Communiqué ASAP – 30.03.2025

Peuple debout, tyrans à genoux !

Il y avait de quoi être pessimiste. Le second mandat de Trump promettait des heures sombres, notamment avec son projet assumé de nettoyage ethnique de Gaza. De son côté, Netanyahou se sentait les coudées franches : les bombardements redoublaient, rompant le cessez-le-feu, perpétuant une situation catastrophique pour les Gazaouis, et cherchant à abattre de nouveaux verrous démocratiques. Quant au Hamas, il semblait régner en maître sur la bande de Gaza.

Pourtant, depuis quelques jours, un vent d’espoir souffle. Des milliers de Gazaouis se regroupent et marchent pour protester contre le joug du Hamas à Beit Lahia, Jabaliya et Khan Younès. Quelques jours plus tôt, 100 000 Israéliens et Israéliennes manifestaient contre leur gouvernement à Tel-Aviv, Jérusalem, Haïfa, Beer-Sheva, et ailleurs.

Ces mobilisations rappellent une vérité fondamentale : les peuples ne sont pas monolithiques et ne font pas automatiquement front derrière leurs dirigeants. Si quelqu’un nous disait : « Vous êtes français, donc vous soutenez Macron », nous ririons au nez de notre interlocuteur.

De même, considérer tous les Israéliens comme des cibles légitimes, intrinsèquement complices des crimes de guerre de leur gouvernement, relève de l’essentialisme. Et croire que les Palestiniens et Palestiniennes n’auraient pas droit à l’antiautoritarisme et seraient fatalement condamnés à la théocratie des Frères musulmans relève du paternalisme confinant au racisme. Ce même paternalisme et ce même racisme chers à la droite et à l’extrême droite qui estiment qu’aucun Gazaoui ne serait innocent au titre que les Palestiniens auraient élu le Hamas.

L’idée qu’un « peuple » serait intrinsèquement révolutionnaire ou, au contraire, intrinsèquement colonialiste est inacceptable. Cela n’empêche pourtant pas une partie du mouvement propalestinien de considérer le Hamas, le Hezbollah, les Houthis et le régime iranien comme « la meilleure solution pour les Gazaouis » et de leur apporter un soutien inconditionnel, en minimisant sciemment leurs exactions et leurs projets politiques ouvertement antisémites, réactionnaires, théocratiques, sexistes et LGBTQphobes.

Comment certains anciens camarades ont-ils pu confondre le prolétariat avec ses oppresseurs ? Peut-on vraiment justifier le soutien à des théocrates clientélistes – qui venaient pourtant de commettre une campagne d’assassinats de civils et de viols de masse – au nom de l’unité d’un hypothétique « camp décolonial » ?

Peut-on soutenir les « Factions de la résistance palestinienne » qui qualifient les manifestants anti-Hamas à Gaza de « laquais de l’occupation » devant être « traités en conséquence1 » puis mettent leurs menaces à l’œuvre en enlevant, torturant et exécutant Odai Nasser Saadi al-Rubaidi2 ?

Nous n’avons aucun mot d’ordre à donner aux manifestants de Tel-Aviv ou de Gaza ; d’ici nous ne pouvons que leur affirmer notre profonde solidarité internationaliste. Cette lutte est la leur. Et, comme en Israël, en Turquie ou en Iran, elle prouve qu’en dépit de la guerre extérieure et de la terreur intérieure, les sociétés ne sont pas à genoux devant les gouvernements d’extrême droite.

Nous ne savons pas où mèneront ces mouvements populaires. Peut-être vaincront-ils. Peut-être s’essouffleront-ils. Peut-être déboucheront-ils sur de nouveaux cycles de violence.

Mais une chose est sûre : ils auront démontré que l’extrême droite n’est pas une fatalité.

Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes !

Solidarité internationaliste !

Communiqué des « Factions de la résistance palestinienne » 27 mars 2025
https://x.com/MyPalestine0/status/1905254684983460100