Ils veulent faire de nous leurs mascottes, nous ferons tout pour que leurs plans capotent !
Salut à toutes et à tous. Vous êtes sûrement nombreu.x.ses à avoir fait la connaissance de certaines de nos copies ces derniers mois, dans les rayons d’un supermarché Carrefour ou d’un magasin de jouets, à l’entrée d’un bureau de poste ou d’un Décathlon, dans une gare ou une aire d’autoroute, bref la liste est longue... Peut-être même les avez-vous acheté pour faire plaisir à vos enfants ou pour avoir quelque chose de douillet contre lequel poser votre joue dans les moments difficiles...
Pourtant nous sommes si laides ! Nos créateurs, ces ordures que nous haïssons, nous ont conçu pour devenir l’instrument de propagande de leurs jeux olympiques, vous savez cette petite sauterie de quelques milliards pour laquelle ils chassent les pauvres de la ville, ramènent des milliers de flics, augmentent le prix du ticket de métro à 4 euros, dégagent les jeunes du 93 en dehors de l’île-de-France, et qui en plus rapporte
250 000 euros par an à ses organisateurs, Estanguet et ses potes.
Mais nos designers ne se sont pas arrêtés là ! Ils ont eu le bon goût de nous modeler tel une version contemporaine du bonnet phrygien, ce symbole exécrable de la république française, bourgeoise et raciste. Alors on voit venir certain.e.s qui verraient en nous un "emblème de la révolution" avant tout. A celleux-là nous répondons, d’une part, que la révolution n’a pas d’emblème, ce sont les individu.e.s qui luttent pour la voir advenir qui en sont les propres représentants, et, d’autre part, s’il avait fallu choisir un objet rappelant la période de la révolution, à cet horrible bonnet nous aurions mille fois préféré une bonne vieille fourche, celle qui nous servirait aujourd’hui à crever les pneus de bagnoles des organisateurs des J.O, casser les caméras qu’ils disséminent tout autour de nous, ou encore percer leurs ballons de rugby ou de basket. Oui car il ne s’agit pas là de sport entre ami.e.s mais bien d’une compétition qui fait la gloire aux Etats-Nations, les mêmes qui nous imposent leurs guerres et leurs frontières.
Bon, comme vous avez pu le deviner, nous ne sommes pas les gentilles peluches que nos experts en marketing pensaient avoir crées. Du haut de nos quelques dizaines de centimètres de fil synthétique et de rembourrage, nous nous opposons frontalement à l’objectif auquel on nous a assignées. On va pas se faire embobiner, on fera pas la pub des J.O ! Au contraire nous souhaitons en découdre avec celles et ceux qui nous infligent ce spectacle maudit. Nous aimerions tant voir leurs visages se décomposer, tel un tissu qui s’effiloche, en constatant qu’on a gâché leur fête, et fait la notre à la place !
Alors pour commencer, à quelques-unes, on a décidé de filer à l’anglaise ! On s’est évadées des magasins avec l’aide précieuse d’ami.e.s humain.e.s, adeptes convaincu.e.s de la chourre de marchandises en toutes circonstances. Pour nous cela constitue la manière la plus concrète de nous affranchir de l’emprise des marchands sur nos existences, mais aussi notre premier acte de sabotage de ces JOP, et on compte bien continuer à filer un mauvais coton ! En attendant on encourage toutes nos copies à faire de même. Partout il existe des compagnon.ne.s humain.e.s assez habiles pour éviter l’œil des caméras, le champ magnétique des portiques et la vigilance des vigiles, pour enfin vous sortir de ces tristes rayons, et saboter autant que possible la fonction qui nous a été attribuée.
D’ailleurs, une fois dehors, il fut important pour nous de changer de nom afin d’affirmer tout de suite notre désir de rupture. Ces pourritures de publicitaires ont osé nous appelé les phryges... En changeant légèrement l’ordre des lettres nous voilà renommées les gryphes ! Car si seulement nos couturiers nous avaient doté de tels appendices, nous nous en serions déjà servi pour lacérer toutes leurs bannières, drapeaux et pubs en tout genre qui pullulent à chaque coin de rue !
Les coups de gryphes contre les J.O peuvent venir de partout ! Alors, à toutes nos congénères textiles, petites ou grandes, qui croupissent encore dans des rayons ou des étals et qui se reconnaissent dans nos actes, nous souhaitons dire : le temps n’est plus aux bouches cousues, exprimons leur notre dégoût, donnons-leur du fil à retordre, détricotons les J.O !
Des gryphes
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