* Hier, à l’issue de la manifestation lilloise, une bonne soixantaine de chômeurSEs, précaires et étudiantEs pour l’essentiel, ce sont donnés rendez-vous au supermarché champion de Gambetta pour la réjouissante perspective de pratiquer une autoréduction collective.

Il y a déjà un post’ qui relate en transversal de ce qui s’est passé, mais son titre est biaisé puisqu’il s’intitule : "interpellations manif", alors que l’initiative s’est déroulée après la manif et n’avait rien à voir avec elle.

On trouve sur internet des articles relatant des actions similaires (voir notamment http://www.rue89.com/2009/01/01/autoreduction-au-monoprix-pour-redistribuer-partir-sans-payer). Le problème c’est qu’hier tous le monde n’avait pas bien l’air d’être d’accord sur la marche à suivre. Je suis d’accord pour dire que le cours des évènements n’est pas à mettre à la charge des "organisateurs", mais, avec du recul, son déroulement a de quoi irriter. Voler des caddies n’est pas en soit illégitime, ce sont les options stratégiques qu’il s’agit ici de discuter. Il y a eu sur le moment un manque criant de coordination (du fait je pense que pas mal de gens aient été recrutés sur le moment et n’avaient pas pu profiter du briefing nécessaire) et de responsabilisation collective. Mais lorsqu’une action est décidée, les gens qui y participent n’ont pas forcemment envie de se retrouver devant le fait accompli, ni de jouer leur peau à sauve-qui-peut. Les heures de GaV, de TIG et les procédures de comparutions immédiates qui ont été adressées à quelques-unEs ont de quoi vraiment foutre les glande. On voit ici les limites du manque de transparence lorsqu’une action est effectuée : nous ne sommes alors plus des militantEs capables de poser collectivement un discours, mais des petits soldats, suivistes, vulnérable au déroulement des opérations. L’argument des risques de fuites policières ne suffit pas à contrecarrer ce fait.

Hier, la plupart des manifestantEs s’attendaient à ce que l’on négocie avec le directeur. Or, dès lors qu’une partie des protagonistes a choisi l’épreuve de force, difficile pour les autres de faire marche arrière. De même, ceux qui pensaient que nous allions nous inscrire dans une démarche de négociations n’avaient pas pu prendre leurs précautions par rapport au fait de se cacher le visage par exemple etc. Et comme rien de ce qui s’est passé n’était prévu, lorque les flics ont débarqué, c’était sauve qui peut, chacunE pour sa peau... Et que dire de la volonté de redistribution dans laquelle l’action s’inscrivait ? Elle a été pour le moins mise à mal. Tout comme le dialogue avec les vigiles, les caissières et les gens qui passaient. Politiquement, notre action s’est vue ammenuie, même si, sur la forme, sortir des caddies gratuitement, c’est déjà une petite victoire. C’est ce "Yes, we can" qu’il convient d’améliorer.

* A toulouse, une inititative similaire a été mené. Je met en pièce la lettre émise pour l’occasion par les étudiantEs du Mirail.

"La manifestation étudiante organisée dans le cadre de la journée de grève interprofessionnelle, s’est terminée par une action « d’autoréduction », votée en assemblée générale. Le principe de l’action était de bloquer les caisses du magasin en échange de la gratuité d’une certaine quantité de produits. Alors que les manifestant-e-s avait négocié cet accord avec le gérant du Monoprix et que l’action se déroulait dans le calme, la Brigade Anti-Criminalité accompagnée des gardes mobiles ont chargé les 300 manifestants qui bloquaient le magasin. Après une première charge sans sommation pour évacuer les entrées du magasin, où au moins deux manifestantes se sont faite ouvrir le crane par des coups de tonfa, les forces de l’ordre ont tenté de disperser la foule avec des tirs de flash ball et des bombes déflagrantes. Un manifestant a été grievement blessé près de l’oeil par un tir tendu de flash ball. Afin de se protéger de nouvelles charges, les manifestant-e-s ont mis en place des barricades à l’aide de poubelles enflammées. Les affrontements ont duré environ une heure jusqu’à ce les forces de l’ordre réussissent à faire place nette.

En plus des nombreux blessés, deux personnes ont été interpellées. Un rassemblement de soutien, réunissant plus de 200 personnes, s’est donc improvisé devant le commissariat central vers 21h."