Facebook supprime les comptes d’une jeune journaliste et résistante afghane en exil pour un post contre Daesh

Shabnam Salahshoor Herawi a 23 ans. Étudiante en sciences politiques, journaliste dans un média d’Herat, sa ville natale, activiste des droits humains, elle a fui à Kaboul pendant l’avancée des talibans. Lorsque ceux-ci ont envahi la capitale, elle est restée cachée dans un hôtel, tout en refusant de se taire sur les réseaux sociaux.

Des semaines durant, elle a continué à défier le pouvoir taliban à visage découvert malgré le danger imminent et les menaces, en exigeant que les droits des femmes soient respectés, en communiquant sur la répression qui s’abattait sur les journalistes. Elle était à Abbey Gate à l’aéroport de Kaboul le 26 août 2021 lorsque Daech a frappé. Malgré le choc, elle a filmé les scènes terribles après l’attentat, comme elle a filmé les talibans qui frappaient des femmes devant ce même aéroport. Elle a continué à faire son travail d’information.

Cependant, elle n’a pas pu s’échapper fin août. C’est seulement ce samedi 9 octobre, après un mois et demi de résistance sur place, qu’elle a pu enfin arriver en France, suite à des actions collectives et au soutien qu’elle a rencontré notamment en communiquant sur les réseaux sociaux avec des européens et européennes.

Son premier statut public après son arrivée rendait hommage à la mémoire des victimes de l’attentat de la mosquée de Kunduz, attentat revendiqué par Daech.

Et c’est ce statut qui a déclenché la suppression de son compte par Facebook, de son compte Messenger et de son compte Instagram. Nous ignorons les raisons pour lesquelles les algorithmes du réseau se sont trompés sur le sens du message et sur son origine.

Mais les dirigeants de Facebook ne peuvent évacuer leur responsabilités en se réfugiant derrière leurs robots. C’est la liberté d’expression, d’information d’une jeune résistante afghane en exil que Facebook a supprimé. C’est aussi un accès précieux à l’information, un réseau de discussions et de combat transnational pour les droits humains entre Européens et afghans qui a disparu avec son mur.

Que Facebook le veuille ou non, il appartient aussi à ses utilisateurs qui lui donnent sa force, et permettent à l’entreprise de réaliser des profits importants. Que Facebook le reconnaisse ou pas, l’entreprise doit aussi sa renommée à celles et ceux qui mènent des combats pour la liberté et les droits humains dans cet espace virtuel.

Que Facebook le veuille ou non, il appartient aussi à ses utilisateurs qui lui donnent sa force, et permettent à l’entreprise de réaliser des profits importants. Que Facebook le reconnaisse ou pas, l’entreprise doit aussi sa renommée à celles et ceux qui mènent des combats pour la liberté et les droits humains dans cet espace virtuel.
Facebook doit beaucoup aux révolutions pour la démocratie partout dans le monde et aux activistes progressistes.

Et pourtant Facebook sous prétexte de lutter contre la haine en ligne continue à supprimer les comptes des activistes des droits humains et des militantes progressistes de toute la planète, « par erreur », et le plus souvent sans jamais les rétablir ensuite.

Il n’y a pas d’erreur mais une politique du moindre coût, consistant à censurer des contenus au petit bonheur la chance, en prétendant s’attaquer uniquement aux organisations terroristes où à la haine en ligne.

En censurant Shabnam Salahshoor Herawi, Facebook censure une des résistances à l’obscurantisme et aux dictatures les plus actuelles et les plus difficiles.

Ensemble, activistes des droits humains, féministes d’Afghanistan et d’Occident, exigeons le rétablissement immédiat de son profil auprès de Facebook.


publié le 29 octobre 2021

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