Le « post-modernisme » fait fureur dans certains milieux intellectuels et militants. Sous l’influence des sciences sociales américaines, les « déconstructeurs » s’attachent à rendre visibles sous chaque idée ou comportement les multiples dominations, car dans ce monde où le pouvoir est partout, « personne n’est innocent ». L’anthropologue anarchiste David Graeber a dénoncé cette posture, qui ne prend pas en compte les luttes, passées et actuelles, contre l’exploitation et l’aliénation dans la société capitaliste : « On reste dans la perspective que le pouvoir est l’ingrédient de base de toute chose, qu’il n’existe aucune échappatoire à un système totalisant. »
Dans ce monde désertique, il n’existe plus de valeurs, plus de valeurs universelles. Chaque individu peut cumuler plusieurs discriminations (noir, homosexuel, âgé…), que l’« intersectionnalité » est chargée de relier tant bien que mal. Isolé dans la multitude, il doit se bricoler une identité « floue », liée à la façon dont il se perçoit lui-même.
Le camp « décolonial », avec notamment les « Indigènes de la République », utilise les concepts de « racisation », « blanchité », « fragilité blanche », et affirme la permanence en chaque blanc de l’être colonial, notion essentialiste. Descartes est à mettre aux oubliettes, car « la maîtrise de la logique est un privilège blanc »...
Dénonçant l’émergence de ces théories, qui séduisent notamment les gauches « radicales », Renaud Garcia, philosophe de tradition anarchiste, avait publié il y a six ans, à L’Échappée, Le Désert de la critique : déconstruction et politique, qui avait eu un écho important, notamment chez les « déconstructeurs » de tous bords qui l’ont compris comme une menace.
Constatant la présence grandissante de ces « nouveaux chiens de garde de la post-pensée » (Freddy Gomez), l’ouvrage est aujourd’hui disponible en édition de poche, complété d’une préface de 60 pages.
– À contretemps /En lisière/novembre 2021 –
[http://acontretemps.org/spip.php?article879]
Pour échanger avec l’auteur, étaient présents, en ce 1er novembre 2021, au studio de Radio Libertaire :
L’émission est écoutable et téléchargeable : https://trousnoirs-radio-libertaire.org/sons/502_1nov2021.mp3
Les commentaires sont modérés avant d’être visibles et n’apparaissent pas directement après les avoir proposés.
Les objectifs de commentaires sont :
compléter l’information donnée dans la contribution
apporter un argument ou contre-argument à la contribution
apporter une interrogation ou un questionnement par rapport au sujet de la contribution.
Tout commentaire ne répondant pas à un de ces trois objectifs, ou étant contraire aux précédents points de la charte sera supprimé définitivement du site.