Le CCL a un nouveau local envoyé le 08/02/23 - Locales
JANVIER 2023 A CALAIS envoyé le 01/02/23 - Locales
Ce sera lui ou … Nous ! envoyé le 18/01/23 - Locales

1 | ... | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | ... | 13

CARTOGRAPHIE DES RESEAUX NEOFASCISTES DANS LE DEPARTEMENT DU CHER envoyé le 18/03/24 - Articles d’ailleurs
La Librairie Publico attaquée par l’extrême droite envoyé le 18/03/24 - Articles d’ailleurs
Fedayins, vous nous faites chier  ! envoyé le 08/02/24 - Articles d’ailleurs  - 1 complément
Dissolution de l’association d’extrême droite La Citadelle envoyé le 07/02/24 - Articles d’ailleurs
Victoire Tuaillon : du ‘féminisme radical’ aux pub pour Airbnb envoyé le 26/12/23 - Articles d’ailleurs  - 5 compléments
Matinee de soutien aux inculpe.e.s du 8/12 envoyé le 11/12/23 - Articles d’ailleurs

1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | ... | 34

« L’emprisonnement constitue un élément fondamental de l’arsenal colonial d’Israël »
envoyé le 30/08/21 par Charlotte Kates Mots-clés  antifascisme   racisme   crimes de guerre  

Dans l’entretien qui suit, Charlotte Kates, coordinatrice internationale de Samidoun (réseau de soutien aux prisonniers politiques palestiniens, dont ACTA fait désormais partie) revient sur le continuum colonial de la répression sioniste, héritée de l’empire britannique. Partant de l’emprisonnement comme arme privilégiée d’asphyxie du mouvement palestinien, elle fait ensuite le lien avec les autres combattants pour la Palestine emprisonnés ailleurs dans le monde, notamment dans les pays impérialistes alliés d’Israël. Se dessine alors la figure des prisonniers palestiniens comme symboles de courage et de résistance, par la « transformation des donjons de l’occupant en écoles de lutte révolutionnaire ».

Chaque jour en Palestine, le matin se lève avec des dizaines de reportages sur les raids nocturnes, les arrestations et les invasions des forces d’occupation israéliennes. Ce n’est pas seulement le cas dans le cadre du récent soulèvement au cours duquel plus de 2 400 Palestiniens ont été arrêtés et 500 Palestiniens de la Palestine occupée de 1948 – citoyens palestiniens d’Israël – ont été ciblés pour être arrêtés dans le cadre de l’opération dite « Law and Order ». En effet, l’emprisonnement constitue un élément fondamental de l’arsenal colonial d’Israël depuis 1948. Cependant, malgré l’intention d’utiliser l’emprisonnement politique pour supprimer la résistance palestinienne et faire échouer le mouvement de libération palestinien, les prisonniers palestiniens sont restés des leaders politiques et des symboles de fermeté pour la lutte dans son ensemble.

L’emprisonnement en tant que technique coloniale n’a pas commencé avec le sionisme ; même en Palestine occupée, bon nombre des pratiques les plus infâmes utilisées aujourd’hui – comme la détention administrative, l’emprisonnement sans inculpation ni procès, qui peut être renouvelé à plusieurs reprises pendant des années – ont été introduites par le mandat colonial britannique, puis adoptées avec enthousiasme par le projet sioniste. Tout comme les démolitions de maisons utilisées aujourd’hui pour cibler les familles, les communautés et les proches des prisonniers et des résistants palestiniens, les colonisateurs britanniques ont auparavant fait exploser les maisons des Palestiniens qui luttaient contre le colonialisme.

L’emprisonnement n’est pas seulement utilisé comme une arme contre le mouvement palestinien à l’intérieur de la Palestine occupée. Les puissances impérialistes telles que les États-Unis, la France et le Royaume-Uni fournissent un soutien politique, économique et militaire presque illimité à l’État israélien – en dépit du rejet massif d’une grande partie de leurs citoyens, comme en témoignent les centaines de milliers de personnes qui, dans ces pays, sont descendues dans la rue tout au long du mois de mai pour soutenir la Palestine.

Aux côtés des prisonniers politiques Noirs, indigènes et autres aux États-Unis, il y a aussi des prisonniers politiques palestiniens : les Holy Land Foundation Five, condamnés à des peines allant jusqu’à 65 ans de prison pour leur action caritative en faveur de la Palestine, sous de fausses accusations de « soutien matériel au terrorisme ». En France, Georges Ibrahim Abdallah, le combattant arabe libanais pour la Palestine, est emprisonné depuis près de 37 ans. Dans le nord de l’Irlande, le docteur Issam Hijjawi, un médecin palestinien, est emprisonné aux côtés de républicains irlandais dans le cadre d’un guet-apens organisé par les services de sécurité britanniques.

L’histoire des prisonniers palestiniens est faite de souffrance, d’injustice et de punition collective : de la torture brutale lors des interrogatoires à la séparation forcée des parents et des enfants par un régime de « sécurité » visant à briser les liens sociaux palestiniens, en passant par la pression psychologique incessante de la détention administrative et le fait de ne jamais savoir quand ou si un détenu sera libéré. Les prisonniers palestiniens reçoivent des soins médicaux médiocres, voire inexistants, et Israël continue d’emprisonner les corps des Palestiniens morts derrière les barreaux.

Cependant, l’histoire des prisonniers palestiniens est aussi celle de la fermeté, du leadership et de la résistance. Les prisonniers jouent un rôle prépondérant et indélébile dans la vie politique palestinienne, s’organisant derrière les barreaux des prisons et transformant les donjons de l’occupant en écoles de lutte révolutionnaire. Les jeunes militants apprennent des anciens derrière les barreaux ; les prisonniers organisent des cercles de lecture, et les artistes et écrivains ont créé des chefs-d’œuvre récompensés au niveau international, de l’œuvre d’art de Zuhdi al-Adawi aux romans de Walid Daqqa. Lorsque les jeunes filles palestiniennes se sont vu refuser un professeur pour terminer leurs études secondaires, les femmes palestiniennes emprisonnées – dirigées par la militante de gauche, féministe et parlementaire palestinienne Khalida Jarrar – ont créé leurs propres cours. En fait, Jarrar a donné plus de 32 heures de cours sur le droit international et les droits de l’homme à ses co-détenues de tous âges, malgré la répression exercée par les geôliers israéliens.

C’est cette résistance et cette organisation qui ont inspiré le nom de Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network – samidoun signifiant « ceux qui sont inébranlables ». Après tout, personne n’incarne peut-être mieux ce terme que les prisonniers palestiniens, leurs familles, leurs camarades et le peuple palestinien dans son ensemble. Fondée il y a dix ans, alors qu’il était souvent difficile de trouver des informations traduites en anglais sur les expériences et les luttes actuelles des prisonniers palestiniens, Samidoun compte aujourd’hui des sections et des groupes affiliés en Palestine occupée ainsi qu’au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, en France, en Suède, en Espagne, aux Pays-Bas, en Grèce et au Brésil.

S’inspirant de la vie et des luttes des prisonniers palestiniens eux-mêmes, les activités de Samidoun soulignent que les prisonniers politiques palestiniens sont des leaders de la résistance et que faire campagne pour la libération des prisonniers politiques fait partie intégrante du soutien à la résistance palestinienne. En outre, les prisonniers sont un symbole unificateur de leadership qui représente une alternative largement acceptée à la voie capitularde d’Oslo et du soi-disant processus de paix. Ces campagnes sont également l’occasion de développer une solidarité mutuelle et une lutte commune avec d’autres mouvements pour la justice, du mouvement de libération des Noirs aux luttes menées aux Philippines, en Turquie et en Colombie, en forgeant des alliances fondées sur le leadership et la libération des dirigeants politiques emprisonnés.

L’organisation de Samidoun se concentre sur le militantisme de base pour internationaliser la cause des prisonniers palestiniens et intensifier la pression pour leur libération, y compris les cas des Palestiniens emprisonnés dans toute la Palestine occupée, de la mer au Jourdain, ainsi que les prisonniers de la cause palestinienne dans les prisons arabes et internationales. Ses activités mettent l’accent sur l’unité de la cause palestinienne à l’intérieur de la Palestine et parmi les Palestiniens en exil et en diaspora, et sur la terre de Palestine, de la mer au Jourdain.
Ces dernières années, le travail et le nombre de membres de Samidoun ont considérablement augmenté, des militants de divers domaines développant des sections pour construire des campagnes, y compris des efforts pour boycotter les produits israéliens, les institutions culturelles et académiques, et les sociétés complices, en particulier celles – comme HP et G4S – qui profitent de leurs liens avec le secteur de la « sécurité » israélienne. Plus récemment, en février 2021, le « ministre de la Défense » israélien (et criminel de guerre) Benny Gantz a qualifié Samidoun d’« organisation terroriste », admettant ouvertement que cette désignation était due à l’organisation de « manifestations et de campagnes anti-israéliennes ».

Cependant, plutôt que de supprimer l’organisation de Samidoun, cette déclaration n’a fait que nous inspirer à intensifier et à étendre notre travail. Après tout, les prisonniers politiques palestiniens eux-mêmes continuent de lutter quotidiennement derrière les barreaux, malgré la torture, les abus et toutes les formes de répression. De plus, la déclaration de Gantz a indiqué que les campagnes croissantes organisées pour soutenir les prisonniers – certainement pas seulement par Samidoun, mais par de nombreuses organisations en Palestine et dans le monde – représentent un défi croissant pour l’occupation israélienne.

Le soulèvement actuel en Palestine ne fait que souligner la nécessité de faire campagne pour les Palestiniens emprisonnés, non pas comme un dossier isolé mais comme une partie intégrante de la lutte de libération palestinienne. Alors que les personnes de conscience du monde entier envisagent de plus en plus des approches abolitionnistes de l’emprisonnement, consternées par la crise du racisme d’État, de la brutalité policière et de l’incarcération de masse, les prisonniers politiques palestiniens restent samidoun – menant, luttant et montrant la voie de la liberté pour tous.

Charlotte Kates, coordinatrice internationale de Samidoun

Traduction : Collectif Palestine Vaincra

https://acta.zone/lemprisonnement-constitue-un-element-fondamental-de-larsenal-colonial-disrael/


envoyé le 30 août 2021  par Charlotte Kates  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
Compléments
  • Aucun compléments d

Avertissement

Les commentaires sont modérés avant d’être visibles et n’apparaissent pas directement après les avoir proposés.

Les objectifs de commentaires sont :
- compléter l’information donnée dans la contribution
- apporter un argument ou contre-argument à la contribution
- apporter une interrogation ou un questionnement par rapport au sujet de la contribution.

Tout commentaire ne répondant pas à un de ces trois objectifs, ou étant contraire aux précédents points de la charte sera supprimé définitivement du site.

Lien vers la politique éditoriale du collectif


Commentaires modérés à priori

Les compléments de cet article sont modéré à priori : votre contribution n'apparaîtra qu'aprè;s avoir été validée par un membre du collectif.

Saisissez votre compléments

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

www.indymedia.org
africa
Ambazonia Canarias estrecho / madiaq Kenya Nigeria South Africa
canada
London, Ontario Maritimes Montreal Ontario Ottawa Quebec Thunder Bay Vancouver Victoria Windsor
east asia
burma Jakarta Japan Korea Manila QC
europe
Abruzzo Alacant Andorra Antwerpen Armenia Athens Austria Barcelona Belarus Belgium belgrade Bristol Brussels Bulgaria Calabria Croatia Cyprus emilia-romagna estrecho / madiaq Euskal Herria Galiza Germany grenoble Hungary Ireland Istanbul Italy La Plana Liege liguria Lille linksunten lombardia London Madrid Malta Marseille Nantes Napoli Netherlands Nice Northern England Norway Nottingham Oost-Vlaanderen Paris/Ãle-de-France Patras Piemonte Poland Portugal Roma Romania Russia Sardegna Scotland Sverige Switzerland Torun Toscana Toulouse Ukraine United Kingdom Valencia
latin america
Argentina Bolivia Chiapas Chile Chile Sur CMI Brasil CMI Sucre Colombia Ecuador Mexico Peru Puerto Rico Qollasuyu Rosario santiago Tijuana Uruguay Valparaiso Venezuela
oceania
Aotearoa Brisbane burma darwin Jakarta Manila Melbourne Perth QC Sydney
south asia
India Mumbai
united states
Arizona Asheville Atlanta Austin Austin Indymedia Baltimore Big Muddy Binghamton Boston Buffalo Charlottesville Chicago Cleveland Colorado Columbus DC Hawaii Houston Hudson Mohawk Kansas City LA Madison Maine Miami Michigan Milwaukee Minneapolis/St. Paul New Hampshire New Jersey New Mexico New Orleans North Carolina North Texas NYC Oklahoma Philadelphia Pittsburgh Portland Richmond Rochester Rogue Valley Saint Louis San Diego San Francisco San Francisco Bay Area Santa Barbara Santa Cruz, CA Sarasota Seattle Tampa Bay Tennessee Urbana-Champaign Vermont Western Mass Worcester
west asia
Armenia Beirut Israel Palestine
process
FBI/Legal Updates Mailing Lists Process & IMC Docs Tech Volunteer
projects
Print Radio Satellite TV Video
regions
United States
topics
Biotech

copyleft Copyleft Indymedia (Independent Média Center). Sauf au cas où un auteur ait formulé un avis contraire, les documents du site sont libres de droits pour la copie, l'impression, l'édition, etc, pour toute publication sur le net ou sur tout autre support, à condition que cette utilisation soit NON COMMERCIALE.

RSS articlesRSS articles |  Site réalisé avec spip 3.2.19 [24473]
Top