[Texte distribué lors du rassemblement à la Grande Place de Lille, ce samedi 7 mai 2011]
Début avril, Javier Sicilia, poète mexicain, écrivait une lettre ouverte aux politiques, criminel-le-s et aux citoyen-ne-s, en réaction au meurtre de son fils mais aussi aux nombreuses personnes mortes en raison de la guerre intérieure « contre le narco-traffic » menée au Mexique par le gouvernement fédéral. Cette lettre appelait aussi les citoyen-ne-s à sortir dans la rue le mercredi 6 avril 2011 pour exiger la justice et la paix.
Début mai, différentes manifestations sont annoncées dans tout le Mexique. Elles reprennent ou s’inspirent de cette lettre. Sur la même ligne l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) appelle à des actions de soutien partout au Mexique et de part le monde.
[(« La campagne militaire psychotique de Felipe Calderón Hinojosa, qui a transformé la lutte contre le crime en argument totalitaire pour généraliser, avec préméditation, la peur dans tout le pays, affronte à présent les voix dignes et organisées des familles de victimes de cette guerre.
Ces voix qui surgissent de différents coins de notre pays nous appellent à nous mobiliser et à manifester pour arrêter la folie organisée et désorganisée qui est en train de faucher des vies innocentes, assassinées une deuxième fois quand elles sont appelées par la sottise gouvernementale « tueurs à gages » ou « victimes collatérales . »
Extrait de l’appel du Commandement général de l’EZLN, sous-commandant insurgé Marcos.)]
Par l’organisation de ce rassemblement à Lille le 7 mai 2011 nous répondons à cet appel et tenons à affirmer notre solidarité avec les compagnon-ne-s du Mexique et de l’Autre Campagne qui dans leur(s) lutte(s) doivent faire face à une offensive répressive et sécuritaire acharnée.
Nous voulons aussi dire que la situation Mexicaine n’est pas un cas à part et que nous n’ignorons pas les exactions des autres gouvernements de ce monde. Les évènements qui se déroulent au Mexique suivent une « logique » totalitaire de contrôle des populations, dont l’un des moyens est la diffusion de la peur au sein de celles-ci. L’objectif est la marginalisation et l’anéantissement de toute forme de lutte subversive au profit du maintien du système en place, généralement le capitalisme et un régime faussement démocratique. Les « narco-trafficants » profitent également d’une population opprimée, rendue docile par les coups, laissant ainsi libre champ à leurs actions et enrichissement.
Au Mexique c’est le « narco-traffic » qui est utilisé pour légitimer l’occupation territoriale par l’armée. En France c’est le terrorisme, l’Islam dit « radical », les personnes étrangères et « l’ultra-gauche » qui sont utilisés pour répandre la peur et légitimer le déploiement d’un arsenal toujours plus répressif et totalitaire. Au Mexique, en France et ailleurs, que reste-t-il de notre liberté de lutter dans un territoire quadrillé par la police et l’armée ? Et que reste-t-il de notre liberté de vivre tout court lorsque sous prétexte de nous défendre « d’ennemis » intérieurs ou extérieurs, nous sommes constamment susceptibles d’être surveillé-e-s, contrôlé-e-s, fiché-e-s, brutalisé-e-s et parfois tué-e-s ? Refusons la « logique » sécuritaire, répressive et totalitaire que nous imposent les gouvernements.
Collectif de la Digne Rage – collectifdignerage59@gmail.com