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Apologie de la spécificité associative
envoyé le 07/02/22 Mots-clés  religions & mysticisme  

Au sujet du « sectarisme » (intrinsèquement) anarchiste

« […] ...L’Internationale a été fondée pour mettre à la place des sectes socialistes ou semi-socialistes l’organisation réelle de la classe ouvrière. […] l’Internationale ne pourrait se maintenir si la marche de l’histoire n’avait pas déjà pulvérisé le monde des sectes. […] Tant que les sectes se justifient (historiquement), la classe ouvrière n’est pas encore mûre pour un mouvement historique indépendant. Dès que celle-ci est arrivée à cette maturité, toutes les sectes sont essentiellement réactionnaires. […] l’histoire de l’Internationale a été une lutte continuelle du Conseil général contre les sectes […] A la fin de 1868, le Russe Bakounine est entré dans l’Internationale avec le but de constituer au sein de celle-ci une deuxième Internationale ayant lui pour chef, sous le nom d’« Alliance de la démocratie socialiste ». Lui — homme sans aucun savoir théorique — prétendait représenter dans chaque corps particulier la propagande scientifique de l’Internationale et faire de cette propagande la mission spécifique de cette deuxième Internationale au sein de l’Internationale. Son programme était un micmac superficiellement formé de rafles à droite et à gauche […] athéisme imposé comme dogme aux associés, etc. et, comme dogme principal (proudhonien), abstention du mouvement politique. Ce conte d’enfant trouva de l’écho (et a encore quelque consistance) en Italie et en Espagne […] et parmi quelques doctrinaires vaniteux, ambitieux et creux en Suisse romande et en Belgique. […] Les résolutions 1, 2, 3, et IX donnent maintenant au Comité de New York les armes légales pour mettre fin à tout ce qui est sectes et groupes d’amateurs, et, en cas de besoin, pour les exclure. [...]"
K. Marx
Lettre à Friedrich Bolte
23 novembre 1871 [1]

Depuis la défaite de l’anarcho-syndicalisme espagnol, la réitération est un fait fréquent dans le contexte confus dans lequel se produit péniblement la vie du dit « mouvement anarchiste ». [2] Comme s’ils’agissait d’Un jour sans fin [3], nous sommes condamnés à répéter la même expérience de façon indéterminée. Encore et encore, les déplacements idéologiques et les conceptualisations étrangères se font présents dans nos milieux. Ainsi – de nouveau -, émergent dans le débat les notions de « secte », « sectarisme » et « sectaire ». Nous n’avons pas la moindre possibilité d’échapper à ce cercle vicieux. Tout comme Phil Connors (Bill Murray) dans la célèbre comédie, tous les jours ils nous répètent la même chanson (à six heures du matin !), nous obligeant à nous répéter dans un cycle infini duquel pas même le suicide ne nous sauve.

Peut-être que, pour qui vient des dites « gauches » - qui ont heureusement évolué vers des positionnements « libertaires »- et qui partage aujourd’hui côte à côte la même barricade, ces imprécations ont toujours été là, à portée de main. Prêtes à être invoquées à la moindre provocation. Ils considèrent donc que de telles gros mots font partie de notre vocabulaire ou qu’ils s’inscrivent dans une sorte de vocabulaire universel dont nous devons nous servir par obligation.

Pour les compagnon-ne-s qui sont dans la lutte depuis un moment, la sensation de déjà-vu que provoque la remastérisation de cet opéra bouffe est inévitable. En effet, ça n’est pas la première fois que nous devons affronter ces épithètes et, définitivement, ça ne sera pas la dernière. Ils répètent des mantras invoquant l’« écrasante marche de l’histoire » (dixit saint Charlie de Trèves). Le triste constat c’est que cette liturgie a lieu, y compris, dans les replis de la praxis – vive et active aujourd’hui – de la Tendance Informelle Anarchiste (TIA). Une tendance où les pratiques uniformisantes n’ont pas leur place, tout comme la répétition ; c’est-à-dire, les tentatives frontistes téméraires, les tentatives d’« unité tactique » et de « responsabilité collective ».

La TIA se renforce dans la critique et le conflit permanent avec toutes les formes et stratégies du pouvoir ; dans l’expérimentation constante et la recherche inlassable de la libération totale ; au sein de la guerre contre tout l’existant à travers des pratiques continues de l’insurrection individuelle. Tout cela devrait se comprendre comme une tension constante – et pas une réalisation-, encouragée par ceux qui ne laissent pas de place aux espoirs de Révolutions salvatrices ni aux régimes à venir et qui mettent de côté TOUTE la mythographie. Conscients que l’Anarchie ne peut pas être réduite à « l’assaut du ciel » du XIXème siècle ni à la démodée « transformation » de certaines structures ; et encore moins à l’instauration d’un système de (auto)gouvernement ni au mode d’(auto)gestion de la production. Entendez par là : les pratiques onanistes autour du Communisme libertaire.

Cependant ces annotations ne doivent pas s’envisager comme un pontificat qui s’exerce depuis le confort de la neutralité et/ou de l’abstraction idéologique, mais elles aspirent à être une réaffirmation de principes profondément autocritique. Moi aussi (à un certain moment de ma vie) je suis tombé dans le piège de “l’unité tactique” et j’ai renié notre “sectarisme” au nom de “l’unité des luttes révolutionnaires”, dont la concrétisation se trouvait être le desiderata des réflexions de l’époque. Il suffit d’une rapide lecture des divagations frontistes de Guillén [4], pour déterminer la taille monumentale des altérations des années 60, 70 et même 80, du nouvel “anarchisme révolutionnaire”, fortement influencé par l’Autonomie léniniste. [5]

Mais ces expériences qui nous semblent aujourd’hui totalement absurdes – à quatre décennies de distance - , n’étaient pas le produit de la répétition. Bien au contraire, elles prétendaient réorganiser le champs de compréhension y de signification d’une cosmovision anarchiste qui affrontait des déplacements et des mutations conceptuels à la recherche de conditions favorables qui leur permettraient d’abandonner l’immobilisme auquel le “mouvement” avait été condamné. Ainsi s’affrontait une transformation sociétale avec des changements profonds dans la configuration de classes, des acteurs et de potentiels “sujets révolutionnaires” ; dans un contexte où le travail commençait à perdre sa condition centrale [6]. L’État lui-même s’éloignait de ce rôle vigoureux sur lequel se basait le principe d’autorité, traversant un processus de redéfinition de son rôle historique.

À la lumière de ces évènements, la réapparition de l’impertinence anarchiste a encouragé un ensemble de pratiques transgressives imprégnées d’hédonisme – avec son goût indéniable pour la liberté intransigeante, son esprit insurrectionnel obstiné et son talent parricide -, qui ont remplacé immédiatement et sans trop de mauvaise conscience les modèles ascétiques y sacrificiels des organisations traditionnelles (que ce soit les syndicats libertaires, les fédérations de synthèse ou les partis spécifistes), animées par l’informalité et le plaisir de l’action anarchiste. En même temps qu’elle attestait de l’effort urgent de se différencier, réfuter et même faire sécession avec l’hégémonie révolutionnaire de l’époque(définie par l’orthodoxie marxiano-leninoïde), soulignant les éléments de distinction théorico-pratique qui font de nous, depuis des temps immémoriaux, une « secte » ; c’est-à-dire une espèce distincte et une expression radicale de rupture ; ce qui nous a permis de toujours reconnaître et développer notre singularité.

Cette hérésie nous a donc rendu digne, comme elle l’avait fait avant et le refait aujourd’hui, de la désignation de « sectaires ». C’est-à-dire, ceux qui alimentent la « doctrine qui se tient à l’écart de l’orthodoxie » ou qui s’en «  coupent ».

Cette accusation nous est non seulement imputée depuis la vision ecclésiastique totalisante du fascisme rouge qui soumettait les luttes de ces années-là, mais elle était aussi invoquée à travers les altérations pragmatiques de l’anarcho-léninisme, en harmonie impudique avec la grammaire du frontisme anti-impérialiste. Malheureusement, de nombreux compagnons et compagnonnes ont déguerpi de notre « secte » en brandissant des drapeaux d’autrui et on rejoint l’enclos de l’« Église ». Certains ont offert leurs vies, imprégnés de foi, en renforçant des dictatures ; d’autres militent aujourd’hui dans des partis électoraux comme le Parti pour la Victoire du Peuple [7]. Bien entendu, au-delà de leurs prétentions hégémoniques, ces « options » idéologiques et organisatrices – planifiées dans chacun de ces milieux-, étaient trop apparentées avec la spécialisation avant-gardiste, le réformisme social-démocrate et la démagogie populiste (selon les cas), pour que les « sectaires » d’hier, d’aujourd’hui et de toujours ne les considérions attirantes.

En consultant le dictionnaire : concepts et définitions au sujet du « sectarisme » [8]

D’après le Dictionnaire d’usage de l’espagnol de María Moliner [9], on désigne :

Secte
 : doctrine enseignée par un maître et suivie par ses adeptes. Particulièrement, la doctrine et l’ensemble de ses adeptes. desp. Doctrine considérée fausse, ou qui se sépare de celle qui est traditionnelle ou officielle, et, en particulier, celle qu’on considère pernicieuse pour ses adaptes. « secte destructrice ». Ensemble des adeptes d’une secte.
Sectaire : (adv. Sectairement) 1 adj. et nom (de) suiveur d’une secte. 2 S’applique à celui qui suit fanatiquement une doctrine, et son attitude, opinion, etc. *Intransigeant, partisan.
Sectarisme : m. qualité ou attitude de sectaire.

Si nous consultons le Dictionnaire Étymologique Indo-européen de la Langue Espagnole, celui-ci nous révèle que le substantif « secte » (sectam) est le féminin d’un participe obsolète du latin sequor (suivre) qui vient de la racine indo-européenne * sekw-. [10] Le Oxford Latin Dictionary concorde aussi avec cette acception. [11] Et le Dictionnaire Théologique Encyclopédique cadre avec le même registre ; celui-ci conclut que « la secte a comme premier point de référence, pas encore une doctrine particulière, mais […] l’appartenance à un groupe avec une identité définie et distincte du milieu social plus large […] L’opposition s’exprime alors sur le plan de la doctrine, de la morale, du rituel et de la discipline et de la structuration du groupe ». [12]

Cependant, concernant cette interprétation il y a de forts désaccords, vu que la racine indo-européenne sek a en réalité trois significations qui donnent lieu à trois verbes latins : 1. secare(couper), 2. sequor (suivre), 3. siccare (assécher). Ce dernier vient du vocable latin siccus (« sec ») qui a une racine indo-européenne très différente (*seik). Toutefois, secare ou sectum (« couper »), d’où dérive le vocable latin sectio (secteur/section/segment) semble en effet être en lien avec le terme latin et castillan « secte », de même que les verbes sequor, sequi, sequire (« suivre », « poursuivre », « séquence »). Dans ce sens, le Dictionnaire étymologique de la langue Latine. Histoire des mots d’Alfred Ernout et Antoine Meillet, nous propose une vraie « solution » en combinant les verbes sequor (suivre) et siccus (« sec »), en concluant que secte pourrait plutôt dériver du fréquentatif verbal sector [13]. À ce sujet, un point demeure curieux, c’est que le substantif féminin « sédition », qui vient du latin seditio, seditionis (« éloignement », « séparation », « mise à l’écart d’un pouvoir établit ou d’une marche commune », d’où vient aussi « soulèvement »), bien que dérivé d’une racine indo-européenne complètement différente (*ei, qui signifie « aller »), garde une relation conceptuelle étroite avec la notion de « secte » comprise comme la « doctrine qui s’écarte de l’orthodoxie » ou se « coupe de ce qui est établi ».

Dans le contexte religieux, ces nominatifs (« secte », « sectaire » et « sectarisme ») sont largement documentés dans la religion juive. Concrètement, à leur retour de l’exil (au VIème siècle av. JC) l’idée d’un Dieu unique s’est popularisé parmi les israélites et, par cette conception monothéiste on a commencé à nommer « secte » ou « faction » tout groupe qui s’éloignait de l’hégémonie religieuse, la considérant comme « une pratique déloyale ». Dans le même ordre d’idées, on voit dans la Bible que des factions du judaïsme sont mentionnées comme sadducéens, pharisiens, nazaréens et chrétiens. En s’éloignant des idées orthodoxes et des pratiques du judaïsme on les a appelé « sectaires ».

Cette épithète s’est affirmé encore plus dans le cadre du monopole du catholicisme intégriste. L’Église catholique se considère comme « la seule société universelle instituée par Jésus Christ qui ait le droit légitime à la loyauté de tous les hommes », ce par quoi elle s’affiche comme « la seule gardienne de tout l’enseignement de Jésus Christ, qui doit être accepté dans sa totalité par toute l’humanité ». [14] En se déclarant détentrice de la « vérité universelle », toute dissidence était conçue comme un positionnement « sectaire » et condamnée comme « hérésie ». De cette façon, le gnosticisme, le manichéisme, l’arianisme, les cathares, les hussites et le protestantisme qui viendra, seront considérés comme « sectes hérétiques » dans les Épîtres du Nouveau Testament. Particulièrement dans l’Épître aux Galates (5,20), sont désignées « les disputes, les divisions, les sectes » comme « œuvres de la chaire » et Siméon Pierre (alias Saint Pierre), dans son Deuxième Épître (2,1) met en garde contre les « faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses ». [15]

Parmi les confessions « protestantes », en particulier en Allemagne et au Royaume Uni, où existent des églises étatiques ou des églises nationales (comme c’est aussi le cas de l’Église Nationale d’Islande ou de l’Église du Peuple Danois), on qualifie également de « secte » toute dissidence. L’obéissance à l’autorité civile en matière religieuse est une condition préalable, qui conduit à affirmer que seul « le prêche de la Parole de Dieu pure et sans mélange, l’administration légitime des Sacrements et l’identification historique avec la vie nationale d’un peuple, donne le droit à être considéré comme Église ; en l’absence de ces prérequis il n’y a rien de plus qu’une secte ». [16]

Les anabaptistes eux-mêmes, l’un des mouvements millénaristes chrétiens qui ont le plus refusé la catégorisation de « secte » et qui, paradoxalement a été traité comme tel – par les églises catholiques, luthériennes, anglicanes et russes orthodoxes, parmi d’autres -, en imposant le communisme à Münster [17], ont durci les persécutions sur les « sectaires » en démonisant les exogroupes ; c’est-à-dire, toute dissidence au régime. Cette ville-État théocratico-communiste – tant défendue par Tolstoï dans sa conception délirante de l’anarchisme – s’est transformé en un enfer et purgatoire pour les « sectaires » au nom des « fantasmes d’une lutte finale et destructrice contre les « puissants » et d’un monde parfait dans lequel les intérêts égoïstes seraient abolis pour toujours ». [18]

En examinant certains glossaires de terminologie socio-politique, on constate que les notions de « secte », « sectaire » et « sectarisme » se sont toujours inscrites dans un esprit péjoratif peu importe les filiations conceptuelles de leurs auteurs. Apparus sur le terrain des confrontations religieuses, ces vocables sont devenus « adaptables » et se sont transplantés -avec toute la connotation axiologiquement négative – sur une large diversité de terrains idéologiques. Ainsi ils se sont introduits dans le lexique politique, prenant une grande importance dans le vocabulaire marxien au XIXème siècle. Il y a cependant des preuves de son usage (ou abus) au XVIIIème siècle. En témoigne l’antisémitisme enragé des plus célèbres des philosophes des Lumières. Dans son [19] [20] (1756), Voltaire se déchaîne en donnant une autorité « intellectuelle » au racisme et s’en prend de façon haineuse à la « secte juive ».

Pour l’auteur de L’envie : une histoire du mal, le sociologue Helmut Schoeck, les termes « secte » et « sectarisme » possèdent un « sens péjoratif, dû au fait que les sectes ont toujours été en opposition aux groupes majoritaires » (c’est moi qui met en italique). [21] Son homologue Karl-Heinz Hillman, ne réfute pas du tout cette définition en précisant que la « secte » est une « communauté religieuse ou politique qui, en s’opposant à une organisation sociale plus importante (confession religieuse, parti) se sépare d’elle » (les italiques sont de moi). [22] Tandis que le Vocabulaire technique et scientifique de la politique d’Arlotti confirme l’interprétation qui nomme « secte » (dans sa première acception) « l’ensemble de personne qui professent une même doctrine ». Et, « B. Dans un sens particulier, plus courant et toujours plus péjoratif, on dit d’un groupe d’hommes qui adhèrent strictement à une doctrine très précise, et dont l’adhésion crée des liens forts entre eux, en même temps qu’elle les sépare des autres » (les italique sont de moi). [23]

Dans le domaine de la sociologie de la religion on distingue différents types d’organisation religieuse (église, confession, culte et secte), bien que cela n’est pas évident de les définir et de les délimiter. De telle sorte que non seulement on tombe sur différentes significations du mot « secte », mais on trouve aussi différents usages du terme. Max Weber, dans son édition révisée de L’éthique protestante et l’Esprit du capitalisme (1920), a approfondi l’opposition binaire entre « Église » et « secte ». Il définit l’« Église » comme un « institut de grâce qui administre des biens religieux de salut comme une fondation fiduciaire dont l’appartenance est (idéalement) obligatoire ». (les italiques viennent de l’original). [24] Tandis qu’il décrivait la « secte » comme « une association volontaire intégrée exclusivement par des personnes (idéalement) qualifiées dans le sens éthico-religieux, qu’on intègre volontairement si cela est accepté selon la confirmation religieuse ». [25] Ou, ce qui revient au même, il décrivait « l’Église » comme une institution de salut qui privilégie l’étendue de son influence et la « secte » comme un groupe contractuel qui met l’accent sur l’intensité de vie de ses membres. Pour cela, « pour son sens et essence il faut renoncer nécessairement à l’universalité et se baser sur l’accord libre de ses membres ». [26]

Weber soulignait de cette façon l’opposition entre l’idéal orthodoxe et hétérodoxe ; considérant l’orthodoxie comme une structure organisatrice et doctrinaire monopolistique qui privilégie son hégémonie (« Église ») et la perspective hétérodoxe de ceux qui, par des interprétations diverses et variées, ne veulent pas faire partie d’un tout et s’associent librement (« secte »). Dans ce sens, il se réfère à l’« ecclesia pura » que cherche la « secte » par opposition à l’« Église ». Selon cette réflexion weberienne : « La secte se retrouve dans l’idéal de l’« ecclesia pura » (d’où le nom de « puritains »), […] au sein de laquelle sont exclues les brebis galeuses afin qu’elles n’offensent pas le regard de Dieu ». Raison pour laquelle elle « rejette les indulgences ecclésiastiques et le charisme officiel ». [27]

Le sociologue et théologue protestant Ernst Troeltsch – qui a été disciple de Weber -, dans ses efforts de perfectionner la typologie weberienne, a distingué les divergences (entre « secte » et « Église ») des objectifs. Dans ce but il a fait remarquer l’habilité de l’Église à s’adapter à la société, établissant des liens d’« accords avec les États ». À l’inverse il a trouvé que la « secte » s’écarte de la société et refuse l’adaptation et le dialogue, renforçant « sa remise en question de l’ordre social ». Troeltsch est tout à fait d’accord avec les réflexions de son maître et collègue qui affirment que « L’église est une institution » ; de la même façon qu’il s’accorde sur le fait de considérer la « secte » comme une « société volontaire ». [28] Cependant, il rajoute à son analyse la catégorie de « mysticisme » . Ce qui pour Troeltsch « conduit à la création de groupes sur une base purement personnelle, avec une forme non permanente, qui tend aussi à fragiliser autant le sens des formes de culte et la doctrine que l’élément historique » (les italiques sont de moi). [29]

Dans le même sens, cela confirme les objectifs de l’Église marxienne. Ce n’est pas un hasard si sire Friedrich Engels parachève son introduction aux Luttes de classes en France par une analogie entre le développement de l’idéologie marxienne et l’essor des chrétiens dans l’Empire romain (passer de la secte à la religion d’État)29. De telles considérations nous montrent clairement comment sire Friedrich (principal investisseur et fondateur de l’Église marxienne) a imaginé l’hégémonie dans l’État et la société. De cette façon l’idéologie marxienne triompherait parce que ses idées, valeurs et objectifs seraient les idées, valeurs et objectifs dominants, imposés à travers la religion d’État. Une fois atteinte « cette maturité, toutes les sectes deviennent essentiellement réactionnaires  » (dixit Saint Charlie). Autrement dit, l’hérésie anarchiste (équivociste) aurait la condamnation ecclésiastique méritée. De telle sorte que toute sa radicalité serait extirpée, sa passion stérilisée et ses pratiques castrées ; envoyant le « sectaire » à l’ostracisme, au bûcher, à l’asile.

L’Église marxienne contre le « sectarisme » anarchiste

La grammaire anti-sectaire a atteint son plus haut niveau à travers les spasmes post-accouchement de la Première Internationale entre 1864 et 1872. Même si au cours de ses premières années les divergences conceptuelles entre proudhoniens, blanquistes, lassalléens et marxistes s’étaient réglées sans crises majeures au sein de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) ; en 1868 les tensions se sont multipliées avec l’intégration de Bakounine et un grand nombre de ses proches. Les anarchistes allaient jusqu’à détruire tout l’onanisme économique de saint Charlie et de ses acolytes, ciblant le « plus grand mal ». C’est-à-dire, l’État (en particulier) et toute autorité (en général). Ainsi ils ont proclamé leur plus grande spécificité théorique sur l’hypothèse que la propriété ou, de façon générale, la relation avec les moyens de production, n’était pas le seul et exclusif facteur de domination de « classes », mais que les instances de domination elles-mêmes – et plus particulièrement l’État – étaient des mécanismes générateurs de groupes sociaux qu’il était possible de considérer comme privilégiés.

Pour couronner le tout, les anarchistes défendaient becs et ongles la pleine autonomie des différentes sections de l’AIT face au centralisme statutaire du Conseil Général. Ce positionnement provoquera la rupture définitive avec les marxistes au cours de la célébration du Vème Congrès de l’Association en 1872. Les postures théorico-pratiques étaient irréconciliables et remarquablement antagoniques. Pour saint Charlie, l’Internationale devait être l’organe centralisateur et dirigeant du « mouvement » ; tandis que pour l’anarchiste russe et ses proches, cela devait être une conspiration planétaire dépourvue d’organe de direction, centrée sur l’individu concret et sa liberté ; capable d’éradiquer de la face de la terre toute autorité, y compris celle qui s’établirait au nom du prolétariat. En plaçant la liberté individuelle et l’association volontaire et autonome avant le « développement historique de la société » ils vont recevoir la condamnation éternelle de l’Église marxienne et vont être accusés de « sectaires » ; devenant la cible de la colère de saint Charlie et de ses fervents sacristains.

Cependant, l’utilisation de l’appellation « sectaire » comme synonyme d’anarchiste était déjà depuis longtemps dans la terminologie marxienne. Dans les pages du Manifeste communiste (1848), autant saint Charlie que sire Friedrich donnent des preuves évidentes de leur condamnation des « sectes réactionnaires ». Pendant la Commune de Paris le lexique anti-sectaire a été élargi contre « Herr Bakounine » et ses proches, qui s’opposaient à la formation d’un « parti ouvrier », à la prise du pouvoir par la « classe travailleuse » et à l’établissement d’un « gouvernement prolétaire ». C’est précisément cette stratégie autoritaire que va adopter la nouvelle alliance entre blanquistes et marxistes, donnant preuve de cela lors de la Conférence de Londres en septembre 1871. [30] Durant cet équinoxe d’automne (boréal), Édouard Vaillant et Constant Martin, avec d’autres opposants de renom du parti blanquiste exilés à Londres, vont incriminer le « sectarisme bakouniste » avec la même rage que saint Charlie. Cette ambiance va chauffer les esprits de la sixième section de la Conférence, pour s’attaquer à l’Alliance anarchiste [31], les accusant d’agir au détriment du développement de l’Internationale, avec l’intention sectaire de « promouvoir l’abstention politique et l’athéisme » comme principes fondamentaux de l’Association. [32]

Dans une lettre adressée à Theodor Cuno, datée à Londres du 24 janvier 1872, sire Friedrich charge, sur un ton railleur, l’intrigant « Bakounine » et son cercle de « sectaires » [33]. Dans la même missive il se montre optimiste et convaincu qu’un processus évolutif était en train de favoriser le progrès du capitalisme dans la plus grande partie du monde, ce qui accentuait l’antagonisme entre les capitalistes et les ouvriers salariés et avec cela l’émergence inévitable d’une conscience de classe chaque fois plus homogène, tenant pour acquis que cette conséquence mettrait fin au capitalisme, conduisant à ce que l’« État s’effondre par lui-même » dans le cadre du développement inexorable de l’histoire. Mais ni les thèses de saint Charlie ni les prognostiques de son mécène sire Friedrich se sont avérées justes par la suite des évènements ; corroborant que le « progrès » et l’« évolution sociale » sont une piètre invention de l’Église marxienne, un fantasme qui se métamorphose et se multiplie, adoptant de nouvelles façons de reproduire encore la même chose.

En effet, l’expansion illimitée d’un processus d’« évolution sociale » et le « développement inexorable de l’histoire », [34] sont le dogme central de la religion marxienne. Leur foi irréfléchie dans le progrès humain n’a pas de limites. Pour l’éternel locataire de Highgate [35], l’animal humain élargirait son pouvoir à travers la force motrice du progrès technoscientifique – grâce à l’évolution éthico-politique - , transformant l’Humanité en un authentique être suprême à vénérer pour des siècles et des siècles. Cette perception positiviste et évolutionniste de l’histoire est la spécificité de fond de la religion marxienne, ce qui nécessite un acte de foi bien plus important que la foi qu’exige n’importe quelle autre religion. D’où leurs prédictions sur la substitution du « gouvernement de hommes » par l’« administration des choses » une fois le paradis terrestre atteint, c’est-à-dire, le communisme : « la solution de l’énigme de l’histoire ». [36]

Bien entendu, n’importe quelle perception qui s’éloigne de cette vision monothéiste [37] est un sacrilège qui affaiblit tant le sens de la structure organisatrice que les formes monopolistique de culte et doctrine, devenant garant de la condamnation de l’Église marxienne pour son « essence réactionnaire ». Cela met automatiquement toutes les positions critiques, divergentes et/ou clivantes dans la catégorie de « sectes ». Si bien qu’elles se situent hors du temps et de l’espace, dans un mouvement asynchrone avec la « tendance historique de l’unité du mouvement prolétaire » et, par conséquent, étranger au « monde réel ».

Une contradiction présente dans la doctrine marxienne saute particulièrement aux yeux, comme une constante, au sujet de la critique de l’histoire et la tentation téléologique [38] sur l’accomplissement inexorable du développement objectif. Dans sa façon de concevoir l’histoire – comme un mouvement dirigé vers un objectif universel – il y a l’idée sous-jacente d’un développement téléologique qui attribue une intention prédéterminée à l’histoire. Ce qui met en évidence la réincarnation de la théodicée [39] chrétienne dans le mythe de l’Humanité avec une majuscule. Ainsi, le récit de la rédemption divine a été substitué par celui du progrès à travers les efforts de l’animal humain transmuté en agent moral collectif ; nous confirmant que la petite histoire marxienne de l’« autoréalisation humaine » repose sur le mythe apocalyptique et correspond au verbiage de Jésus annonçant la fin du vieux monde et la venue d’un nouveau monde qui s’établirait à sa place.

Dans son excellent livre Les Fanatiques de l’Apocalypse, Cohn résume les traits qui définissent la religion marxienne : « ce que Marx a apporté au mouvement communiste n’est pas le fruit de ses nombreuses années d’étude dans les champs de l’économie et de la sociologie, mais un fantasme presque apocalyptique [...] ». [40] Sans aucun doute, saint Charlie a recyclé les perceptions apocalyptiques en des termes scientifiques, les transformant en métaphores des espoirs rationnels qui ont inspiré les fascismes rouges, bruns et noirs. Une approche dont un certain anarchisme -héritier du rationalisme – est bien trop redevable.

En défense du « sectarisme » anarchiste

La religion marxienne s’est imposée en Russie à sang et à feu avec le coup d’État bolchevique. Vladimir Ilich Ulianov (alias Lénine) se chargera de canoniser le dogme -glorifiant son caractère métaphysique avec des prétentions ontologiques et métahistoriques – et de le mettre en place en tant qu’instrument disciplinaire et outil de domination. Comme il ne pouvait en être autrement, la foi institutionnelle a produit son lot de sacerdotes qui, au final, se sont avérés être « plus papistes que le pape » ; atteignant le paroxysme dogmatique avec l’ascension de l’orthodoxie soviétique postérieure à 1930 et le développement des écoles qui ont adhéré au stalinisme (comprendre ici : la majorité des courants marxiens qui se sont implantés dans le dit Tiers monde). Assurément, dans un tel contexte la « lutte contre le sectarisme » [41] s’est exacerbée dans la défunte Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS).

Les procès-cirques, les emprisonnements massifs, la surveillance étatique et les exécutions extrajudiciaires – à travers la Tchéka [42] – ont été la réponse au « sectarisme » en terre des « Soviets » durant 70 ans de fascisme rouge. Des milliers d’anarchistes, de marxiens critiques, de mencheviques, de sociaux-révolutionnaires et autre « sycophantes » ont été jetés dans les camps de concentration crées par Trostsky, accusés de « sectarisme ». C’est dans ces mêmes camps d’extermination que vont purger leur peine les survivants du massacre de Kronstadt, sous la même accusation. En Allemagne de l’Est, en Albanie, en Bulgarie, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Pologne, en Roumanie, en Chine, en Corée du Nord, en Mongolie, à Cuba, au Cambodge et en Éthiopie, les « sectaires » ont été l’objet de persécutions et ont même été assassinés des mains de leurs respectifs États/églises.

Le destin des « sectaires » n’a pas été (et n’est pas) différent dans les diverses armées guérilleras et/ou partis armés. En Afrique, en Asie et en Amérique Latine, les exemples irréfutables qui le corroborent ne manquent pas. Le « sectarisme » et ses équivalences (« factionnalisme », « divisionnisme », « diversionnisme » et « fractionnalisme ») - toujours comparés à la « trahison » du dogme marxien – sont des « délits qualifiés » expiés par la mort. Le rite abondant de la peine capitale contre leurs militants, pour avoir commis de telles « fautes », est généralement justifié par ces organisation autoritaires en tant que « peine disciplinaire qui vise à éduquer et organiser les masses ». De fait, ces « arguments » comptent sur le soutien de la pédagogie marxienne contemporaine ; Paolo Freire lui-même - faisant étalage de son attachement à la doctrine de saint Charlie -, rapporte que le sectarisme « a une racine profondément émotionnelle et acritique ; il est arrogant, contre le dialogue et donc contre la communication. Il est réactionnaire […] le sectaire ne crée rien, parce qu’il n’aime pas » (les italiques sont de moi). [43]

Ce « délit », susceptible de l’ultime supplice à l’intérieur des organisations de guérilleras, est fréquemment la « raison » invoquée pour condamner les désaccords théorico-pratiques dans les « procès révolutionnaires ». Au fil des années, d’innombrables assassinats (pas seulement par exécution) se sont accumulés dans des milieux guerilléros, sous l’accusation de conduites « factionnalistes », « divisionnistes », « diversionnistes », « fractionnalistes » ou « sectaires » ; comme ce qui s’est passé en 1967 en Colombie contre des militants de l’Armée de Libération Nationale (ELN) [44], ou le vil assassinat en 1975 du poète Roque Dalton au sein de l’Armée Révolutionnaire du Peuple (ERP) – accusé d’abord d’« agissements sectaires » et calomnié ensuite comme « agent de la CIA » et ; le massacre de 164 guérilleros à Tacueyó, exécutés par ordre des commandants de l’un des Fronts des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), tristement célèbre pour sa spectacularisation. [45]

La « lutte contre le sectarisme » ne s’arrête pas non plus à l’intérieur des prisons. La chasse aux « sectaires » continue derrière les murs et les barreaux, ce qui fait que nous devons faire attention non seulement à la répression des matons de la domination mais aussi au coup de poignard « compagnon ». En règle générale, ceux qui pensent différemment du dogme marxien (presque toujours dominant parmi ceux appelés « prisonniers et prisonnières politiques ») deviennent la cible de harcèlement s’ils n’adhèrent pas à l’Église prédominante. Cette persécution ne s’applique pas uniquement aux individualités qui se revendiquent ouvertement anarchistes mais inclut les membres même de ces partis armés qui sont surveillés constamment afin de détecter chez eux des comportements « factionnalistes » « divisionnistes », « diversionnistes », « fractionnalistes » ou « sectaires ». Dans ce domaine, le Parti Communiste du Pérou – Sentier Lumineux (PCP-SL) a mis un soin particulier à appliquer ses « instruments disciplinaires » à l’intérieur des prisons. La dite « inspection hiérarchique », l’« examen idéologique », les « sanctions normalisatrices » et les « punitions » sont quelques-uns des outils les plus fréquents employés pour corriger le « sectarisme ».

Même si l’horreur fasciste du PCP-SL mérite d’être incluse dans le Guinness des records, l’utilisation de ces « dynamiques » ne se limite pas à la daube maoïsto-indigéniste ni ne se limite à la région latino-américaine. Dans le vieux continent aussi on voit s’accumuler les exemples d’organisations autoritaires avec des agissements identiques. Ce qui nous confirme – une fois de plus – que le « sectarisme » se persécute seulement par la grammaire du pouvoir. C’est-à-dire, depuis la logique dogmatique et écrasante de la pensée hégémonique que nous avons toujours confrontée depuis la perspective anarchiste.

C’est pour cela qu’il est étonnant que certains se déclarant anarchistes aient recours à la condamnation du « sectarisme » comme moyen de fuir le débat avec les compagnons et compagnonnes qui sont en désaccord (sincèrement et publiquement) avec leurs acrobaties et ajustements théorico-pratiques. Mais cela surprend d’autant plus que certains s’inquiètent de partager des milieux avec des « sectaires » alors que la présence de violeurs réputés dans nos environnements ne les dérange pas. On remarque que les positions « puristes » gênent tandis qu’on succombe au culte de la « pratique pour la pratique » sans faire de grandes distinctions entre fascistes et compagnons. Cela semble invraisemblable que ceux qui ont été capables d’identifier l’« autisme » chez certains insurgés – incapables de réagir face aux évènements et d’abandonner la paralysie – souffrent aujourd’hui de « bipolarité » sévère au point d’oublier tout ce qu’ils ont été, renonçant à la passion et à son venin au nom d’alliances politiques et de fronts unitaires.

C’est déplorable que au lieu de réfuter une certaine théorie ou une pratique spécifique avec des arguments, on a tendance à disqualifier a priori en utilisant une kyrielle de clichés gauchistes qu’on considérait bannis de nos cercles. C’est la vieille supercherie de l’« épouvantail ». Ils prétendent contrer un argument à travers l’imposition d’une idée qui sort du cadre du débat, et ainsi ça leur permet d’éviter d’aborder le sujet de fond en attaquant le bonhomme de paille. Cela rend triste de voir un tel mépris pour le débat et ce refus de réfléchir. L’usage d’exemples moraux et sentimentaux fait de la peine. Et c’est inquiétant de voir que de tels obstacles subsistent. Ce qui est paradoxal c’est qu’ils se présentent comme le « nouvel anarchisme » tout en ayant tellement de similitudes avec l’ancien.

J’espère que tout cela ne devienne que des sensations momentanées face aux pressions constantes du milieu et les hauts et les bas de la guerre anarchiste. Des lapsus propres aux transformations individuelles ; une sorte de faux pas fugace qui disparaît une fois que nous reprenons le chemin noir de l’Anarchie et attisons nos principes.

Identifier la « pratique » comme un lieu de rencontre « avec les autres (pas nécessairement anarchistes) » [46], où l’on a « enrichi et renforcé nos visions et capacités » [47] et privilégiant les « liens à partir de pratiques communes avant de le faire par étiquettes vides ou slogans répétés » [48], c’est réduire la guerre anarchiste à la politique. Chercher des alliances qui offrent des « possibilités de croître » [49], ne contribue qu’à exalter la « loi du nombre ». En effet « sur du papier on peut tout écrire » [50] : ils pourraient nous affirmer que ces alliances ne s’établissent pas de « façon indiscriminée » ou qu’on prend en compte un certain « type de filtre » à l’heure de les former mais, concrètement, ceux qui se sont « aventuré à parcourir les chemins du conflit » et qui ne vivent pas de « rêveries face à l’ordinateur » [51], nous avons appris au cours de la lutte que les « alliances pratiques » - certainement des « alliances tactiques » dans les faits – demandent la plus grande naïveté, ou l’ajustement politique le plus éhonté par ceux impliqués. Conscient que la « révolution politique » ne produit que de nouveaux dirigeants, de nouveaux pactes sociaux et de nouveaux États, Bakounine a toujours misé sur le fait de se passer de la politique.

Rester enlisés sur le plan « pratique » met en évidence le manque de pensée propre et, surtout, l’absence de praxis. Abandonner le champs de l’élaboration théorique en faveur de la « pratique » c’est se rendre par avance – comme des marionnettes – aux mouvements du pouvoir. C’est nous mettre à la merci de l’ennemi ; c’est donner la victoire anticipée au fascisme (noire, brun ou rouge). La pratique et la théorie, depuis la perspective anarchiste, sont inhérentes. L’une nourrit l’autre. C’est justement dans ces deux dimensions que se fonde notre spécificité. Il n’y a pas un « anarchisme pratique » comme il n’y a pas non plus un « anarchisme théorique ». Celui qui se situe exclusivement dans l’un de ces côtés pourra être tout ce qu’on veut sauf un anarchiste.

Invariablement, à chaque fois que la « pratique » se sépare de la théorie, ou vice-versa, la guerre anarchiste plonge dans une phase décadente et s’épuise. Comme nous le rappelle le compagnon Alfredo Bonanno, à chaque fois qu’on renonce à la pratique et qu’on abandonne l’action, la production théorique prolifère et les conférences académiques et les charlataneries de bistrot se multiplient. Cependant, de façon inversement proportionnelle, à chaque fois qu’on abandonne l’élaboration théorique, l’activisme fadasse pullule, le quefairisme [52] se multiplie et la guerre anarchiste dégénère en une avant-garde armée et se dilue dans les eaux noires des pratiques limitées aux spécialistes.

Même si il est vrai que l’Anarchie est insurrectionnelle par nature, tous les insurgés et toutes les insurrections ne sont pas anarchistes. Les diverses teintes du fascisme misent aussi sur l’insurrection à travers la dysphorie des « masses ». La misère, le désespoir et l’anxiété de la foule sont les véhicules du ressentiment qui, inévitablement, débouche sur des fascismes. Ce n’est pas un hasard si le Rassemblement National en France appelle à mettre de côté les différences et à dépasser le « sectarisme », et ça n’est pas non plus anodin que nous ayons de nombreux objectifs en commun. Aujourd’hui la lutte contre la nocivité post-industrielle, la lutte contre la cinquième révolution techno-industrielle, la défense de la biodiversité, la lutte contre la précarité, et même la lutte contre la dictature sanitaire imposée de façon mondiale en raison de la pandémie de Covid-19, même la révolte anticapitaliste, ont plusieurs points de rencontre avec les fascismes.

Si nous forgeons notre affinité en donnant la priorité aux « liens à partir de pratiques communes avant de le faire au nom d’étiquettes vides ou de slogans répétés » nous pouvons être en train de faciliter notre chemin vers l’échafaud et/ou aiguiser la guillotine avec laquelle on nous coupera la tête. Sans aucun doute cela demande des efforts de marcher sur un sol aussi glissant, mais les conditions du pavement ont toujours été les mêmes depuis des temps immémoriaux.

Au XIXème siècle nous étions d’accord sur les objectifs avec les blanquistes, populistes (appelés à tort nihilistes), nationalistes et marxiens ; et au XXème siècle d’innombrables contingences nous ont fait nous fixer les mêmes objectifs que les fascismes d’occasion. Il n’y a que ceux qui ont forgé des « liens à partir de pratiques communes » sans autres réflexions qui ont fini leurs jours dans les rangs blanquistes, populistes, nationalistes, marxiens, fascistes, bolcheviques et national-socialistes. Les exemples de « convertis » qui ont abandonné la « secte » anarchiste et qui ont rejoint le blanquisme, le populisme, le nationalisme, le marxisme, incités par la « pratique », abondent. Et ne parlons même pas des défections pendant le fascisme italien et des enrôlements dans les rangs bolcheviques lors des premiers jours de la Révolution russe. On peut donner la mention d’honneur aux liens au nom de la « pratique » de certains secteurs de l’anarcho-syndicalisme espagnol avec le phalangisme. Il s’agit donc de réaffirmer les différences, ou plutôt de s’affirmer dans les différences ; de là notre vocation intrinsèquement « sectaire » et notre propension au « purisme ».

La théorie et la pratique anarchiste s’opposent à toute logique utilitaire et instrumentale, ce qui rend impossible de tisser des « liens à partir de pratiques communes ». Nos liens se brodent – ils ne se tissent pas – à travers l’éthique qui, en réalité, est une étiologie ; c’est-à-dire, une raison, une cause, un excès de principes engagés uniquement et exclusivement avec la Liberté. Pour cette raison, pour ceux qui se disent anarchistes avec préméditation, il n’y a pas de « moyens » sans « fins » ; des fins concrètes et immédiates qui donnent de la vie à l’Anarchie et nous font le cadeau de ces moments éphémères d’absence d’autorité et nourrissent nos passions et désirs de libération totale dans chaque attaque contre le pouvoir, ses infrastructures et ses représentants. C’est pour cela que j’assume – consciemment et résolument – notre caractère « sectaire » et j’ai l’intention de le défendre comme une intransigeance anarchiste jusqu’au bout.

Gustavo Rodríguez
Planète Terre
19 octobre 2021

1 « Briefe und Auszüge aus Briefen von Joh. Phil. Becker, Jos ». Traduit de l’allemand. Dietzgen, Friedrich Engels, Karl Marx und A. an F. A. Sorge und Andere, Stuttgart, 1906 ; disponible en russe dans Marx, K. y Engels, F. ; Oeuvres choisies, 1er ed., t. XXVI, Moscou, 1935. On peut consulter une version intégrale de cette lettre dans La Liberté, de Bakounine.

2 Une entité extrêmement hétérogène, incapable de produire les modifications critiques, méthodologiques et organisatrices que permettait la réapparition protagoniste de l’Anarchie à notre époque et le développement de son potentiel négatif.

3 [NdT] Un jour sans fin, est une comédie de science fiction étasunienne, réalisée en 1993, produit par Harold Ramis, avec comme acteurs principaux Bill Murray (Phill) et Andie MacDowell (Rita).

4 Voir Guillén, Abraham ; Desafío al Pentágono. La guerrilla latinoamericana, Editorial Andes, Montevideo, 1969 ; Estrategia de la guerrilla urbana, Ediciones Liberación, Montevideo, 1970 et ; Lecciones de la guerrilla latinoamericana, dans : Hodges Donald C. y Guillén, Abraham, Revaloración de la guerrilla urbana, Ediciones El Caballito, México, D.F., 1977

5 N’oublions pas que l’hégémonie marxiste-léniniste a plus de sept décennies. Au cours de cette longue période elle a su s’imposer en modèle au nom de « l’unité révolutionnaire » produisant de colossales altérations dans nos milieux. De telles altérations ont mené le Mouvement du 2 Juin à se diluer dans la Fraction Armée Rouge (RAF) et les Revolutionäre Zellen (Cellules révolutionnaires) -fuyant le « sectarisme » dans le cadre du frontisme révolutionnaire – et à agir avec le soutien de la Stasi et du KGB, jusqu’à finir leurs jours comme mercenaires aux ordres de Saddam Hussein et de Al-Fatah, supposant l’antisémitisme le plus grossier. Indubitablement, pour ces groupes anti-impérialistes il n’y avait pas de contradiction à collaborer et se coordonner avec les sbires de la police secrète allemande et soviétique. Depuis leur perspective frontiste, contre le « sectarisme », toutes ces agences répressives étaient des alliés « tactiques ». Comme dirait Joaquín Sabina [chanteur et poète espagnol NdT] : « À chaque fois que le KGB lutte contre la CIA c’est la police qui finit par gagner ».

6 Il en était ainsi, au moins dans ces sociétés qui possédaient une extraordinaire accumulation de biens disponibles et qui avaient réussi « un surprenant développement technologique » (pour l’exprimer selon les aspirations de l’époque).

7 On en trouve un exemple scandaleux avec la Fédération Anarchiste Uruguayenne (FAU) et sa dégénération - fuyant le « sectarisme » - en parti électoral (Parti de la Victoire du Peuple) (pour de plus amples informations : https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_pour_la_victoire_du_peuple )

8 Sans doute que cette partie explicative se révèle ennuyante (et même prétentieuse pour de nombreux compagnons et compagnonnes), et je m’en excuse par avance. Je confesse mon ignorance suprême, aussi je n’ai pas d’autres moyens que de chercher à travers les livres le sujet qui nous occupe.

9 Moliner, María, Diccionario del uso del español, Editorial Gredos, Madrid, 2007, p. 2674

10 Roberts, Edward A., (trad.) Bárbara Pastor, Diccionario Etimológico Indoeuropeo de la Lengua Española. Colección Alianza Diccionarios, Alianza Ed., Madrid, 2013, p. 152.

11 Oxford Latin Dictionary ; ed. P. G. W. Glare (2nd Edn.), Oxford University Press, Oxford, 2012.

12 Pacomio, Luciano, Diccionario Teológico Enciclopédico, Verbo Divino, Navarra, 1995.

13 Ernout, Alfred et Meillet, Antoine, Dictionnaire étymologique de la langue Latine. Histoire des mots, Klincksieck, Paris, 1951, p. 608.

14 Weber, Nichola ; Sect and Sects. The Catholic Encyclopedia, Vol. 13., Robert Appleton Company, New York, 1912.
Disponible sur : http://www.newadvent.org/cathen/13674a.htm

15 Ibidem.

16 Kalb, Ernst, Kirchen und Sekten der Gegenwart (Églises et sectes contemporaines), Verlag der Buchhandlung der Evang. Gesellschaft, Stuttgart, 1905.

17 Dès les premiers jours de l’année 1533, les anabaptistes menés par le « prophète » Jan Matthijs, vont décréter le « communisme chrétien » à Münster. Dans ce but ils vont ordonner aux habitants de la ville de mettre leur argent dans un fond communal destiné à l’achat de vivres, la distribution de propagande et le recrutement de mercenaires pour défendre le régime et l’éradication de toute subvention. Pour assurer le nouvel ordre social et la vie en communauté la bibliothèque sera brûlé et ils créeront des cantines communautaires, où se nourrissait la population tandis qu’on leur lisait la Bible ; ils vont aussi ordonner que les portes et les fenêtres de toutes les maisons restent ouvertes 24 heures sur 24, et ils vont décréter la peine capitale contre les « sectaires ». Au printemps 1534, suite à la capture et l’exécution de Matthijs par les forces fidèles à l’Église, son disciple Jan Bockelson (Jean de Leyde) va s’auto-proclamer roi de Münster, prolongeant la théocratie communiste. Sous son mandat la terreur va atteindre son paroxysme, faisant des exécutions un spectacle quotidien, tandis qu’il consolidait le communisme des « biens et des femmes ». Ainsi les communistes chrétiens menés par Jan Bockelson iront jusqu’à exécuter toute personne qui essaiera de fuir de la ville, de cacher de la nourriture dans son domicile et toutes les femmes adolescentes qui refuseront de se marier dans le régime de polygamie forcée instauré par le roi-prophète.

18 Cohn, Norman ; Les Fanatiques de l’Apocalypse : millénaristes révolutionnaires et anarchistes mystiques au Moyen Âge, Paris, Payot, « Bibliothèque historique », 1983

19 Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, Tomes I et II, éditeur scientifique René Pomeau. Éditions Classiques Garnier, 1990 et 2020. Pour un aperçu du racisme rationaliste de Voltaire à sa juste dimension il est recommandé de jeter un coup d’œil à son Dictionnaire philosopique.

20 Schoeck, Helmut ; Soziologisches Wörterbuch, Freiburg Herder, 1974

21 Hillmann, Karl-Heinz ; Wörterbuch der Soziologie, Stuttgart : Kröner, 1994

22 Arlotti, Raúl ; Vocabulario técnico y científico de la política, Editorial Dunken, Buenos Aires, 2003.

23 Weber, Max ; L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Gallimard, 2004.

24 Idid.

25 Ibid., p. 312.

26 Weber, Max. ; Économie et société, édition de poche, Pocket, 1995 et 2003

27 Troeltsch, E. ; The Social Teaching of the Christian Churches, George Allen & Unwin Ltd-The Macmillan Company, London-N.Y, 1950. p. 993.

28 Ibid.

29 Engels, Friedrich ; Introduction [de Karl Marx, Klassenkämpfe in Frankreich 1848 bis 1850], dans : Marx-Engels-Werke (MEW) Band. XXII, p.p. 526-527.

30 Le positionnement marxiste sur le « parti ouvrier » et le « gouvernement prolétaire » se dessine dans la Résolution IX, sur l’« Action politique de la classe travailleuse » convenu le 25 juillet 1871- qui s’est réalisé à huis clos par ordre d’Engels – et « ratifié » par « 22 délégués avec les pleins droits et 10 sans droits de vote », à partir de la motion blanquiste durant la Conférence de Londres. Voir : Dommanget, Maurice, « La Première Internationale », Revue d’histoire économique et sociale, 1962, Vol. 40. No. 4, pp. 553-556.

31 L’Alliance Internationale de la Démocratie Socialiste était une société secrète anarchiste créée par Bakounine et ses proche à Genève en septembre 1868, dans le but de coordonner une conspiration mondiale à travers la Première Internationale.

32 F. Engels, « Bericht über die Allianz der Sozialistischen Demokratie, vorgelegt dem Haager Kongreß im Namen des Generalrats », 1872, dans Marx-Engels-Werke (MEW), Band. XVIII, pp. 138 y ss.

33 Publié en partie pour la première fois dans le livre : Engels, F. ; Politisches Vermächtnis. Aus unveröffentlichten Briefen, Berlin, 1920 ; de façon complète dans la revue Die Geselschaft, num. 11, Berlin, 1925. Trouvé dans : C. Marx, C. et Engels, F. ; Oeuvres Choisies, en trois volumes, Édition du Progrès , 1970

34 C’est une contradiction flagrante que saint Charlie argumente ses attaques systématiques du « sectarisme » à partir de cette conception du développement inexorable de l’histoire, tirant parti de la vision évolutionniste, tandis que dans de nombreux articles de presse, comme dans les Grundrisse de 1857-1858, il a vivement remis en question tout évolutionnisme de l’histoire. Curieusement ses acolytes ne réfléchissent pas souvent là-dessus.

35 [NdT] Highgate est le nom du cimetière à Londres où est enterré Marx

36 Marx, K, Troisième Manuscrit (Propriété privée et communisme), dansManuscrits économiques et philosophiques de 1844, disponible en ligne : https://www.marxists.org/francais/marx/works/1844/00/km18440000/km18440000_5.htm

37 Par souci d’honnêteté je dois reconnaître que les marxiens ont toujours refusé les croyances monothéistes mais n’ont jamais dépassé la manière monothéiste de penser. Certainement que derrière ces conceptions se cache la foi aveugle dans le « dieu Humanité » et la croyance que l’histoire est un mouvement dirigé vers un but universel : « le progrès de l’humanité ». Le mythe du progrès est un vestige clair du changement radical dans les affaires humaines annoncé et attendu par le christianisme. De là les similitudes entre la religion que sire Friedrich s’est inventé à partir de la vie et les sermons de saint Charlie, et celle que s’est inventé saint Paul à partir de la vie et les sermons de Jésus.

38 [NdT] Qui repose sur l’idée de finalité

39 [NdT] Une explication de l’apparente contradiction entre l’existence du mal et deux caractéristiques propres à Dieu : sa toute-puissance et sa bonté.

40 Op. cit., Cohn, Norman, p. 404

41 Le grand paradoxe du dogme marxien c’est d’avoir encouragé le développement « sectaire » parmi ses adeptes, engendrant une infinité de « sectes » qui se proclament entre elles être les authentiques héritiers de la vie et œuvre de saint Charlie.

42 « Commission Extraordinaire » conçue par Lénine à travers la Révolution d’Octobre et instaurée en décembre 1917, sous la direction de Félix Dzerjinski, comme organisme de répression chargé de la sécurité du nouvel État socialiste. Avec le temps cette agence de police secrète a changé de nom, jusqu’à devenir en 1954 le KGB (Comité pour la Sécurité de l’État).

43 Freire, P., L’Éducation : pratique de la liberté, Paris, éditions du Cerf, (1967)(écrit en 1964)

44 Ce fait a été recueilli dans plusieurs textes, pour plus d’informations
Correa, Medardo ; Sueño inconcluso, Artes Gráficas Caviher Ltda., Bogotá, 1997, p. 67
Medina Gallego, Carlos ; ELN. Una historia de los orígenes, Rodríguez Quito Editores, Bogotá, 2001, p. 231-247.

45 Entre novembre 1985 et janvier 1986 164 guérilleros appartenant au Commando Ricardo Franco Frente-Sur (CRF-FS) de la Coordination Nationale Guerrillère (CNG) ont été assassinés par ordre de leurs commandants dans des procès sommaires, accusés de « trahison » et de « factionnalisme ».
Voir : Cuesta Novoa, José, Vergüenzas históricas, Tacueyó, el comienzo del desencanto, Intermedio Editores, Bogotá, 2002.

46 Chili : Comuniqué de Mónica Caballero et Francisco Solar. Disponible en ligne : https://attaque.noblogs.org/post/2021/07/29/chili-contre-le-sectarisme-pour-une-affinite-fondee-sur-la-pratique-quelques-mots-des-compas-monica-et-francisco/

47 Id.

48 Id.

49 Id.

50 Id.

51 Id.

52 [NdT] mot inventé par l’auteur en référence à l’activisme d’essence léniniste ; « Que faire ? » étant le texte de Lénine où il donne la marche à suivre.


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[19Essai sur les mœurs et l’esprit des nations

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