Bonjour à toutes et à tous.
Je remets en circulation la brochure « Kamo ! », datant de la fin des années 1980, écrite au lendemain de la boucherie d’Ouvéa, destinée à liquider les fractions les plus radicales issus des révoltes contre le colonialisme hexagonal et à ouvrir la voie à des compromis entre les caciques du FLNKS et l’État. Au fil des décennies, nous avons vu fleurir les fruits toxiques de tels compromis : pour quelques Mélanésiens de Nouvelle-Calédonie, poignées d’affairistes et de politiciens, désormais cogestionnaires locaux de l’Etat et de la principale ressource de la Grande Terre, le nickel, la masse de la population mélanésienne, en particulier la jeune génération, stagne dans la misère, le mépris, etc. alors même que l’État continue à « faire du Blanc », en favorisant l’immigration métropolitaine, prioritaire en termes de travail, de logement, de crédit à taux bas, etc., comme à l’époque de la colonisation de l’Algérie. Il n’y a donc rien d’étonnant que, depuis quelques années, les manifestations de révolte éclatent, y compris contre la société « Le Nickel », le principal exploiteur et pollueur de la Grande Terre. La dernière infamie constitutionnelle en date, qui vise en dernière analyse à effacer de la carte les derniers Mélanésiens de Nouvelle-Calédonie, a bien sûr mis le feu aux poudres dans les quartiers pauvres de Nouméa. Comme d’habitude, la réponse de l’État colonial est la répression brutale, répression à laquelle sont associés les bandes armées des égorgeurs caldoches, des plus vieux, rejetons en partie des colonisateurs de l’Algérie et de l’OAS, aux plus jeunes, cadres affairistes arrivés de métropole. Répression accompagnée d’ignobles campagnes de propagande colonialiste sur « les gangs », les « tueurs », « les agents de l’étranger », etc. Je connais la chanson depuis longtemps, depuis l’Algérie des années 1960. Bref, j’espère que la brochure que je réédite pourra servir à notre combat contre l’État, ici et aux antipodes.
André Dréan