Un militant britannique menacé d’expulsion à Calais

Un de nos camarades a été arrêté jeudi soir, il est retenu au CRA de Lille, et est menacé de déportation vers le Royaume-Uni. Une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) a été délivrée contre cette personne en mars et son titre de séjour de 5 ans a été annulé sans qu’il en soit informé. Il fait aussi l’objet d’une IRTF (Interdiction de Retour sur le Territoire Français), lui interdisant l’accès à l’espace Schengen pour un an. Tout cela avec une base légale douteuse voire inexistante dans le seul but de nous intimider, de criminaliser la lutte à la frontière franco-britannique et de viser le squat de la rue Frédéric Sauvage. Bien qu’interpellé à Calais, il a été transféré au Centre de Rétention de Lesquin (Lille) pour l’éloigner de ses soutiens. Dimanche 1er mai, le Juge de la Liberté et de la Détention a confirmé son maintien en rétention au CRA pour 28 jours. Une décision incompréhensible. L’appel de cette décision a lieu le lundi 2 mai à 14h à la cour d’appel de Douai.

L’État français et ses sbires ne veut pas que des personnes avec papiers soient solidaires de personnes sans-papier.e.s. Ils ne veulent pas que les personnes qui dorment dans la rue à Calais aient un toit au- dessus de leur tête. Ils ne veulent pas que nous vivions, travaillions, cuisinions, mangions, organisions, luttions, jouions, dansions ou rions ensemble car cela fragilise leurs politiques de déshumanisation, de ségrégation et d’invisibilisation a la frontière franco-britannique. Ils ont peur parce que plus de 100 militant.e.s se sont réuni.e.s de toute l’Europe pour ouvrir ce squat, et ils ne veulent pas que nous recommencions. Ils visent ceux.elles d’entre nous qui ont des papiers parce que nous avons la liberté de quitter Calais, ils veulent nous punir pour le travail que nous faisons et faire de nous un exemple. Ils pensent qu’ils peuvent nous faire fuir, mais cette intimidation même nous rappelle les privilèges que nous donne notre passeport européen ; les droits légaux et les protections que nous avons et que nos ami.e.s sans papier.e.s n’ont pas, la certitude que nous ne serons pas renvoyé.e.s dans un endroit où nous ne pouvons pas vivre une vie heureuse, digne et en sécurité.

Les CRA (Centres de Rétention Administrative) et le système de détention en général sont un épicentre de ces politiques violentes et racistes. Ils sont l’une des nombreuses façons dont les frontières entretiennent une menace constante de violence physique et de violence psychologique pour les personnes sans papier.e.s. Notre camarade nous a demandé de faire connaître l’histoire de l’homme avec qui il partage sa cellule, qui vit en France depuis 5 ans et travaille comme coiffeur depuis que sa demande d’asile a été refusée. Il a fait l’objet d’un contrôle d’identité puis a été arrêté un jour alors qu’il se rendait au travail. Il risque maintenant la déportation vers la Guinée Conakry et la vie qu’il s’est construite en France d’être détruite.

La frontière est constituée de barbelés, de prisons et d’avions de surveillance, de contrôles d’identité aléatoires dans la rue ou dans les transports en commun, de passages à tabac par la police, de personnes dormant dans des tentes sous des ponts, et de professionnels instruits dans des bureaux sophistiqués écrivant les lois sur lesquelles repose toute cette injustice. Maintenant, à Calais, nous voyons comment cet arsenal raciste et violent, qui cible généralement les personnes racisées non-Européennes, est utilisé contre des Européen.e.s blanc.he.s pour criminaliser leur solidarité avec les personnes bloquées à la frontière.

Nous ne laisserons pas cela nous intimider alors que nos ami.e.s sans papier.e.s affrontent chaque jour de plein fouet la violence étatique et policière. Nous continuerons d’être solidaires avec les personnes bloquées à la frontière qui risquent leur vie pour une vie digne. Nous continuerons à résister à la frontière, à l’État et à son armée de voyous obéissants. Nous allons ouvrir mille autres squats à Calais et nous n’arrêterons pas tant que toutes les prisons n’auront pas été vidées, les CRA détruits et les frontières démolies brique par brique. Notre amour et notre solidarité vont vers notre camarade retenu au CRA, à toutes les autres personnes là-bas avec lui, et à toutes les personnes en prison à travers la France et le monde.

La solidarité n’est pas un crime.

No Borders, No Nations, Stop Deportations.


publié le 2 mai 2022

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