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CONTRE LA PHILOSOPHIE UNIVERSITAIRE
envoyé le 08/11/23 par Un.e diogène Mots-clés  contre le travail   éducation   service public  

[Texte collé tel quel sur les murs du département philosophie de l’Université Lille 3 début novembre] :

En tant qu’élève, je donne certainement l’impression que je n’aime pas la philosophie, mais c’est faux. Je n’aime pas le cadre dans lequel elle est instituée, prisonnière. De mon point de vue, la philosophie universitaire est la mort de la philosophie.

La philosophie universitaire est autoritaire. L’enseignement de la philosophie aujourd’hui semble bien loin de l’Académie de Platon ou même de l’Université fondée au Moyen-Âge, encore que ces modèles étaient loin d’être parfaits. Des élèves assis par centaines à écouter un professeur qui doit s’en tenir à un programme lui interdisant l’expression de ses positions, quelle honte ! Tout ça pour que les étudiants puissent obtenir des diplômes (ou pas !) qui leur serviront à "chercher", enfermés dans un petit monde universitaire qui ne se lit que soi-même et n’entre pas en interaction avec le reste du monde, ou à devenir à leur tour enseignant soumis aux mêmes diktats. Et ainsi de suite. Dans ce cercle infernal, où est le débat ? Où est la réflexion ? On n’apprend pas à philosopher mais à imiter la philosophie, à simuler des raisonnements que nous n’avons pas vraiment. Ayons le par cœur en horreur ! « La fac m’a apporté pleins de notions mais à terni ma réflexion » vous dira un autre étudiant. Ceux qui transmettent le savoir ont tous la même position sociale, ce qui est un biais extrêmement conséquent pour comprendre les choses. De plus, il est évident que l’on ne traite qu’un champ restreint d’auteurs, ceux validés par l’académie, la grande majorité issus de la culture européenne, et aussi principalement des hommes. Les paradigmes/points de vues abordés viennent tous du même endroit. L’éducation reproduit sur nous les tares que l’enseignement de la philosophie a eu, et nous demande de reproduire ce schéma pour "progresser". Le format des examens est d’autant plus atroce, outre le stress évident et autres infamies économiques, qu’il ne met pas l’individu en condition réelle par rapport au travail qu’il est censé accomplir plus tard. Loin d’être enfermé dans une salle, isolé, le "philosophe" est celui qui échange avec autrui, qui à accès au maximum d’informations. La philosophie est un développement personnel qui permet d’aboutir à des réflexions, pas un ensemble de règles imposées, normalisées, standardisées. Le monde du travail ruine le monde philosophique. Réussir une licence de philosophie demande plus du capital culturel que de la véritable réflexion (ou impose une forme trop précise à celle-ci), et est en ce sens classiste. Nous qui allons participer à construire le monde de demain, choisissons les sujets qui nous importent et comment les traiter !

La philosophie universitaire est le culte de l’inaction. Celui qui pratique la philosophie n’est pas censé se laisser moisir dans un bureau ou même dans l’arrière-place d’une bibliothèque (bien qu’il puisse y passer souvent). La philosophie doit être le fondement de notre action sur le monde, ce qui nous permet d’élever notre niveau de conscience et de ce qui nous entoure, de nous plonger dans des dilemmes moraux réalistes et actuels, de trouver des solutions à des problèmes de société. Il faut faire le triste constat que la philosophie a été déconnectée du politique contrairement à ce qu’il pouvait en être en Grèce antique. Et c’est inacceptable. N’y a-t-il pas une volonté d’éloigner ceux qui traitent de questions morales, contrairement à ceux qui parlent économie, du pouvoir politique ? Je pose ça là mais notre passivité face aux déroulements des évènements en arrange certains plus que d’autres évidemment. Et ceux qui se réclament philosophes médiatiquement n’ont pas grand choses à voir avec ce que j’entends de la Philosophie. J’entend par là les Finkielkraut, les Enthoven, les Onfray et autres Bernard-Henri-Lévy, qui sont tous fortement critiquables et pas toujours exactement pour les mêmes raisons. Globalement, ils utilisent la philosophie comme un outil de mise en scène de leur égo, vomissant un mélange informe de notions philosophiques mal comprises sur lesquelles aucun journaliste n’ose revenir car ils n’y connaissent rien. Ils usent d’un capital culturel acquis durant un parcours académique bourratif et bourgeois (pas complètement pour Onfray), duquel ils ne sont sortis que pour se prendre en photo lors de leurs voyages de tourisme autour de la misère. Ils enchaînent les polémiques télévisées pour vendre leurs trop nombreux livres qui transforment des réflexions critiques de la société en larmoyante tribune pour leur position de privilégiés, menant à l’apparition dans le discours publics du racisme anti-blanc et autres analyses ultra-autocentrées.

La philosophie universitaire est déconnectée de la réalité. Et en cela, ça en fait une discipline petit bourgeois. Pas que les étudiants ou les professeurs le soient, loin de là justement. Une raison de plus de se révolter. J’accuse le cadre encore une fois, pas la philosophie dans son essence. Le fait de traiter à égalité les sujets de la philosophie est un problème, il faut considérer la nécessité de traiter les questions éthiques, politiques et de relations humaines en amont des autres. Non pas que la métaphysique, la philosophie de l’art ou médiévale soient dépourvus d’intérêt, loin de là. Mais il faut reconnaître la priorité aux champs réflexifs qui permettent un changement de la situation politique (qui est dramatique, soi dit en passant, ne serais-ce que du point de vue de l’enseignement de la philosophie). En traitant les théories de la justice de la manière que l’on traite la question du geste artistique, on met au même niveau l’importance de vies humaines et la réalisation d’une toile. Encore une fois, pas que ce n’est pas intéressant, mais il est scandaleux que nous soyons les seuls à avoir le privilège de se poser ces réflexions quand d’autres se demandent ce qu’ils vont pouvoir manger ce soir ou s’ils seront en vie demain. Outre apprendre comment philosopher, rappelons-nous pourquoi il faut philosopher. A quoi bon être aussi cultivé, avoir un intérieur si riche, si c’est pour laisser pauvre et vide ce qui est autour de nous ? Et même plus que des mots, cela demande des actes. Car à laisser exister les inégalités voir les empirer, nous privons une partie de la population d’accès au savoir. Et ça, c’est vraiment contre-philosophique.

La philosophie universitaire est excluante. L’accès aux études doit être garantie à tous. Et pas n’importe comment ! Les campus universitaire sont pour certains des lieux de souffrance où se hâtent des étudiants qui ne s’adressent même pas la parole, focus pour ne pas rater des cours qui se déroulent à des heures où ils feraient mieux de dormir encore et avide de partir le plus rapidement possible après avoir notés des cours magistraux auxquels ils ne portent pas d’intérêt. Alors qu’il serait amplement satisfaisant pour tous, professeurs et élèves, que l’on étudie n’ont pas par obligation économique mais par amour du savoir, que les emplois du temps ne soient pas des pré-horaires de travail mais des créneaux ouverts, pour inciter à la discussion autour d’un sujet qui intéresse les gens plutôt que d’une transmission forcée d’informations vide de sens. Et surtout, que ces réflexions ne soient pas qu’accessibles à une minorité d’individus caractérisés comme étudiants. Que les portes soient ouvertes au plus de monde possible, aux sans-papiers, aux ouvriers en fin de journée, au parents accompagnés de leurs enfants, à ceux qui n’ont jamais ouverts un bouquin ou pas de quoi s’en acheter un ! Diminuer l’expression des étudiants, les rendre passifs, préoccupés par un quotidien excessif et demandant une constante attention, isolés au milieu de la foule, est un moyen de les rendre plus maîtrisables. Tout ça demande sur le long terme un changement architectural, à l’inverse de ce qui se fait depuis post-mai 68 de construire des universités qui empêchent la mobilisation étudiante, pour mettre en place une université véritablement ouverte et libre. Rendons vivant le campus en y multipliant les activités, agréable/vivable pour les étudiants (accessible pour les personnes handies, inclusif pour les personnes queer et racisé.e.s, intergénérationnel pour faire société). Contre la philosophie universitaire, proposons une philosophie populaire ! (Pour plus d’idées sur ce point, se renseigner sur l’histoire de Lille 0)

La philosophie universitaire est élitiste. On en revient à la question de la priorisation des sujets, mais au niveau de l’individu cette fois. Il me semble difficilement acceptable de mettre en avant des idées écrites par des philosophes ayant commis des actes inhumains, ou tout du moins, cela demande de le prendre en compte dans l’étude de celui-ci. Comme on ne peut séparer l’homme de l’artiste, ne séparons pas la philosophie de celui qui l’écrit, et surtout de ses actions. Il est consternant d’étudier Heidegger sans lier son œuvre au nazisme qu’il a fidèlement soutenu et à la nécessité de combattre un tel détournement de la philosophie (détour si fort que malgré son adhésion au NSDAP, l’anti-intellectualisme fasciste du parti l’empêche d’enseigner en 1944). De même, et c’est à relier avec ce que je viens de dire, on met bien trop l’accent sur les individus plus que les courants, paradoxalement. Comme si seuls, ils étaient des génies créateurs de toute philosophie, alors qu’il s’agit évidemment d’entraide, de partage de savoirs, d’expériences, de thèses… Pour prendre un exemple qui me parle plus, quand on parle de théorie anarchiste, aucun des courants ne porte le nom d’un individu, les différentes idées sont décrites par leurs attributs (mutualisme, insurrectionnalisme, féminisme, nihilisme…) ce que en soi, la philosophie fait plutôt bien aussi, à quelques exceptions près (platonicisme, épicurisme, cartésianisme…). Mon point est que la majorité des anarchistes, en s’intéressant à ces questions, se voit dans la nécessité de rejeter Proudhon, considéré comme le père de l’anarchisme. Si on s’en tient à sa théorie, pas de véritable opposition avec l’anarchisme (encore que), mais il s’avère que Proudhon était profondément antisémite et misogyne. Et en ça, il n’est pas en accord avec les principes anarchistes. Cette méthode de réflexion me semble transposable à la philosophie, notamment quand des philosophes soutiennent des idéologies qui mettent en danger la pratique même de la philosophie. Sachons aimer la théorie tout en brûlant nos idoles !

La philosophie universitaire est contre la solidarité. Avec ces élites en tête, nous avons l’impression que la meilleure chose qui puisse nous arriver est de finir comme eux, reconnus et immortels à travers le papier. Alors on est poussé à mettre son nom partout, à chercher des termes saugrenus et incompréhensibles pour se rendre original, à garder ses idées pour soi voir à voler celles d’un collègue. Travaillons ensemble ! Entre étudiants, mais aussi avec les professeurs et pas seulement ! La philosophie doit être accessible à TOUS, sans condition, et cela demande un sacrifice immédiat de notre part, universitaires, de délaisser un temps nos questionnements sur des sujets de niches et d’agir concrètement, maintenant, pour renverser cet ordre établi qui tue la philosophie. Faisons le choix de ne pas chercher à être le meilleur mais plutôt de rendre le monde meilleur. Organisons-nous ! On pourrait commencer par créer une Association des Étudiants en Philosophie (sur le modèle de celle qui existe en Histoire) ? Ce serait la moindre des choses et si j’espère bien plus, ça pourrait être un début pour les plus frileux.

Vous pouvez être en désaccord avec certains points de ce texte. J’ai moi-même, bien sûr, quelques réserves et doutes. Je me répète mais ne prenez pas ce texte personnellement, que vous soyez professeur ou étudiant. Je ne critique pas la philosophie mais la structure qui la rend systématiquement vaine et désagréable. Les seules bonnes expériences philosophiques que j’ai eu sont celles qui dépassent ce cadre, souvent aussi faites par certains d’entre vous (comme Syzestein, qui me semble une bonne chose, simplement ça pourrait représenter la majorité de notre temps d’études plutôt qu’une heure sur un créneau de repas). Et j’ai confiance en ceux qui font l’effort de se poser autant de questions. Nous avons les réflexions, ils ne manquent que les actes. Agissons !

Cet avis est valable pour d’autres domaines que la philosophie bien sûr, à quelques variantes près.

Diogène 2.0

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envoyé le 8 novembre 2023  par Un.e diogène  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
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