[Texte à partager comme bon vous semble, à l’adresse de personnes en prépa principalement]

Les écoles préparatoires sont des prisons. A peine sorti du lycée, à peine majeur, des dizaines de jeunes enfermé·es dans un quotidien surchargé de travail. Un entre-soi bourgeois terrifiant où l’on nous injecte la méritocratie à coup d’humiliations publiques. Une cellule sociale où l’on n’est censé côtoyer qu’un nombre très restreint de personnes, régit sous une autorité éducatrice incontestable.

On s’est réunis à quelques-un·es pour l’instant, des ancien·nes de différentes Prépa en France. Au hasard d’une discussion, on s’est mis à discuter du bon vieux temps qui en fait ne nous à laissé que des traumas. Dans toutes nos histoires personnelles très différentes, on retrouvait les mêmes schémas, les mêmes mécanismes institutionnels qui nous ont abîmés, nous et tant d’autres. Alors on a eu envie de ce tract, avec l’idée d’y écrire rapidement ce qu’on aurait aimé entendre à l’époque.

Il y a un monde en dehors de la Prépa. Tout autour de vous est fait pour vous donner l’impression que non, que si vous « échouez » à suivre le rythme, que si vous n’allez pas dans une grande école, vous aurez raté votre vie, vous ne serez rien. C’est bien évidemment faux, le système même des Prépas entend qu’une grosse partie d’entre nous doit rater. C’est normal d’aller à la fac ou ailleurs pour la majorité d’entre nous. Le Saint-Graal de l’ENS ou des autres grandes écoles n’est qu’un leurre de la culture élitiste dans laquelle vous baignez. Certain·es s’y noient régulièrement. Vous avez sûrement entendu les récits de suicide(s) dans votre prépa. Pas besoin de savoir laquelle, c’est universel. Parce que non, ce ne sont pas juste « 2 ou 3 années de travail un peu plus dures ». Vous y sacrifiez votre santé mentale et physique, comme nous l’avons tous fait. Et ça a des risques, et des conséquences, surtout pour les personnes les plus fragiles, ou qui vont le devenir à cause de ça.

Tout ça pour quoi ? Un peu de respect de la part des profs et de l’institution, qui ne pensent qu’à leur salaire et ses statistiques. Il y a peu voire pas d’humanité dans ce vase clos. Vous n’existez que par votre classement, en concurrence perpétuelle avec tout le monde. La méritocratie est fausse, elle ne profite qu’à ceux déjà avantagés. Chaque prépa a ses sales histoires, qu’il s’agisse d’agressions sexuelles dissimulées pour préserver une réputation ou de profs réactionnaires, quand les deux ne se croisent pas. Les choses bonnes que vous y expérimentez ne sont pas le fruit de la Prépa, elles existent ailleurs et en bien plus grande quantité. Il est anormal d’atteindre des niveaux élevés de détresse psychologique pour des études. Les connaissances acquises, si elles peuvent être intéressantes, relèvent bien souvent d’une culture bourgeoise déconnectée de la réalité. Et si elles sont importantes, alors elles ne devraient pas être réservées à une minuscule fraction de la population.

Bien sûr, il y a des gens qui ne vont pas se retrouver dans ce texte, pour qui la prépa convient très bien, qui apprécient cette concurrence qui les forcent à redoubler d’effort pour ce hisser en haut du lot. Certain·es d’entre nous étaient ainsi. Mais votre gloire personnelle vaut-elle le sacrifice de toute une génération de camarades ? Si la réponse est oui, nous n’avons pas grand-chose à nous dire. Simplement, nous continuerons à faire en sorte de dénoncer le fait que ceux qui parviennent à des positions de pouvoir soient issus des mécanismes les plus infâmes de sélection. Il est anormal d’être sain dans un système malade.

Nous voulons être un soutien pour celleux qui en sont rendus malades et veulent s’en sortir.

La Coordination d’Actions Critiques de l’École (La CACE)

Contactez-nous à : cacecole@proton.me

Des ressources plus "intellectuelles" pour approfondir ce tract :
Médiapart – Faut-il vraiment sauver les classes préparatoires ?