RESEAU EDUCATION SANS FRONTIERES
NORD PAS DE CALAIS
Lille, le 28 mai 2006
COMMUNIQUE
Le Réseau Education Sans Frontière a été alerté sur la situation de M. Juhière MAKUNDI, de nationalité congolaise, né le 26/02/1988 à Kisangani, scolarisé au Lycée Professionnel Duhamel de Loos, arrêté le lundi 22 mai dernier à Lille. Il est actuellement placé au centre de rétention de Lesquin en vue de son expulsion.
A ce que nous savons par l’intéressé lui même, Juhière a fait une demande d’asile politique auprès de l’OFPRA. Sa demande a été refusée pour la raison suivante : une autre demande d’asile politique a été faite en Suède. Dans le cadre de cette demande en Suède, une autre identité a été donnée. Une nouvelle fois la situation de Juhière vient rappeler que de jeunes mineurs contraints de fuir dans l’urgence leur pays se retrouvent dans des situations dramatiques et traumatisantes et en prise à des « fillières ». Ceci les ammènent pour de multiples raisons, mais avant tout par peur, méconnaissance, isolement et détresse, à « maquiller » la réalité sous influence, voir à laisser, parce que complètement démunis, agir à leur place d’autres personnes.
Victime de cela, Juhière, comme beaucoup d’autres, le devient doublement par la suite. Sous prétexte de ces faits, l’Etat français, arc bouté sur sa politique de chasse aux sans papiers, et plus particulièrement les jeunes, les enfants, les familles en cette période (rappelons la circulaire Sarkozy du 31 octobre 2005 qui déclare la chasse à l’enfant dès l’été venu !) lui dénie tout droit.
Arrivé en France en tant que mineur isolé, maintenant jeune majeur, Juhière réside en foyer, bénéficie de l’allocation pour jeune majeur (APJM) et poursuit avec un grand sérieux ses études.
Voici le récit qu’il nous a fait des raisons qui l’ont poussé à fuir son pays :
« La famille de Juhière est de l’ethnie Tutsi, de la tribu Bonyabwisha de la région du Kivu. Ses parents nés à Goma au Kivu ont du fuir cette ville, suite à des persécutions à l’encontre du peuple Bonyabwisha, pour se réfugier à Kinsangani où est né Juhière. Ses parents étaient membres actifs de l’USIK (Union Sacrée pour l’Indépendance du Kivu), parti politique qui s’est constitué à partir de 1997 et de l’arrivée de Kabila au pouvoir, alors qu’une forte répression s’est abattue sur les défenseurs de la région du Kivu. Le père de Juhière était Secrétaire exécutif chargé de la propagande sur la région de Kisangani. Sa mère en était simple membre. En 2004 ses parents furent abattus lors d’une distribution du journal « Libération » de leur organisation, sur un marché. Juhière, fut arrêté et mis en détention avant d’être enrôlé dans une formation militaire. Il s’est alors enfui et aidé par un ami de ses parents, a rejoint l’Europe via l’Angola et Dakar au Sénégal. Arrivé dans un premier temps en Suède, où il a déposé une demande d’asile, demande faite par des relations nous a-t-il dit, il est arrivé ensuite en France. ».
L’ONU a reconnu que 4 à 5 millions de personnes seraient mortes du fait du conflit qui sévit au Congo, et plus particulièrement dans cette région d’où est originaire Juhière.
C’est pourquoi nous demandons de libérer cet élève afin qu’il puisse terminer sa scolarité et permettre qu’un dossier en bonne et due forme soit établi pour organiser sa défense.
Juhière passe ce lundi 29 mai 2006
au tribunal Administratif de Lille, 143 rue Jacquemars Giellée,
à partir de 9H30.
Nous serons là pour manifester et exiger sa libération.
RESF 59-62 s/c FSU - Halles aux sucres - 28, rue Archives - 59800 LILLE
mail : RESF59 62@wanadoo.fr
( CNT-SSEC, CSP59, FCPE, FERC-CGT, FSU, LDH, MRAP, SUD Education, SUD Santé-Sociaux, Syndicat des Avocats de France, UNSA Education, … et des individus )