Les commentaires qui précèdent sur les Editions Spartacus, du moins la mouture tenue par les gestionnaires des éditions à partir des années 1980 que j’ai eu l’occasion de croiser dans les mêmes années, ne sont, hélas, que trop conformes à la sinistre réalité. Dès cette époque, au moins, les éditions Spartacus pratiquaient la double comptabilité, c’est le cas de le dire avec des individus aussi louches que Galar, pseudonyme du banquier Dessertine, acceptant même de publier de vulgaires recycleurs néo-bordiguistes du négationnisme. Nous avions déjà été quelques-uns et quelques-unes à stigmatiser la chose et, par suite, à refuser de nous y faire publier. Il est bon de rappeler aujourd’hui de telles choses.
André Dréan

C’est vraiment ridicule de réduire les éditions Spartacus à ces dérives. Il faut replacer les choses dans leur contexte historique. Les éditions Spartacus ont joué un rôle fondamental dans les années 70 dans la diffusion des thèses conseillistes en France. Le catalogue est impressionnant. Les éditions Spartacus ont permis de diffuser les textes marxistes les plus critiques, les plus radicaux, et les plus révolutionnaires, dans un contexte où le PCF était dominant. Il s’agissait donc à cette époque de défendre un marxisme non-stalinien et de dénoncer les impostures soviétiques et maoïstes. Après, personne n’est parfait, et chaque époque a son lot d’égarements. C’est ridicule de cracher sur Spartacus cinquante ans plus tard. Les éditions Spartacus font partie de notre histoire. Il faut assumer cette histoire. Ce qui n’empêche pas de porter un regard critique.

Tout révolutionnaire qui se respecte doit avoir lu au moins un livre ou deux des éditions Spartacus. C’est un peu la base... J’invite en tous cas les plus jeunes à faire l’effort de retrouver sur Amazon les vieux bouquins épuisés de Spartacus. C’est une mine d’or pour toute personne qui s’intéresse à l’histoire de la pensée marxiste.

@Arnulf : "C’est vraiment ridicule de réduire les éditions Spartacus à ces dérives"

L’auteur-ice-x de ce coup d’gueule contre cette pub apologétique CQFDesque ne réduit pas ces éditions à ses "dérives". Il est bien écrit :

"C’est/c’était aussi CA les éditions Spartacus"

Cela a le mérite d’être clair.

Par ailleurs le combat antistalinien ne légitimait pas du tout de publier des allié-e-s de l’extrême droite. De plus si Sparctacus était antistaliniens, ils n’étaient pas anti-léninistes ni anti-troskistes, ce qui était aussi des méga gros problèmes d’un point de vue anar.

"Marxiste", "marxisme" sont souvents des euphémismes pour tous les courants issus du bolchevisme. C’est toujours aussi utile que nécessaire de préciser de quels courants "marxistes" on parle quand on est vraiment anti-autoritaire et qu’on ne cherche pas à tromper les personnes qui lisent ou écoutent nos propos. L’extrême droite euphémise très bien ses objectifs, son programme lorsqu’elle emploie "droite nationale" pour ne pas dire "fascisme" ou "néonazisme". Pas la peine de l’imiter quand on est d’extrême gauche et qu’on utilise "marxiste" ou "marxiste" pour ne pas dire "dictature bolchevik", "totalitarisme rouge", ce que font pourtant toutes les organisations d’extrême gauche parlementaires, une bonne partie de l’extrême gauche extraparlementaire, l’ultragauche inclue, de la mouvance antifasciste. Pas la peine de nier qu’un grand nombre de "totos" sont aussi des léninistes patentés, des maoistes avoués ou planqués, des appelistes réactionnaires — c’est une tautologie, nous sommes d’accord ;-)

@Arnulf : j’ai eu du mal à m’empêcher de ricaner en lisant ton invitation aux "plus jeunes à faire l’effort de retrouver sur Amazon les vieux bouquins épuisés"...

Sur Amazon :)

Et ça veut donner des leçons d’anticapitalisme ?

Avis aux jeunes, aux vieilles et vieux, à tout le monde : il existe un petit paquet de bibliothèques anarchistes, autonomes et autres, où il est possible de consulter et/ou emprunter un tas de livres intéressants. Il existe aussi un bon nombre de libraires bourgeoises et de grosses chaînes type Fnac où il est possible de voler de bons livres, récents ou plus anciens. Après, il est aussi possible de faire des arnaques à Amazon ou autres plateformes du même type, mais bon, c’est peut-être pas la peine de se prendre la tête pour des bouquins à 12€, autant viser un peu plus haut concernant les arnaques sur internet.

Et puisqu’on parle d’Amazon, on peut se rappeler que ce sont de bonnes cibles à bloquer en période de mouvement social.

Quelques précisions sur les Editions Spartacus
Je viens de lire l’article de CQFD et il est effectivement apologique sur les Editions Spartacus. Il passe sous silence la double comptabilité idéologique qui y régnait, à ma connaissance depuis au moins la fin des années 1970, tout particulièrement sur la question importante de l’antiséministe aux couleurs "révolutionnaires", en particulier au sein de groupes "ultragauches" issus de Mai 68, dont l’attitude pour le moins complaisante, voire parfois apologétique, des thèses négationnistes, fut stigmatisée presque depuis le début dans des articles comme La Gangrène, au lendemain de l’attentat de la rue Copernic. Les Editions firent silence sur de tels articles et des demandes de prises de position claires alors même qu’elles continuaient à diffuser et à rediffuser benoinement des livres, par exemple celle sur le traité de Brest Litovsk en 1919, de partisans de Faurisson comme le dénommé Sabatier, gourou de Pour une intervention communiste (PIC), corédacteur de l’infâme tract Notre royaume est une prison quelques jours après Copernic. Je pourrais multiplier les exemples de double comptabilité. En réalité, seul Guerrier, principal gestionnaire de Spartacus, bien plus tard, pris quelques distances en 1992 dans l’article collectif Les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis lorsque l’affaire négationniste rebondit, après la Première Guerre du Golfe. Mais l’article collectif qu’il contresigna, en réalité enfonçait des portes ouvertes et se limitait à dénoncer les formes les plus caricaturales de négationnisme, façon Guillaume, et pas celles, sur le mode relativiste, qui avaient déjà le vent en poupe. C’est pourquoi le dénommé Dauvé, entre autres personnages troubles, échappa à la critique. Voilà, en bref, quelques pistes. Sur le Web, les articles critiques ne manquent pas, en général rédigés sur le vif, c’est là leur intérêt, tels que La Gangrène et d’autres, tels que ma sélection de lettres Sous pavillon de complaisance, couvrant presque vingt ans, sans compter des prises de position importantes concernant l’influence de Dauvé du côté des Giménologues, Voyage en Giménologie, citées par Nick Too.