J’ai peur, 

Comme 35 625 femmes de l’Université de Lille on a essayé de m’enlever ce que j’ai de plus cher, mon droit de dire non. J’ai peur parce que j’ai été violée chez moi.

Alors pour me changer les idées, je suis sortie. Je me suis faite suivre dans la rue, et à ce moment là je suis de nouveau devenue un objet sexuel. 

J’ai maintenant peur de la rue. Lorsque j’étais au collège, on m’a insulté de terroriste en me disant que j’allais faire exploser un pont. J’ai ensuite eu peur d’aller à l’école. 

Puis je suis arrivée à l’université, et j’ai rencontré des gentes avec qui, pour la première fois nous avons pu parler. Les sujets du racisme, de la transphobie, de la misogynie et j’en passe, n’étaient plus des sujets que nous essayons de cacher, bien au contraire. Je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule à avoir peur. Le Je est devenu nous. NOUS avions peur. Nous avons alors décidé de créer des lieux. Ces lieux qui devaient nous servir à enfin, avoir un endroit où nous n’aurions plus peur. L’université nous semblait être le choix idéal, endroit que l’on fréquente tous les jours. Endroit où, on le pensait, les étudiants sont encouragé.e.s à se retrouver pour échanger sur les problématiques du quotidien.

Ainsi nous avons décidé de nous retrouver entre étudiants de toutes facs pour continuer à discuter. Malheureusement, la peur est revenue. Le racisme, le sexisme, la transphobie, sont rentrés par la fenêtre et par les portes. Nous n’étions qu’une vingtaine, ils étaient une cinquantaine. La police a interrompu notre conversation, en jetant des tables et des chaises, en insultant nos potes.

L’université de Lille a fait le choix de ramener toutes nos peurs dans ce qui était notre lieu.

Aujourd’hui j’ai peur partout.