Depuis le 24 février, les ouvriers et ouvrières de la Redoute du Quai 30 à Wattrelos reprennent le combat contre leurs patrons-voyous. Toute la journée de lundi et jeudi dernier, les camions ont été bloqués empêchant la plateforme logistique de tourner. Cette semaine (en date du 5/03), les blocages se renforcent. Depuis hier, des piquets de grève permanents ont été décidés en AG, même la nuit et ce jusque la fin de la semaine. Une quarantaine de personnes se retrouvent joyeusement derrière des barrages pour cesser le travail, discuter et s’organiser contre leur prochain transfert à la société ID-Logistics.
Créée en 2001, cette entreprise française est devenue un leader de la logistique pour le commerce en ligne, la grande distribution, etc. C’est un gros poisson car elle est cotée en bourse depuis 2012 et en 2021, ID Logistics possède 350 entrepôts répartis dans 17 pays et compte 22 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 1,9 milliards d’euros (1). Mais comme les profits ne sont pas magiques et se font sur le dos des salariés, les conditions de travail dans l’entreprise sont pourries comme souvent dans la logistique. D’ailleurs, des journalistes d’Envoyé Spécial avaient enquêté sur ce sujet en 2021 (2).
Blocage des camions au Quai 30 de Wattrelos, lundi 24 février 2025
Cette restructuration concerne les 322 salariés (hors intérimaires) du Quai 30 et représente un sacré recul social. En effet, ID-Logistics applique la convention de travail du transport, une des plus dégueulasses en termes de conditions de travail et de paie. C’est enfin une remise en cause des conquis sociaux obtenus en 2014-2015 lors de la lutte des syndicats et des redoutables contre la cession du groupe par François-Henri Pinault et la suppression de 1 200 postes (3).
Grâce à la lutte (manifestations, blocages), les ouvrières et ouvriers avaient obtenus une fiducie – un fond d’argent – de 500 millions d’euros de la part d’un des plus grands patrons français notamment pour les primes de licenciements, les départs volontaires et aussi des garanties salariales pour celles et ceux qui restent. Mais ça était aussi de l’argent pour moderniser l’outil de production, en l’occurrence la construction d’un hangar logistique ultra-moderne (le Quai 30 à Wattrelos) avec des machines qui prélèvent les produits. Depuis 2015, le nombre d’ouvriers a continué à baisser et la marque « La Redoute » est passée de main en main entre plusieurs capitalistes. Aujourd’hui, la Redoute appartient au groupe « Galeries Lafayette ».
Or, depuis janvier, la fiducie est terminée. Sur les 500 millions initiaux, il restait 44 millions d’euros qui ont été reversés sur un compte de la Redoute, sachant que le groupe avait déjà un confortable matelas de plus de 200 millions d’euros d’actifs, comme ils disent dans les réunions …Mais voilà, le capitalisme, c’est la crise perpétuelle et les machines n’y font rien : les patrons crient à la baisse du profit. Le Quai 30 ne fonctionne pas à plein régime, 20 000 colis sortent par jour mais l’objectif fixé est de 30 000 colis/jour. Ayant les mains libres avec les accords de 2015, la direction vient donc d’annoncer le nouveau plan social : les ouvriers passent chez ID-Logistics (pas les machines !) pour faire des économies tandis que d’autres marques vont pouvoir installer leurs produits dans l’hangar logistique.
Moment de solidarités et de luttes sur les barrages avec d’anciens/nouveaux redoutables !
Le seul moyen de se faire entendre est le rapport de force ! Les ouvriers et ouvrières le savent bien et se rappellent de l’expérience des Redoutables en 2015 qui avaient réussi à faire bouillir la marmite - au-delà des négociations syndicales qui ne peuvent pas renverser la table. Il faut reconstruire quelque chose en s’appuyant sur les anciennes et les nouvelles solidarités. Cette semaine, les blocages reprennent et se renforcent (voir intro). Il faut encore du monde car pour le moment, un tiers des salariés se mobilisent d’une façon ou d’une autre. Au niveau syndicats, c’est FO et la CGT qui sont présents mais il faut aller au-delà des appartenances et des positionnements syndicaux. La grève reste l’outil unique pour se libérer de l’exploitation du travail et permettre d’avoir du temps pour s’organiser en assemblée générale et lutter de manière déterminée et efficace. Le blocage permet de poser concrètement le rapport de force car celles et ceux qui produisent et font gagner de l’argent, ce ne sont pas les actionnaires, les patrons, les cadres, les publicitaires, etc, etc.
Ensemble, c’est nous qui avons le pouvoir !
Vive la grève, les redoutables ne sont pas morts !
Notes :
1 – Wikipédia
2 - Envoyé spécial » enquête sur le sombre univers des entrepôts de logistique », Ouest-France, 28 janvier 2021
3 – Pour revivre la lutte de 2014-2015, voir : https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2015/05/18/brochure-disponible-sur-la-lutte-a-la-redoute/
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