➡️ Facebook et Instagram l’annoncent officiellement ce 11 mars : il est autorisé d’appeler au meurtre de soldats russes sur leurs réseaux. « À la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, nous avons temporairement autorisé des formes d’expression politique qui violeraient normalement nos règles » a déclaré tranquillement un porte-parole de Meta, le nouveau nom du groupe Facebook. Pourtant, la plateforme censure régulièrement des images « violentes », des vidéos de répression, ou encore des poitrines dénudées. Facebook autorise aussi la glorification, sous condition, d’un groupe nazi. Les « éloges » du « régiment Azov », un groupe paramilitaire ukrainien ouvertement néonazi, seront autorisés. Une « petite exception » selon le porte-parole de Meta qui sera permise si ces « éloges » sont « strictement dans le contexte de la défense de l’Ukraine, ou dans son rôle au sein de la Garde nationale ukrainienne ». Il y a donc les mauvais et les bons nazis.
➡️ Le 2 mars dernier, la chaîne RT, financée par des fonds russes, était interdite dans toute l’Europe, sur décision de la Commission Européenne. Sans vote, sans débat, sans possibilité de contestation, et en un temps record. C’est la guerre, tout est permis. Pour les syndicats de journalistes, cette mesure n’était pas fondée juridiquement et constituait un précédent « inquiétant ». La Commission Européenne, évoque une mesure d’exception car la chaîne RT menacerait « directement et gravement l’ordre et la sécurité publics de l’Union ». Inquiétant. Demain, beaucoup de médias pourraient être accusés de « menacer l’ordre public ». Du reste, RT était dans le collimateur des autorités française car la chaîne a couvert les mobilisations sociales, notamment les Gilets Jaunes, avec un angle moins pro-policier et pro-gouvernemental que les médias classiques.
➡️ En mai 2019, alors que le mouvement des Gilets Jaunes crépitait encore, Mark Zuckerberg était invité par Macron afin « d’élaborer avec le géant américain une stratégie de régulation d’Internet ». Il était notamment question de lutter contre « les contenus haineux ». Dans la foulée, la députée LREM Laetitia Avia annonçait une loi pour supprimer sous 24 heures les « contenus haineux » et punir les « acteurs numériques qui refusent de collaborer avec la justice française ». Ces dernières années, de très nombreux articles contestant la police, dénonçant le gouvernement ou appelant à des actions politiques ont été censurés par Facebook. Des contributeurs ont même été poursuivis. Facebook a également restreint l’audience de nombreuses pages engagées, comme Cerveaux Non Disponibles, Nantes Révoltée, Lille Insurgée…
Derrière le conflit ukrainien ou la gestion du COVID, une guerre de l’information. Les plate-formes capitalistes et les pouvoir en place veulent imposer une seule « vérité » : la leur. Les médias classiques sont déjà inféodés au puissants. À présent, les médias sociaux sont aussi davantage sous contrôle. Leurs propriétaires peuvent autoriser des appels aux meurtre tout en interdisant de simples publications contestataires, selon leur volonté, selon les circonstances sociales ou géopolitiques.