Anarchie et Balances
Publié le 30 octobre 2020 par régressisme
à propos de Bob Black et des poucaves en général

Il semble y avoir peu de condamnation des balances en milieu insurrectionnel. Du moins, d’après mon expérience personnelle. Tandis que les gens s’y plaignent légitimement de l’État et de la propriété, ils sont comme incapables de reconnaître les infiltrés cherchant à miner nos efforts envers ces institutions oppressives — d’où peut-être la floraison hygiéniste de concepts purement accusateurs, comme le paranoïde « déviationniste ». Il n’y a qu’à voir ces articles d’Indymedia, en pleine négation historique, moquer l’idée qu’il existerait des agents provocateurs parmi les « casseurs » (saboteurs, syndiqués en colère et anarcho-conseillistes). Il n’y a qu’à voir les librairies anarchistes attaquées au moindre débat sur l’idéologie décoloniale.

Ce texte se veut donc explorer brièvement le problème des balances, des rats, des mouchards, des ordures, des cafards, des traîtres ou des fils de lâches en tout genre à l’heure où la fidélité s’efface dans la virtualité des « anonymes ».

Une balance se définit comme une personne travaillant avec les autorités dans le but de miner un effort politique (ou anti-politique, selon les définitions de chacun). Le gamin qui vous a dénoncé au proviseur pour lui avoir volé un bonbec à la noix de coco, l’anarchiste appelant les flics parce qu’il n’a pas les couilles de demander au voisin de baisser le son, le pote qui craque en garde-à-vue, le Rambo du web qui se cache derrière l’avocat quand tu viens lui faire assumer ses propos, ce sont aussi des balances.

La police n’a souvent pas grand-chose à faire. Rien de plus simple pour elle de foutre la pression en garde-à-vue à un morveux progressiste ayant perdu toute sauvagerie, puis négocier un casier judiciaire vierge, une simple remontrance par papa. Même chose en prison avec les réductions de peine, bonnes conduites et autres copinages. On l’a vu bien trop de fois. Tout le monde dit qu’il ne balancera jamais devant les autres, qu’il a des principes, mais sa dignité, son honneur, sa décence disparaissent à la première fessée du réel.

Qu’il s’agisse d’une grande gueule ou d’un « bon citoyen », son but est de vous faire boucler, de vous voir menotté. Toutous domestiqués, cette colonne vertébrale du pouvoir prône également une forme de sabotage, de blocage déloyal, du post Facebook à l’action illégaliste en passant par une vidéo YouTube. Ils vous poussent au crime. La culture de l’héroïsme délatoire se propage à gauche via les « SJW » (post-anarchistes), et avec elle la puissance de l’ordre judiciaire. En période d’état d’urgence — d’arbitraire encore plus absolu —, rien de pire que d’être fiché.

LES BALANCES SONT UN PROBLÈME. Majeur. Si on peut les comprendre en ces temps d’atomisation libérale et de nihilisme stirnerien, aucune raison ne permet de les excuser. Elles brisent des vies et des familles, parfois à tout jamais. Tandis qu’elles sont protégées, non-inquiétées, couvertes, cachées, vous perdez la garde de votre enfant, votre travail, votre aimée, et pire : votre liberté. Une précaution de tous les instants sont la clé pour tout partisan de la propagande par le fait. Contre la cancel culture, la security culture.

Ci-dessous un guide détaillé sur les commères (comment les éviter, à quoi les reconnaître, etc). A lire impérativement pour les militants clandestins. Nous commençons à le traduire en français.

http://www.rats-nosnitch.com/rats/

Restez aware.

— Traduction libre d’un article Fb de l’ami Rudester, anarchiste post-gauchiste, par A.A

https://regressisme.wordpress.com/2020/10/30/anarchie-et-balances/