e.s lillois.e.s
Et aux enseignant.e.s-chercheur.se.s
Nous sommes les étudiants exilés, arrivés à Lille en octobre 2016. Nous sommes actuellement étudiants dans les universités lilloises et nous écrivons cette lettre adressée aux étudiant.e.s ainsi qu’aux professeurs lillois.
Nous tenons à vous dire, étudiant.e.s engagé.e.s dans la lutte contre la loi ORE, vous qui êtes à côté de la lutte de cheminot.e.s, des infirmièr.e.s et de tous celles et ceux qui se battent contre le projet de loi répressive « asile et migration », que nous sommes solidaires avec vous et que nous admirons votre engagement. En effet cette lutte nous est familière puisqu’il y a parmi nous des activistes politiques, et nous soutenons votre lutte ainsi que celle des militant.e.s de nos pays.
Votre courage, votre engagement nous rappellent ceux de milliers de militant.e.s qui luttent toujours contre les régimes totalitaires que les peuples de nos pays (Iran, Afghanistan, Soudan, Pakistan etc.) subissent. Nous sommes en fraternité avec vous.
En revanche, l’intervention violente de la police dans l’université, à Lille comme à Nantes, à Montpellier, et maintenant dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (la même que celle que nous avons vécue dans la jungle de Calais) nous remémore l’expérience et la conséquence de notre engagement politique dans nos pays : cela n’est pas seulement désespérant pour nous qui avons fui la violence et la dictature, mais nous trouvons là une menace totale pour le monde entier. Nous étions venus trouver la protection dans ce pays mais l’exclusion et la répression contre tous les précaires de la société, tels qu’étudiant.e, exilé.e, jeunes des banlieues, celles et ceux qui cherchent à pratiquer un autre mode de vie hors des politiques au service du Marché, national et mondial, existent aussi ici.
Rappelons que la jeunesse étudiante est la génération productive et créatrice de l’avenir et aucune violence contre cette génération n’est tolérable. La loi de sélection pour l’entrée à l’Université est une loi violente. L’accès à la formation universitaire est un droit pour tou.te.s les étudiant.e.s ; le système de crédit a déjà transformé l’université en une usine de fabrication de diplômes qui ne permet pas l’épanouissement critique des étudiant.e.s mais qui les oblige à mémoriser de simples informations pour les rendre le jour de l’examen, comme une clé USB.
La sélection, avec ses moyens informatiques, inhumains, de tri, ne fait qu’aggraver ce mécanisme qui détruit l’université comme lieu de formation et d’épanouissement indépendant des lois économiques de la compétitivité.
Nous voulons également faire un appel aux professeur.se.s des trois universités lilloises pour qu’ils prennent une position active, en restant réellement à côté et avec les étudiants. Les enseignant.e.s-chercheur.se.s ne peuvent pas seulement rester dans un refus corporatiste de la loi, mais dans ce moment, leur présence est cruciale dans la lutte à l’intérieur et hors de l’Université.
« J’existe en tant que je parle, la fureur, le rugissement et la révolte. »
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