Communiqué par des personnes « du groupe extérieur » après les « incidents » de la manifestation du 9 mars à l’occasion de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes.

Rappel des faits, en cette journée du 9 mars nous sommes les personnes qui avons pris la tête de la manifestation avec une banderole « détruisons le cis-hétéro-patriarcat ». Après avoir été violement matraqué*e*s, gazé*e*s et piétiné*e*s par les flics et non soutenu*es par les organisateur*trices de la manifestation, nous tenions à mettre certaines choses au clair.

• Quel est notre féminisme ?

Notre féminisme est intersectionnel et queer. Il a la volonté de prendre en compte toutes les formes de dominations systémiques. Il ne sert pas à défendre des politiques sécuritaires, racistes, islamophobes, transphobes et putophobes. Nos méthodes d’organisation nous sont propres et nous ne nous permettons pas de juger celles des autres tant qu’elles ne permettent pas de justifier la désolidarisation avec d’autres personnes. Lorsque nous rencontrons des féministes que nous ne connaissons pas, nous sommes contentes de trouver des nou*velles*veaux camarades. Lorsque nous proposons/libérons des espaces, notre but c’est que les personnes s’en emparent. En effet, nous ne sommes pas tous et toutes traité*e*s de la même façon par le système, il est important que les personnes concernées par des problématiques qui leur sont propres soient visibles. Notre féminisme ne s’arrête pas au 8 mars, il est quotidien et il croise d’autres oppressions que nous rencontrons et des solidarités que nous souhaitons mettre en place : validisme, LGBTQI+ phobies, précarité, racisme, grossophobie…

• La banderole

Nous avons, en partie, pris la tête du cortège car la banderole de tête était honteuse. « La journée internationale des femmes ». Même dans nos manifestations, on oublie les mots DROITS et LUTTES.

• Pourquoi nous sommes masqué*e*s :

Si nous sommes masqué*e*s, c’est parce que nous sommes contre la surveillance et le contrôle de l’état. Le fichage par la police permet au gouvernement de savoir qui participe aux manifestations, nous nous refusons à suivre leurs règles. Outre la police, les groupes d’extrême droite ont également pour habitude de prendre des photos des groupes politiques qui ne leur plaisent pas, les féministes en font partie. De plus, nous nous masquons car le climat professionnel dans lequel nous évoluons est hostile aux personnes qui remettent en question son fonctionnement, que ce soit par le syndicalisme ou par l’acte de manifester. Nous nous masquons aussi parce que habillé*e en noir et non-identifiable, nos rapports sont horizontaux, il n’y pas d’individu qui se détache, pas de leader, pas d’étiquette, nous agissons collectivement. De plus en étant masqué*es nous affichons notre soutien aux personnes qui ont leurs raisons de se masquer. Nous tenions aussi à rappeler que parce que nous sommes masqué*e*s nous n’excluons absolument pas les personnes qui ne le sont pas, à nous rejoindre. Se masquer ce n’est pas une agression ou de l’agressivité, c’est gérer son image ensemble.

• Qu’est ce que c’est qu’une manifestation ?

Une manif’ n’est ni un défilé, ni un acte de folklore que nous faisons parce que c’est l’habitude annuelle. C’est un outil de visualisation des luttes nécessaires, permettant à toutes et tous de prendre l’espace. Le pouvoir ne devrait jamais se réjouir de la tenue d’une manifestation, sinon nous devenons leur caution et/ou un instrument pour justifier leurs politiques. Nous estimons que nous n’avons pas à prévenir de notre présence pour participer à une manifestation, ni de nous mettre à une place dans le cortège, qu’on a choisi pour nous. Ce n’est pas parce qu’on organise une manifestation qu’on décide qui va à l’avant du cortège, surtout lorsque c’est une organisation nationale avec une visibilité forte qui se met à l’avant et qui laisse les plus petit collectifs/asso marcher derrière elle.

• La solidarité féministe

Lorsque nous voyons des personnes se faire frapper, gazer et piétiner par des flics, il est nécessaire de réagir, surtout lorsqu’on cri des slogans sur la sororité et qu’on chante « solidarité avec les femmes du monde entier ». Où est la cohérence entre les slogans et les actions ? La police est un outil de maintient de l’ordre d’un système. Le système dans lequel nous sommes est patriarcal, lorsqu’on soutient les agissements de la police, on soutient le patriarcat. La solidarité concrète, ce n’est pas fun, c’est une possible exposition avec des conséquences à assumer. Il y a pleins de manières d’être solidaire, soyons le toutes et tous !
Enfin, comment assumer la désolidarisation avec les camardes Gillet Jaunes femmes qui luttent et qui affirment au quotidien leur place pour grandir ce mouvement ? Cela prouve une déconnexion avec la réalité et les luttes en cours. Ne pas afficher son soutien n’est pas anodin, cela a des conséquences politiques fortes pour ces personnes et le symbole est violent. La responsabilité des flics est évidente, mais lorsqu’on se soumet aux injonctions de la préfecture en termes d’organisation et de planning, on laisse l’état agir et on est également responsable. Préférer être soutenu par les structures étatiques plutôt que par d’autres féministes, tout en donnant une caution féministe à ces mêmes structures qui se retournent contre des camarades, nous semble, à notre sens, incohérent.

Une manifestation est POLITIQUE

Notre féminisme est SUBVERSIF

Nos organisations sont INCLASSABLES

Notre engagement est INCASSABLE

Nos luttes sont INARRÊTABLES

Nos victoires sont INDESTRUCTIBLES


publié le 21 mars 2019

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