Après un été passé en spectateurs humiliés et impuissants, combien de temps allons-nous encore désespérer derrière le carrosse boiteux de la FI, du PS, des Verts, du NPA et du PCF ? A Lille et ailleurs, aucune force n’ambitionne-t-elle plus de subvertir l’impuissance générale ? Faut-il rembobiner la série d’été de nos humiliations ?

1ère humiliation. Du NPA à Place publique, même en ratissant dans les coins et avec le retrait des forces « républicaines », le NFP culmine péniblement à 26 % au deuxième tour des législatives. Score ridicule. Moins que la NUPES en 2022 (31 %). Humiliation que le camp de la gauche parvient à faire passer pour une victoire !

2ème humiliation. Convaincu de sa victoire, le NFP s’englue des jours et des jours dans des tambouilles pour se trouver un premier ministre, et par là nous confine dans l’impuissance du spectateur. Après avoir appelé au vote, les syndicats réclament un premier ministre NFP plutôt que de profiter des deux mois de vide gouvernemental pour reprendre l’initiative, sur une base de classe cette fois. Le choix de la défaite, encore une fois.

3ème humiliation. Le NFP trouve finalement son point d’équilibre dans une énarque soc-dem aussi engageante qu’un Rapport de la Cour des comptes. La gauche montre son vrai visage, son visage historique, celui de notre dépossession par son personnel technocratique.

4ème humiliation. Toujours convaincu de sa victoire, le NFP se rend à l’Élysée, tête haute, se faire lui aussi humilier par Macron. 25 % pour l’union de la gauche, le centre de gravité de l’électorat est désespérément à droite, mais le NFP crie au vol de sa victoire, nous confinant cette fois à l’impuissance au carré, au ressentiment, plutôt qu’à l’action tirée d’un bilan sincère.

5ème humiliation, à couleur locale, énoncée par le guide suprême de la FI – soit dit en passant : le premier parti de l’histoire de la gauche à n’être organisé qu’autour de son chef, sans motions, ni congrès, ni tendance, ni velléité de démocratie interne. Avis aux démocrates, aux républicains, aux autogestionnaires.
À propos de régions comme le Nord-Pas de Calais, il dit : « Les régions qui ont voté RN n’ont jamais accepté la démocratie et la République. » C’est historiquement faux, sociologiquement méprisant, et politiquement débile : depuis quarante ans, la gauche abandonne le prolétariat, le prolétariat abandonne la gauche. Faudra pas chialer s’il manque deux millions de voix pour vous faire une majorité.
Puis il persiste : « Il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers populaires. Tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps. Ils ne savent même pas parler. » Il n’y aurait, pour le chef de la FI, pas cinq minutes à perdre avec des « obèses » qui « transpirent l’alcool dès le matin ». Pas même le PS ne nous avait insulté comme ça ! Le message est passé, nous ne perdrons pas notre temps avec la FI non plus.

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Ici et maintenant

Aux marges de la gauche, et malgré une radicalité de façade, le groupe L’Offensive pour une « autogestion intégrale » a tenté de présenter une candidate sous étiquette NFP avant de saluer la « belle victoire du NFP », les Soulèvements de la Terre ont milité pour une écologie rassemblée autour du NFP, les Jeunes pour le Climat, le MRAP, la Jeune Garde, Utopia 56, la CGT, la FSU, l’Union communiste libertaire, etc. : tous ont appelé à constituer ce « nouveau front populaire » autour de la FI.

Après avoir été humilié tout l’été, La France Insoumise, le NPA, Extinction Rebellion, les Soulèvements de la Terre, L’Offensive, l’Action Antifasciste np2c, Génération·s, le Parti de Gauche, le MRAP, Survie Nord, OnEstLaTech entendent encore construire un nouveau front électoral, mais paraît-il par en bas. Quant à la Rentrée anarchiste, entre cantines et soirées crêpes, elle n’a rien vu, rien discuté, rien appris, ni des derniers mouvements sociaux, ni de la séquence de l’été.

Qui reste-t-il, à Lille et nationalement, pour construire une force qui ne soit pas la dernière roue du carrosse social-démocrate ? L’éternel cocu de la farce électorale ? L’Assemblée vient de faire tomber le gouvernement, faisons tomber l’Assemblée ! Merde à la recomposition de la gauche ! Merde aux illusions et aux marchands d’illusions !