Depuis quelques semaines, les Ateliers Populaires d’Urbanisme (APU) du Vieux-Lille, de Moulins et de Fives tirent la sonnette d’alarme sur le désinvestissement du Département du Nord dans leurs actions. Un rassemblement est organisé sur la place de la République ce lundi 26 juin, entre 12h et 15h, alors que le Conseil Départemental se tiendra dans la Préfecture. Ambiance festive, musique et repas au programme. Mais revenons sur l’histoire de ce désinvestissement, tout à fait lié au virage autoritaire du Département, qui préfère fliquer les galérien·nes que les aider sans conditions !
◾ 50 ans de lutte, jusqu’à 1500 familles accompagnées par an
Les Ateliers Populaires d’Urbanisme dont des associations de droit au logement. Ils accompagnent des personnes qui rencontrent des difficultés en matière de logement (conflits locatifs, non-restitution de caution, non-respect d’obligation de travaux, logements insalubres, procédures d’expulsion, et parfois accompagnement au logement). Aussi, ils soutiennent des collectifs d’habitant·es locaux contre des multi-propriétaires méprisants, des bailleurs sociaux en situation illégale, ou des destructions programmées de quartier entiers par les autorités.
Le premier APU a été créé il y a 50 ans, dans le quartier de l’Alma Gare de Roubaix dans un contexte de destruction-rénovation dans le plus grand mépris des habitant·es. Il n’existe plus aujourd’hui même s’il y a de la mobilisation dans ce même quartier... pour les mêmes raisons. L’histoire se répète.
L’APU du Vieux-Lille a suivi la démarche, il y a 44 ans (1979), alors que le Vieux-Lille était encore vétuste et populaire. L’APU Moulins, créé il y a 30 ans (1993), s’inscrit dans son sillon alors que la pauvreté est progressivement repoussée aux portes de la ville. Le dernier APU, à Fives, accompagne des familles fivoises depuis 8 ans (2015). Aujourd’hui, lit-on dans leur communiqué commun, leurs « équipes bénévoles et salariées accompagnent plus de 1500 ménages » sur plusieurs quartier de la métropole. Un travail social fondamental alors que la crise du logement prend au cou les plus précaires d’entre nous.
◾ Fin des aides du Département, qui préfère mettre les gens au travail
D’après les associations, les services du Département orientent des familles en difficultés sur le logement vers les APU, forts de leur expertise « en matière de lutte contre l’habitat indigne, de prévention contre les expulsions locatives, ou encore l’accès au logement ». Le Département du Nord participe au financement de ces assos depuis les années 1990. Mais en 2022, l’institution a fait le choix de se désengager du financement de leurs actions d’Accompagnement aux Droits Liés à l’Habitat (ADLH)... tout en continuant d’envoyer des familles vers les APU ! On parle de plusieurs dizaines de milliers d’euros par APU.
Mais que fait le Département ? Il préfère remettre les gens au boulot. SDF, galérien·nes de la vie, personnes « éloignées de l’emploi » ou « privées d’emploi » comme dirait la CGT. Ceux qui sont au RSA doivent retourner très très vite au travail, parce que le monarque à l’Élysée l’a voulu. Les chiens-chiens du Département comme son président, Christian Poiret (Les Républicains), aboient joyeusement et ont décidé d’orienter leur politique sur le « retour à l’emploi ». Ne parlez plus de RSA, parlez de « RSA vers l’emploi ». Petit rappel important, le RSA c’est 607€, ou 526€ (si on a des APL). Soit 400 euros sous le seuil de pauvreté. Pour les APU, « sans logement digne et décent, le retour à l’emploi est une illusion ».
La question de l’accompagnement professionnel est l’affaire des Régions, très liées à l’économie, la formation pro, etc. Elle ne fait pas partie des compétences principales des Départements français, qui sont plutôt sur l’Action sociale et sanitaire. Avec Macron et son projet de RSA sous conditions (20h de travail gratos par semaine), un revirement est en train de s’opérer. Pour le financer, on va déshabiller les autres secteurs de missions (action sociale, santé, culture). Typiquement dans le cas d’aujourd’hui, on prend aux associations qui font de l’accès aux droits en matière de logement pour donner à des « Maison Nord Emploi », où les « coachs emplois » sortis d’écoles de management (oui) boxent les allocataires du RSA qui ne prouvent pas assez qu’ils veulent travailler. Financer le flicage et l’accompagnement débile plutôt que le travail social. Belle ambiance.
◾ Faire la pomme à Christian Poiret, qui reste sourd
Pour les APU, c’est 1 poste menacé par instance. « Dans ce contexte d’inflation économique, de crise du logement ce sont plusieurs milliers de ménages qui ne seront plus soutenus dans l’exercice de leurs recours aux droits liés au logement si les financements du conseil départemental ne sont plus octroyés. Ces financements représentaient un tiers du budget dans chacun des APU. »
Depuis le 6 mars 2023, les assos demandent un rendez-vous avec le président du Nord. Mais aucune réponse. Une première mise en garde, avec plusieurs dizaines de familles accompagnées a eu lieu le 14 juin, devant l’hôtel du Département. Le son des barrières de chantier dûment frappées, de divers chants et de slogans ne parvenait pas à couvrir le silence assourdissant de Christian Poiret et sa vice-présidente Doriane Bécue.
Donc rebelote le 26 juin, entre 12h et 15h, devant la Préfecture où aura lieu le Conseil Départemental (allez savoir pourquoi). Au programme sur la place de la République : repas, animations et fanfare !
Nik le Département, RSA sans conditions ! Logement sans conditions pour toustes, expropriation des logements vides !
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