Les sans papiers occupent l’UMP

Pour les sans-papiers, période électorale ne rime pas avec trêve militante. Comme à son habitude, le Comité des Sans-Papiers 59 profite de ce temps où les promesses volent, pour rappeler que leurs revendications n’admettent pas les « peut-être ». Le cycle d’occupation qu’ils ont entamé depuis plusieurs semaines s’est renforcé par une présence aux meetings des différent-e-s candidat-e-s passé-e-s dans la ville. Mais un candidat de première importance manquait encore à l’appel : Nicolas Sarkozy.
C’est donc au local de l’UMP que ce vendredi 30 mars, les sans-papiers ont décidé d’adresser leurs revendications en direction du parti au pouvoir.

Une occupation pacifique

Vers 15h, une soixantaine de personnes, des femmes, des hommes, et des enfants, investissent les lieux, ouverts à l’occasion d’une permanence. Rapidement, les chants habituellement entonnés tous les mercredi soirs Place de la République envahissent les locaux rue Solférino. Des soutiens viennent une cinquantaine en renfort devant les locaux pour reprendre à leur tour des slogans de régularisation.
Rapidement, le dispositif policier se renforce, CRS, Brigade Anti Criminalité, gradés... On a l’impression d’assister à une attaque terroriste. Tout se déroule dans le calme à l’intérieur comme à l’extérieur, même si les « militants » UMP dans le local se montrent particulièrement agressifs envers les camarades occupant-e-s. Comme en témoignent leurs affiches arborant les murs : « Fiers de nos valeurs : Oui à laïcité, non à la burqa », les UMPistes réaffirment leurs positions face à l’injustice des politiques migratoires. Plutôt que d’appeler la préfecture pour exiger le traitement des dossiers de régularisation des occupants, ils auront d’ailleurs préféré rameuter la police.

Un dispositif musclé

Aux alentours de 16h, l’étau se resserre autour des soutiens : route bloquée, flics qui débarquent en masse... En une dizaine de minutes, une vingtaine de bleus en tenue, puis une autre, se placent en ligne face à la foule. Ça sent l’évacuation, il faut laisser un peu de champ pour qu’ils puissent accomplir leur sale besogne dans les locaux, loin des regards. Au nom de la république, les sommations sont rapidement faites, puis laissent place aux gaz lacrymogènes, aux piétinements et coups de matraques...
Dans le local, les sans-papiers sont brutalement expulsé-e-s. Contrôles d’identité pour tout le monde, sept personnes sont arrêtées.
Celles-ci n’ont pour l’instant connu de la préfecture qu’une porte fermée.
De celles et ceux qui ont participé à cette action, on trouve tout de même plusieurs blessé-e-s, dont un qui finira la journée à l’hôpital.

Sans-papiers mais motivé-e-s !

17h, le cortège se dirige vers la Place de la République pour y tenir la traditionnelle assemblée générale de débriefing. Il n’aura pas fallu réfléchir longtemps pour que les militant-e-s décident de manifester leur soutien aux camarades arrêtés. Direction le commissariat central, les bagnoles de flics déboulent dans les rues (au cas où les gens iraient plus vite à pied !)

Jusque tard dans la nuit, sans-papiers et soutiens sont resté-e-s devant le commissariat central scandant leurs slogans afin d’obtenir la libération des victimes de l’État raciste.

Selon les dires, l’UMP aurait porté plainte, et les camarades seraient à ce moment en garde à vue. L’un deux sortira tout de même. Mais ce n’est qu’après avoir reçu un coup de téléphone de l’un des six restant, que nous apprendront que le reste du groupe avait été placé en centre de rétention. Les flics en poste n’auraient-ils pas été mis au courant avant 1h30 du matin ?

Pour la libération des camarades, et la régularisation de tou-te-s les sans-papiers, la lutte continue !


publié le 1er avril 2012

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