La technoparade arc-en-ciel locale a connu un peu de remous cette année. Et croyez bien que c’est quelque chose d’exceptionnel ! Organisée par le collectif Lille Pride (techniquement des gens d’assos bénévoles mais en réalité une majorité de commerçants, soit des bourgeois de droite) la manifestation a quasiment tout perdu de son caractère revendicatif. On s’y dispute pour savoir dans quel bar se déroulera la soirée officielle, quelle marque sera sponsor, qui y vendra de la bouffe ou des drapeaux arc-en-ciel Made in China, et surtout qui ramassera la thune putain !
Cette année encore, rien n’a echappé au pinkwashing. Pour mieux inciter à la surconsommation, on y chasse tout ce qui est politique. OST Lille s’est fait virer du village associatif pour s’être ramené avec un drapeau de la Palestine. La Police rode PARTOUT, surarmée. On a pu y croiser de toutes les unités : CRS, BAC, Douane, Police ferroviaire, à cheval, municipale et même ces enfoirés de militaires. Et entre 2 chansons pop de merde, d’être remerciée par les animatrices de la fête ultra-capitaliste. Ca ne dérange personne visiblement, celleux qui portent des drapeaux trans en cape refusent nos tracts qui s’inquiètent pour leurs droits. Par contre, on laisse la mairie Aubry étaler sa propagande électoraliste à foison, même pas capable d’épeler LGBPU+ correctement. Les mêmes qui laissaient venir Eliacheff, qui envoient la police réprimer les manifs trans et les autres.
Enfin, on a pu se rassurer un peu pendant le défilé. Parti en avance "Parce que le préfet l’a demandé" (clairement pour empêcher de rejoindre la manif contre-l’extrême droite qui avait lieu en même temps), l’organisation lance dans les rues des bourges ses camions avec DJ set qui se pensent toujours à la "Gay" pride. Déjà, les passant·es se massent sur les trottoirs, les habitant·es à leur fenêtre pour filmer la parade comme s’il s’agissait d’un putain de zoo. Mais une petite section se distingue, masqué·es et banderoles à la main. Avançant plus vite que les autres, le cortège VNR autonome se mélange avec le cortège unitaire des orgas politiques. On entonne "Siamo tutti antifascisti" et le groupe grossit, tâche noire et rose dans un arc-en-ciel artificiel. On croise des visages de personnes queer qui avait fuit la Pride depuis des années.
La parade se bloque à mi-parcours. Les infos sont un peu confuses alors qu’on est à l’arrêt. Certain·es souhaitent qu’on sorte du parcours. Le local des Républicains n’est pas trés loin... On est bloqué devant une banque, qui se fait couvrir de stickers. Outre les flics et les caméras, il y a beaucoup de gens qui ne semblent pas habitués à des actions trop violentes. On se demande si le camion du Privilège ne fait pas exprès de nous bloquer la route. Et la rumeur d’un groupe de faf qui nous attendrait au fait ? Enfin, on repart. Le cortège s’est totalement dispersé mais se reforme, plus à l’avant. Et alors qu’on s’en retourne à la Gare, ce qui devient manif sauvage part vers les Tanneurs. ROR en tête, électrons libres en noir qui virevoltent à l’avant, déplacent barrière de chantier et indiquent les keufs. On circule dans les quartiers bourges, dans une autre ambiance qu’avant. La situation dramatique avec les législatives aidant, on se retrouve à plus de 500 à un moment. Un grand drapeau français est arraché Place Rihour. Les flics finissent par nasser les 100 derniers, les escortent jusque Place République et mettent quelques amendes de merde.
On fait pire l’année prochaine ?
"Je n’ai pas vraiment écris de texte mais je voulais revenir 2 seconde sur un truc important : la fierté. Parce qu’on en parle tout le temps, la Pride, la Pride, tous ça, mais qu’est-ce que c’est ?
La fierté, c’est avant tout d’exister. D’être debout quand tout nous pousse chaque jour à être à genoux, à retourner au placard. La fierté, c’est celle de survivre ensemble face à la précarité et la violence de la société, grâce à la communauté. La fierté de vivre pas parce qu’on nous autorise mais parce qu’on lutte, de se soutenir hors des normes, de s’organiser pour élargir les possibilités, de s’autogérer sans recevoir d’ordre. La fierté d’être enfin accepté, non pas parce que l’autre est obligé, mais parce qu’on partage des valeurs humaines.
Que reste-t-il de notre fierté aujourd’hui ? Je ne pense pas la voir quand les marques arborent un arc-en-ciel, que le pinkwashing ne sert qu’à nous faire consommer plus. Je ne la vois pas non plus dans un défilé une fois par an, toujours plus vidé de revendications politiques pendant qu’on nous retire nos droits.
Parce qu’il n’y a pas de fierté à être gay et premier ministre. Pas de fierté à être gay et policier. Pas de fierté à être gay et patron. Pas de fierté à être gay et de droite. Pas de fierté à être gay et à supporter Israël quand les queers de Palestine subissent le génocide autant que les autres ! Tout ça parce qu’il n’y a pas de fierté à être gay et à se laisser assimiler par le système de domination capitaliste qui nous a constamment blessé, qui le fait encore aujourd’hui et qui le fera toujours demain !
Soyons fier·es non pas de la place qu’ils nous laissent, mais de celle que nous libérerons. Sur ce, je vous invite à rejoindre le cortège radical vers l’avant de la Pride."
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