Les poursuites judiciaires dont sont victimes des militants de Calais et le site web Indymedia de Lille doivent retenir notre attention et susciter notre mobilisation.
Les uns et les autres seront jugés le 14 juin à partir de 8h30 au tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer pour avoir diffamé la police et colporter de fausses nouvelles à son propos (chefs d’inculpation approximatifs)
Parmi ces militants inculpés, l’une - Marie-Noëlle Guès - est distinguée par le parquet de Boulogne-sur-Mer, puisque elle l’est deux fois et qu’elle comparaîtra de ce fait le 13 juin à 14h et, avec les autres, le 14 juin. Dans la première affaire, il est reproché à Marie-Noëlle des "outrages à agents", la rédaction de "fausses attestations d’hébergement" au profit de demandeurs d’asile, la "détention d’un faux document" (la carte d’identité d’un exilé qu’elle aidait) et de "port d’arme de sixième catégorie" (une bombe lacrymogène qu’elle porte dans son sac au cas où des xénophobes l’agresseraient dans ses activités incessantes de soutien de jour comme de nuit).
Je ne comprends pas la discrétion qui entoure ces deux affaires éminemment politiques et donc collectives.
1) Politiques parce qu’elles relèvent d’activités de soutien à des étrangers dans un contexte d’arbitraire et de violences policières et judiciaires qui font de Calais (et des autres ports de la Manche et de la Mer du Nord jusqu’à Rotterdam où, après la fermeture du camp de Sangatte en 2002, des "métastases" calaisiennes se sont multipliées) une zone de non-droit digne du plus ordinaire des tiers-mondes. Quelles différences y a-t-il entre la xénophobie institutionnelle qui se déploie là et ce qu’on voit au Sénégal, aux Canaries, au Maroc ou en Algérie ?
2) Politiques et collectives parce que ces poursuites calaisiennes visent à intimider l’ensemble de celles et de ceux qui aident les étrangers, où que ce soit.
Si nous laissions passer ces poursuites sans nous sentir nous-mêmes impliqués, nous exposerions les militants poursuivis à de lourdes peines. Nous nous exposerions ensuite nous-mêmes au même traitement répressif.
Il serait donc irresponsable de plier l’échine devant cette agression de la police et de la justice contre des militants dévoués et honnêtes.
Par leurs conséquences potentielles sur l’ensemble du monde militant, les inculpations de Calais ne peuvent pas être considérées comme des affaires privées qui concerneraient les seules victimes déférées devant la justice, que ces victimes soient ou non d’accord avec cette analyse objective des faits. Nous devons nous emparer de l’affaire dans un souci de défense des libertés publiques en général.
Que faire sur le plan pratique ?
Il est actuellement difficile de répondre à cette question en raison de l’absence de tout réel appel public à la solidarité et au combat.
Il faut néanmoins essayer. Des contacts avec certains avocats des inculpés vont - c’est à espérer - permettre in extremis de proposer très vite des moyens concrets d’expression de soutien. Dès que possible, nous vous les indiquerons via la liste de discussion < exiles10 wTM rezo.net >.
En attendant, il existe une page d’information dans le site d’Indymedia de Lille : http://lille.indymedia.org/
Il est possible de proposer, dans ce site, la publication d’articles en allant à la page http://lille.indymedia.org/spip.php?page=indy-publie-1
C’est une façon de défendre les inculpés, les avocats pouvant ensuite tirer profit du nombre et du contenu des messages ainsi rendus publics. Ces messages, il vous est possible de les envoyer parallèlement à la liste de discussion < exiles10 wTM rezo.net > (si vous le pouvez, avec une copie scannée de l’un de vos documents d’identité - s’il vous plaît, le plus léger possible en termes de poids électronique). Nous les communiquerons aux avocats.
Commençons par là. La suite au prochain numéro...
Jean-Pierre Alaux
militant du Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI) et du Collectif de soutien des exilés