De son séjour dans une des prisons les plus dangereuses du royaume, où il a purgé une peine de dix mois, le journaliste marocain Hicham Mansouri raconte les trafics dont il a été témoin. MEE l’a rencontré à Paris, où il vit aujourd’hui réfugié
Arrêté sur la base de fausses accusations en raison d’un projet d’enquête sur la surveillance électronique au Maroc, le journaliste Hicham Mansouri, 41 ans, a passé dix mois dans la prison de Zaki, au nord de Rabat, l’une des plus dangereuses du royaume.
Pendant sa détention, il a consigné son quotidien dans 30 carnets. Ses notes ont été publiées dans un livre en décembre 2021 par les éditions Libertalia et Orient XXI : Au cœur d’une prison marocaine.
Ancien directeur des programmes de l’Association marocaine des journalistes d’investigation (AMJI), une structure fondée par l’historien franco-marocain Maâti Monjib, autre poil à gratter des autorités marocaines, Hicham Mansouri a été arrêté le 17 mars 2015 d’une manière peu commune.
Alors qu’il se trouvait chez lui, à Rabat, en compagnie d’une amie, il raconte que dix policiers ont cassé sa porte, l’ont déshabillé avant de le forcer, avec son amie, à se mettre sur le lit pour mettre en scène l’arrestation.
Dans Au cœur d’une prison marocaine, il raconte : « On nous conduit ensuite au commissariat de Rabat en voiture. Je suis menotté et recouvert uniquement d’une petite serviette. Une fois au poste de police, les agents chargés de l’interrogatoire me contraignent à la prise de photos nu. Ils prennent même des photos de mon sexe. »
Hicham Mansouri, réfugié en France depuis 2016, a été condamné en 2015 au Maroc à dix mois de prison ferme pour « complicité d’adultère ». Une affaire, affirme-t-il à Middle East Eye, « montée de toutes pièces par le régime chérifien, qui cherche à faire taire toutes les voix qui dérangent ».
En plus de « complicité d’adultère », le journaliste a été accusé de « tenir un local de prostitution ». « Dans les procès-verbaux de la police, on lit qu’elle a interrogé le gardien du bâtiment deux fois […] et que ce dernier affirme que je tiens un local de prostitution. Le gardien, courageux, est venu devant le tribunal démentir tout cela », écrit-il.
Affecté au bloc D de la prison de Zaki, un quartier surpeuplé surnommé « la poubelle » par les détenus où il dort les premiers jours « par terre, à l’entrée des toilettes sur un sol humide et crasseux », Hicham Mansouri note tout ce qu’il observe, en particulier les différents trafics auxquels il assiste.
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