Communiqué de la compagnonne anarchiste Mónica Caballero Sepúlveda depuis la prison de San Miguel, Santiago, territoire occupé par l’état chilien.
Nous nous voyons dans la nécessité urgente de communiquer la situation actuelle que nous traversons de manière répétée et croissante depuis environ un mois, à l’intérieur du module où l’AP nous a placées « Connotacion publica », nous sommes en régime fermé et ségrégué qui, à la différence du reste de la population pénale, impose la surveillance des matonnes pour n’importe quelle démarche que nous devons réaliser à l’intérieur et pour les promenades. Ce régime implique qu’on ne nous autorise pas à sortir en promenade, celle-ci étant d’une heure à peine par jour. Au moment où nous écrivons ces lignes, cela fait plus de 100 heures que nous sommes enfermées en cellule.
Le motif que nous ont donné les matonnes est qu’elles sont trop occupées pour nous ouvrir. Cette situation d’enfermement en cellule n’est plus supportable.
De plus, nous voulons faire connaître une série d’irrégularités qui rendent encore plus précaires les conditions de vie dans la prison. Depuis plus d’un mois nous ne pouvons plus compter sur l’assistance sanitaire d’un-e médecin, nous avons seulement accès à des techniciens à l’infirmerie. S’il y avait besoin d’un-e docteur, on nous dirigerait vers des hôpitaux extérieurs avec toute la bureaucratie que cela implique.
Nous sommes conscientes que des situations de ce genre et même pires sont quotidiennes dans les centres d’extermination du Kapital, mais ce n’est pas une raison pour les banaliser, mais plutôt pour les kombattre.
Notre séjour en prison se veut être un affrontement konstant pour qu’on ne nous prive pas de toute autonomie. Nos paroles resteraient uniquement entre ces quatre murs si elles ne sont pas reprises et ne se transforment pas en actions.
Pour la destruction de toutes les cages !
Mónica Caballero, prisonnière Anarchiste. Mawünhko [eau de pluie en langue Mapundungun]
8 Julio 2022
Quelques mots de la compagnonne anarchiste Mónica Caballero pour Luisa Toledo
La dictature militaire a laissé de grandes et profondes cicatrices chez une partie des habitant-e-s du territoire dominé par l’état chilien, grâce au terrorisme étatique qui s’est efforcé d’écraser toutes celles et ceux susceptibles de faire obstacle à l’instauration du nouveau modèle néolibéral. Ainsi les milliers de prisonnier-e-s, torturé-e-s, assassiné-e-s et disparu-e-s ont connu la face la plus dure de la répression.
La peur et les blessures laissées par les agents de l’état peuvent paralyser n’importe qui, je ne prétends pas juger ou critiquer celles et ceux qui ont opté pour rester à la maison après avoir vécu la torture et/ou la perte et/ou la disparition d’un être aimé. D’autre part, il y a celles et ceux qui, plein-e-s de cicatrices, se sont débarrassé-e-s de la peur et se sont levé-e-s sans victimismes contre le système de terreur et d’oubli. Parmi celles-ci se trouvait Luisa.
Luisa aurait pu rester à vivre son deuil à l’intérieur de son espace plus intime, mais elle a préféré que la mort de ses fils sème la rébellion chez des centaines de jeunes (et pas si jeunes) combattant-e-s.
Je me rappelle aujourd’hui Luisa, pas seulement en tant que mère de Rafael, d’Eduardo et de Pablo qui furent des combattants assassinés par des agents de l’État, je la rappelle aussi parce qu’elle est une partie vivante de l’histoire de beaucoup qui, comme ses fils, ont décidé d’affronter la domination et d’œuvrer à un monde différent.
Ce premier anniversaire de son décès est plein de nostalgie, pour nous qui nous sommes ému-e-s jusqu’à la moelle en l’écoutant, ou qui avons eu le plaisir de recevoir l’une de ses affectueuses accolades. C’est aussi un jour pour nous imprégner un peu de l’immense force et de la résilience qui caractérisaient tant la compagnonne.
En ce mois, je commémore également le départ de l’infatigable Herminia Concha, cette grande femme qui a fait de sa vie un affrontement constant contre l’impérialisme, la prison etc.
Que pour nos grand-mères ce ne soient pas des bougies qui s’allument, mais des flammes insurgées !
Mónica Caballero Sepúlveda.
Prisonnière Anarchiste.
Juillet 2022
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