Quelques fondamentaux sur l’antifascisme

Ce texte ne s’adresse pas aux personnes dont le scepticisme les fait d’ores et déjà nous classer dans la catégorie des personnes infréquentables. En revanche, celleux de bonne foi qui désirent mieux comprendre notre vision de l’antifascisme trouveront un intérêt dans les lignes qui vont suivre. Les six points ci-dessous nous paraissent importants pour éviter les préjugés, raccourcis ou rumeurs dont un collectif antifasciste comme le nôtre peut parfois faire les frais.

1) La liberté d’expression

S’il n’est pas essentiel (et de toute manière vain) de convaincre le plus grand nombre que nous défendons une certaine liberté d’expression, il est important de dire quelques mots sur cette notion galvaudée. Arriver à penser un court instant que les fascistes seraient fondamentalement pour la liberté d’expression et que les antifascistes qui souhaiteraient les empêcher de s’exprimer seraient contre révèle une grande naïveté. En effet, le projet de société de l’extrême-droite porte en lui-même des propositions liberticides. Et au sein de celui-ci, la place pour la contestation, ou le débat d’idées, n’est sûrement pas plus grande que dans une autre tendance politique. On pourrait alors penser que le problème c’est qu’à force de les ostraciser, on leur offre la possibilité de se victimiser. C’est, de nouveau, une erreur. Les fascistes ne se victimisent pas parce qu’on ne les laisse pas assez parler. Illes se victimisent parce que c’est la stratégie qu’illes ont choisi pour susciter de l’empathie auprès des gens qui n’étaient pas directement convaincus du bienfait de leurs propositions. Ainsi, les laisser s’exprimer c’est leur laisser des espaces de paroles où illes pourront davantage se victimiser, convaincre un plus grand nombre de personnes et ainsi de suite.

[...]

6) Le féminisme et les luttes connexes

Il pourrait être tentant d’éviter la question de la place des autres luttes vis-à-vis de l’antifascisme, par facilité ou par peur de ne pas trouver le positionnement juste et respectueux des sensibilités des un.e.s et des autres. Pour autant, il est crucial de rappeler au plus grand nombre que la lutte contre l’extrême-droite ne peut en aucun cas être séparée d’autres luttes à visée émancipatrice. Nous envisageons notre combat comme une seule entité et non un ensemble d’engagements plus ou moins progressistes qui s’accumuleraient au fil du temps. L’antifascisme n’est pas, pour nous, une lutte « spécialisée » mais une manière d’entrer en résistance contre l’ordre existant et participer à changer la société.

Par conséquent, notre engagement féministe est facile à déterminer : ce n’est pas une lutte que l’on souhaite mener en parallèle de l’antifascisme car elle fait partie de celui-ci. Il est important d’insister sur cette question pour plusieurs raisons. Tout d’abord car l’image trop souvent véhiculée des antifascistes est celles de groupes d’hommes virils et plutôt bagarreurs. Nous nous inscrivons en faux contre ce stéréotype car il n’est pas représentatif de notre mouvement et qu’il s’appuie sur des poncifs sexistes qui tendent à invisibiliser les femmes prenant part à cette lutte. Ensuite, parce qu’il est clair que l’extrême-droite est à l’origine d’attaques contre les droits des femmes et un fidèle chien de garde du patriarcat. Enfin, parce que notre mouvement est aussi traversé, comme à peu près tout les espaces de notre société, par le sexisme. Il convient alors de ne pas mettre d’œillères et de voir en face les possibilités de faire collectivement la critique de nos propres pratiques tout en gardant en tête que la finalité de notre combat est d’ordre politique.

De la même façon, d’autres combats imprègnent notre manière de mener la lutte antifasciste, parfois en la questionnant, toujours en la dynamisant. Les droits des personnes LGBT+, la libération animale, la lutte contre l’islamophobie, la dénonciation des violences policières, le droit au logement ou la place des drogues dans nos milieux et dans la société en général ne sont que quelques exemples des nombreuses questions qui inspirent le mouvement antifasciste en le portant vers de nouveaux horizons critiques et émancipateurs.

Toutes ces raisons nous font dire que l’antifascisme ne doit pas être groupusculaire mais populaire et qu’il ne doit pas être institutionnel mais autonome. Rejoignez la lutte antifasciste !


publié le 10 septembre 2020

copyleft Copyleft Indymedia (Independent Média Center). Sauf au cas où un auteur ait formulé un avis contraire, les documents du site sont libres de droits pour la copie, l'impression, l'édition, etc, pour toute publication sur le net ou sur tout autre support, à condition que cette utilisation soit NON COMMERCIALE.
Top