Luttes rurales contre la réforme des retraites : Les syndicats aux manettes

Les villes moyennes rurales sont rarement évoquées dans les infos militantes et dans le spectacle médiatisé. Pourtant elles facilitent la compréhension des mécanismes autoritaires en place dans les luttes sociales et mettent en avant les structures bien huilées du pouvoir syndical.

Avantage de la ruralité : tout le monde connaît tout le monde, impossibilité pour les facho(e)s bruns de s’incruster dans des actions militantes sans se faire jeter.

J’ai refusé à trois reprises la carte syndicale offerte sur un plateau ainsi qu’un poste dans la bureaucratie syndicale locale, j’ai copieusement insulté les partis politiques et leurs politicard(e)s, j’ai ouvertement remis en cause le contrôle syndical des manifs en détournant une manif et une autre fois en bloquant la banderole de tête : le SO m’a vigoureusement remise dans leur droit chemin.

Ayant refusé toute affiliation avec les structures militantes autoritaires locales, ceux et celles-ci m’ont menacée de représailles, progressivement isolée en manif, traitée de RG avant de me donner au RG et racontent désormais que suis une pédo(-sataniste).

Voilà donc pour les actes victorieux des fachos rouges.

Le 19 janvier 2023 la manif syndicale réunit ici de 4000 à 5000 manifestant(e)s. Du jamais vu !
Comment faire pour pacifier, gérer, contrôler et surtout empêcher ces trop nombreux manifestant(e)s de revenir ?
Le 18 mars, il(e)s ne sont plus que 400 à 500 !
LE MOUVEMENT EST MORT !

Voici un aperçu de quelques techniques syndicales :

- tirer vers le bas le nombre réel de manifestant(e)s ;

- commencer par des actions tranquilles comme manifestation, tract, pétition, hors du centre-ville et toujours sur le même parcours, toujours le même ennui.
Sans merguez et sono confiée aux coeurs de l’armée rouge !

Puis après le passage du 49.3, radicaliser le mouvement avec des manifs plan plan déplacées en centre-ville à maximum 300/400 personnes, des blocages pendant quelques heures, par exemple de la gare, alors que vraiment très peu de trains circulent en temps normal.

Ce ne sont pas les secteurs-clefs de l’économie locale qui sont définitivement bloqués, mais les secteurs qui permettent de focaliser sur une composante secondaire, comme ici la distribution du courrier une matinée ou comme les poubelles à Paris !

Tout le monde crame les poubelles, au lieu de cramer d’autres trucs !
Tout le monde balance des poubelles, au lieu de balancer des pavés !

La focalisation sur la grève des éboueurs, c’est faire diversion même si les éboueurs sont sincères dans leur lutte ;

- faire jouer les rivalités entre syndicats de l’intersyndicale ;

- écourter une manif, pour diverses raisons comme ici pour des raisons météorologiques ;

- syndicaliser les lycéen(e)s (ici depuis octobre 2022) ;

- appels à manifester les samedis, manifs moins suivies, n’englobent pas d’appels à la grève ;

- le rdv des manifs se fait à la gare, fraîchement rénovée (gentrifiée), parfaitement agencée pour la gestion et le contrôle des foules ;

- faire jouer les vacances scolaires ;

- les manifs organisées ailleurs dans le département sont invisibilisées voire passées sous silence, ou même récupérées, centralisation des manifs ;

- scander des slogans bidon comme « Macron démission ! » ;

En parallèle, le patronat local annonce le 16 février la création de 200 emplois et un investissement de 80 millions d’Euros dans le département. Le même jour l’Association des maires du département donne une conférence qui demande des garanties au gouvernement, le 9 février les élu(e)s locaux annoncent un nouveau plan OPAH en partenariat avec l’État, une ministre vient proclamer le 23 février un plan d’aide à l’installation de commerces dans les villages, etc.

Sans parler des annonces gouvernementales allant dans le même sens.

Arrêtez de faire croire que la révolution est à la porte, que le Grand Soir est arrivé !

Le Zbeul est là, tout défoncer !


publié le 19 mars 2023

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