Compte rendu de la Manifestation contre l’État d’Urgence à Lille le 30/09/2017

Compte rendu de la Manifestation contre l’État d’Urgence à Lille le 30/09/2017

Les fait sont relativement nouveaux et méritent qu’on se penche sur les détails de cette journée.
Une manifestation était prévue au départ de la place Rihour à 17h, afin de dénoncer publiquement l’état d’urgence permanent et l’opacité des différentes affaires judiciaires mêlant police, justice et militants d’extrême droite Lillois (lire « quand la réalité dépasse la pire des fictions » sur Indymedia Lille).

Tout le monde avait en tête la dernière tentative de mouvement collectif autour de ces affaires, en mai dernier, rapidement réprimée par la police (lire « Crimes fascistes et état d’urgence : un silence infini ? » sur indymedia Lille pour plus d’infos). Les personnes présentes s’attendaient déjà au minimum à un contrôle d’identité…

La journée avait déjà de quoi être chargée, le matin, un rassemblement à 11h était prévu, contre la suppression des contrats aidés. L’après midi, à 14h, le planning familial relayait un appel européen à se rassembler contre la remise en cause généralisée du droit à l’avortement libre et gratuit pour toutes. Enfin, la France insoumise, toujours en quête d’asseoir une légitimité de contestation sociale et de représenter le mouvement de contestation dans son ensemble, appelait à une « casserolade » à 17h.

Dès 15h, la police sous toutes ses formes (DCRI, Commissaire, Bac, Garde Mobile, police nationale, flics en civils divers, police équestre) prend position sur la place Rihour et sillonnent l’ensemble du périmètre. Ils profiteront de la dispersion des personnes présentes au rassemblement du planning familial pour prendre la place et se rendre compte de qui arrivera en avance à la manif de 17h, et ainsi pouvoir, de manière systématique, contrôler toute personnes et tout groupes arrivant sur place ou décidant de rester. Toutes les identités sont ainsi récoltées, les sacs sont systématiquement ouverts et fouillés, les remarques diverses fusent au gré des personnes reconnues, certaines personnes font l’objet de coup de pression individuels.

Nous pouvons compter finalement aux alentours de 18h entre 200 et 300 personnes présentes pour manifester. Un cortège se forme finalement, sous étroit contrôle policier, et prend la direction de la rue nationale. Le dispositif de contrôle, nous disions, est important et humiliant. Les abords du cortège sont encadrés, la circulation est coupée, peu de badauds ont la possibilité de s’approcher et de lire le contenu des tracts et des messages des banderoles. Le cortège assure le minimum, être présent dans la rue, tenter de faire passer le message à travers les tracts distribués et les slogans hurlés, mais la rue est belle et bien tenue par les flics et la préfecture.

La manifestation se rendra sur la rue Solférino, passera par la rue des postes et se dispersera rue Jules Guesde.

Selon nous, plusieurs fait sont marquant donc : il semble qu’il soit désormais établi que la stratégie policière Lilloise soit de tuer dans l’œuf toute tentatives de débordements dans le cadre des manifestations en occupant en amont le terrain de la rue, en contrôlant, en fouillant, en identifiant et intimidant les personnes susceptibles d’y participer.

Plus positivement, nous remarquons néanmoins qu’une initiative autonome de travailler sur ces questions d’état d’urgence et d’obscurité judiciaire est relayée et signée par des organisations syndicales du département. La preuve donc que des liens durables ont pu être crées ces derniers mois (on pense au mouvement contre la loi travail du printemps 2016) entre différents secteurs, professionnels ou non, et que des questions telles que la répression, la violence, le racisme, la précarité, soient traitées de manière transversale et intersectorielle. Saluons donc cet effort et espérons que nous travaillerons en ce sens dans les luttes à venir. La route et longue car il est difficile de mobiliser en masse (rappelons que l’appel à venir à Lille le 30 à été relayé de manière nationale), il faut donc à notre sens continuer à consolider des liens avec différents groupes et organisations, à être présent sur toutes les luttes d’émancipation (le droit des personnes étrangères, ce qu’il se passe à Calais et Lille est notable, l’homophobie policière avec le récent tabassage d’une personne homosexuelle dans le commissariat de Lille sud le soir de la braderie…).

Quelques heures après la manifestation s’est tenu un concert de soutien à la caisse de défense collective Lilloise au récemment ouvert Espace Autonome des 18 Ponts dans le quartier de Moulins (voir communiqué d’ouverture sur Indymédia Lille). A peu près autant de personnes sont venue pour écouter du punk et du rap et terminer sur une note un peu plus entraînante cette journée.

Notons enfin que cette journée se plaçait dans le cadre d’un cycle autour de l’état d’urgence qui avait commencé quelques jours plus tôt avec une rencontre avec des avocats pour un atelier de connaissance et de partage autour de l’aspect juridique à la Bourse du Travail de Fives. Le vendredi 29 se tenait également une écoute collective autour du documentaire audio « Rock Against Police » (disponible gratuitement sur http://rapdocsonores.org) à l’Espace Autonome des 18 ponts. Enfin, une journée de rencontre se tiendra à la fac Lille 3 en présente d’Oreste Scalzone, militant autonome Italien des années 70, le 10 octobre prochain.

Eddy Milan – 03/10/2017


publié le 3 octobre 2017

copyleft Copyleft Indymedia (Independent Média Center). Sauf au cas où un auteur ait formulé un avis contraire, les documents du site sont libres de droits pour la copie, l'impression, l'édition, etc, pour toute publication sur le net ou sur tout autre support, à condition que cette utilisation soit NON COMMERCIALE.
Top